HomeCommuniquéAgression à des membres du Consejo Indigena Popular-Ricardo Flores Magón

Agression à des membres du Consejo Indigena Popular-Ricardo Flores Magón

Montréal, 24 juin 2015

Le Comité pour les droits humains en Amérique Latine (CDHAL) est un organisme canadien qui, depuis 1976, s’occupe de veiller à la situation des Droits Humains en Amérique Latine. Nous appuyons les mouvements sociaux et les groupes de base en diffusant de l’information sur la situation sociopolitique, économique et environnementale et en dénonçant publiquement le non-respect des Droits Humains par les États et/ou entreprises.

Face aux récents évènements de criminalisation de la protestation, de persécution et de harcèlement aux organisations sociales de l’État de Oaxaca, au Mexique, nous émettons ce communiqué afin de dénoncer les récentes agressions du 22 juin dernier, dont ont été victimes les membres du Consejo Indígena Popular de Oaxaca, Ricardo Flores Magón (CIPO-RFM).

Depuis 2005, l’organisation a été la cible de harcèlement, d’intimidation et de menaces qui ont mené à la détention arbitraire, à l’exil et au déplacement forcé de plusieurs de ses membres. En 2013, suite à une augmentation du harcèlement et des menaces, la Défensoria des droits humains du peuple de Oaxaca a ordonné des mesures provisoires, de numéro d’identification DDHPO/1614/(01)/OAX2014. Dans ces mesures provisoires, on fait appel au gouvernement de Gabino Cué Monteagudo afin qu’il protège et garantisse l’intégrité physique et l’exercice de leur travail aux membres du Consejo Indígena Popular de Oaxaca, plus particulièrement à Miguel Cruz Moreno, un des dirigeants de l’organisation ainsi qu’à sa famille.

Malgré l’augmentation des menaces et les recommandations significatives de mesures provisoires émises par la Défensoria, le gouvernement de Oaxaca n’a pas montré de sensibilité ni de volonté politique quant à ces évènements. Plus récemment, le 22 juin dernier, des menaces et des intimidations ont, de nouveau, été perprétrés contre des membres du CIPO-RFM.

Les faits

Le 22 juin dernier, des membres du CIPO-RFM ont répondu à l’appel à une manifestation de plusieurs organisations afin d’exiger la libération immédiate des prisonniers politiques du 7 juin 2015, journée électorale. Une fois terminé le calendrier de la journée, planifié par l’organisation, le compagnon Juan Carlos Leyva, l’accompagnant de Miguel Cruz Moreno, est retourné vers son domicile. Lorsqu’il y est arrivé, deux personnes l’ont agressé à coups de poing et de pieds tout en lui disant de : se retirer du CIPO-RFM, lui demandant ce qu’il cherchait et en lui disant que s’il restait à l’organisation, ils allaient le lui faire payer, pour finalement le menacer directement en lui disant de partir du CIPO et en lui demandant « pourquoi il protégeait le maudit noir ».

Face à ses avertissements, il est évident, à nos yeux, que l’intention était de faire taire et d’intimider le compagnon Miguel Cruz Moreno, sa famille et les autres membres de l’organisation. De plus, ces nouveaux évènements viennent démontrer le manque de sensibilité de la part du gouvernement de l’État de Oaxaca ainsi que l’absence de garantie de protection en ce qui a trait aux droits humains. Lors des tables de négociation quant aux mesures provisoires, le gouvernement se rétracte souvent des accords qu’il a pris et empêche l’instauration de mesures provisoires significatives, ce qui laisse croire que le même gouvernement d’État est en train de protéger les agresseurs.

Nous exigeons, de façon urgente, du gouvernement d’État dirigé par Gabino Cué Monteagudo :

-qu’il cesse de simuler et qu’il applique des mesures provisoires qui garantissent la vie et la sécurité des défenseur.e.s des droits humains,

-qu’il fasse une enquête immédiate et approfondie afin de trouver les responsables matériels et intellectuels des menaces, du harcèlement et de l’intimidation et,

-qu’il fasse une déclaration publique où les faits mentionnés antérieurement soit reconnus, et qu’il forme un groupe de travail afin de donner une attention immédiate à cette situation d’agression.

Par le fait même, nous exigeons :

1. L’arrêt de la criminalisation de la protestation.

2. La liberté aux prisonniers politiques.

3. Des mesures afin de faciliter le retour des exilié.e.s.

4. La démilitarisation de l’État de Oaxaca

5. Le retrait des forces fédérales et de la gendarmerie nationale de Oaxaca.

Nous accusons le gouvernement d’État de Oaxaca et le gouvernement fédéral présidé par Enrique Peña Nieto de l’agression subie par les compagnons du CIPO-RFM et les responsabilisons de ce qui pourrait arriver au compagnon Miguel Cruz Moreno, à sa famille et aux membres de l’organisation.

Comité pour les droits humains en Amérique Latine (CDHAL)

Montréal-Québec-Canada