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Menaces, intimidations, attaques et tentatives d’enlèvement contre la dirigeante Lolita Chavez Ixcaquic du Conseil des Peuples K’iche’s (CPK), Guatemala

Montréal, le 20 janvier 2015

Menaces, intimidations, attaques et tentatives d’enlèvement contre la dirigeante Lolita Chavez Ixcaquic du Conseil des Peuples K’iche’s (CPK), Guatemala

Messieurs,

Le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), un organisme canadien qui, depuis 1976, est responsable de la surveillance de la situation des Droits Humains à travers l’Amérique latine, est préoccupé par l’intégrité physique de Lolita Chavez. Celle-ci a été l’objet de menaces, d’intimidations, d’attaques et de tentatives d’enlèvement de la part de fonctionnaires gouvernementaux, d’autorités policières et d’inconnus afin de la dissuader à continuer son travail de militante pour la défense du territoire et de ses ressources.

Le 7 novembre 2005, suite aux faits mentionnés ci-dessus, la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH) a accordé des mesures de protection à Lolita Chavez afin de protéger son intégrité physique. Après une tentative d’annulation de ses mesures en juin 2013, le 7 janvier de cette année, les autorités guatémaltèques ont finalement pris la décision arbitraire d’enlever l’escorte policière dont bénéficiait Lolita Chavez Ixcaqui.

 

Cette décision met en danger direct cette dirigeante ainsi que tous les membres du Conseil des Peuples K´iche´s (CPK), mettant en évidence la volonté des autorités gouvernementales de faire obstacle au libre exercice de la défense des droits humains, de la liberté d’expression et du mouvement social des communautés Mayas au Guatemala

Historique

  1. Le 4 juillet 2014, vers 16h00, Lolita Chávez a été attaquée par des hommes armés alors qu’elle et un groupe de personnes retournaient au chef-lieu départemental du Quiché suite à une manifestation pacifique. L’attaque a eu lieu près de la communauté Xetinap Quinto, à La Laguna, où des membres du CPK ont été pris en embuscade par des hommes armés qui ont attaqué la communauté avec des bâtons, des machettes et des couteaux, blessant quatre femmes. Ces dernières ont raconté que les attaquants exigeaient en criant qu’on leur signale qui était Lolita Chávez. La dirigeante communautaire s’en est sortie saine et sauve.

 

  1. En arrivant sur les lieux, les policiers ont continué l’intimidation envers la population qui a fui vers les montagnes pour éviter d’être agressée de nouveau. Elle avait préalablement reçu des menaces de la part du maire de la ville, qui, accompagné de membres de l’armée, s’est présenté dans des communautés comme Xetinap afin de menacer les membres du CPK qui s’opposaient aux divers projets extractifs et électriques.

 

  1. Ce n’est pas la première fois que le CPK est victime de persécution. Ils ont, par le passé, été harcelés par des mandats d’arrêt en contre de leurs dirigeants et le 12 juin 2014, deux hommes ont assassiné José Tavico Tzunun, dans la communauté Sibaca III de la municipalité de Santa Cruz del Quiché.

Face à ces faits alarmants et indigné par les agressions perpétrées par le gouvernement contre le CPK, le CDHAL (Comité pour les droits humains en Amérique latine) exige du gouvernement du Guatemala:

  1. L’adoption de manière immédiate des mesures les plus adéquates afin de garantir la sécurité et l’intégrité physique et morale de Lolita Chavez et des membres du CPK, conformément à l’article 5 de la Convention Interaméricaine des Droits Humains qui établit que “Toute personne a droit au respect de son intégrité physique, psychique et morale” et dans le respect de l’obligation de l’État de protéger les droits et les libertés de ses citoyens.

 

  1. Le respect du droit à la liberté d’expression et à la mobilisation des dirigeants des communautés Mayas, qui ne font qu’exercer leur droit démocratique d’être en désaccord avec les politiques appliquées par des fonctionnaires du gouvernement local et national au détriment du bien-être des communautés Mayas.

 

  1. La réalisation d’une enquête indépendante, immédiate, exhaustive et impartiale sur la persécution et le harcèlement des membres du CPK, afin d’identifier les responsables, de les juger devant un tribunal compétent, indépendant, juste et impartial, qui leur appliquera les sanctions pénales et/ou administratives prévues par la loi.

 

  1. La garantie de mettre fin à tout type d’agression, de harcèlement et de violence à l’encontre de Lolita Chavez et des autres membres du CPK; dans le respect de la liberté d’opinion et d’expression, les membres du Conseil ne peuvent pas être harcelés à cause de leurs activités et l’État doit garantir et protéger cette liberté. De plus, cette liberté est ratifiée dans l’article 10 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques 1966, qui statue que :”Toute personne à droit à la liberté d’expression”, tout comme dans l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits Humains ainsi que dans l’article 6 de la Constitution Politique des États-Unis du Mexique, qui la définit comme une liberté essentielle à la démocratie.

 

  1. La garantie qu’il appliquera les dispositions de la Déclaration sur les Défenseurs des Droits humains, adoptée par l’Assemblée Générale de l’ONU le 9 décembre 1998, en particulier en ce qui a trait à la protection du droit de toute personne « individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international. (Art.1) » ainsi que celui relatif au devoir de l’État de garantir « la protection de toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration » (Art.12.2)

Nous attribuons la responsabilité à l’État du Guatemala et à ses plus hauts fonctionnaires, commençant par le Président Otto Pérez et le Ministre de l’Intérieur de toute agression, attentat, persécution, enlèvement, torture et assassinat de n’importe quel membre ou dirigeant du Conseil de peuples K’iche’s (CPK).

Le Comité pour les droits humains en Amérique latine-CDHAL vous remercie de nous tenir informés des mesures qui seront prises afin de régler la situation et d’assurer l’intégrité des membres de cette organisation.

 

Recevez nos salutations distinguées,

 

Comité pour les droits humains en Amerique Latine (CDHAL)

Montréal – Québec