Communiqué de presse lu lors d’une conférence de presse sur le cas de Mariano Abarca dans la ville de Tuxtla Gutíerrez
Il y a 10 ans Mariano Abarca s’est rendu à l’ambassade du Canada pour dénoncer le harcèlement de la société minière Black Fire aux communautés du Chiapas. La réponse était son emprisonnement et son homicide subséquent. Une décennie plus tard, la famille Abarca continue de faire appel devant les tribunaux du Mexique et du Canada pour demander justice.
Mariano Abarca Roblero fut un précurseur dans la lutte pour la conservation de l’environnement, alors qu’au Chiapas l’avancement du modèle d’extraction minière commençait. La société minière canadienne Black Fire est entré dans l’ejido Grecia, dans la municipalité de Chicomuselo, pour extraire de la baryte. Black Fire a essayé de tromper et de maîtriser la population tout en polluant leurs rivières et leurs terres.
Mariano Abarca Roblero, membre du Réseau mexicain des personnes affectées par l’exploitation minière (REMA) au Chiapas, a dirigé les manifestations contre le projet minier. La réponse à sa lutte a été le harcèlement et les menaces. Le 22 juillet 2009, Mariano Abarca s’est rendu à l’ambassade canadienne à Mexico pour dénoncer les menaces et les risques qui pèsent sur sa vie et sur les autres personnes qui habitaient à Chicomuselo impliquées dans le processus de défense du territoire et de l’environnement.
Remarques de Mariano Abarca à l’ambassade du Canada:
« La société minière utilise ses travailleurs comme des groupes de choc pour repousser notre résistance. Lorsque les travailleurs, qui atteignent à peine 40 personnes, sont arrivé en Grecia, ils ont dit qu’ils allaient créer de l’emploi pour tous, ce qui est faux. Ils ont là 20 travaux publics qu’ils n’ont pas encore terminés. En plus, ils détruisent l’infrastructure du centre municipal. Nous ne sommes pas ici pour ce problème d’infrastructure, mais pour la pollution que le projet cause à l’environnement dans notre municipalité, située dans une importante chaîne de montagnes, la Sierra Madre de Chiapas. Et comme le projet touche la Sierra Madre de Chiapas, tout dans l’état va être sérieusement affecté, principalement à cause des rivières qui se jettent dans l’état de Tuxtla Gutiérrez, passant par la Villa Hermosa et coulant dans le golfe du Mexique. Et donc, la société est déjà en train de faire des ravages, en plus de quelques menaces contre ceux et celles d’entre nous qui font partir du mouvement. Nous pensons qu’il n’est vraiment pas juste que cette société étrangère menace notre peuple, génère un conflit au sein de notre peuple et porte les richesses dans un autre pays. »
La réponse à la déclaration de préoccupation de Mariano aux bureaux de l’ambassade du Canada à Mexico a été son emprisonnement le 17 août 2009. Blackfire l’accusait de crimes d’attaques contre la paix et d’intégrité corporelle et patrimoniale du collectif et de l’État, association criminelle, crime organisé et attaque sur les routes.
Le manque de preuves et la solidarité nationale et internationale ont conduit à la libération de Mariano Abarca Roblero le 24 août 2009. Cependant, les menaces ont continué. Le 23 novembre, Mariano a déposé une plainte auprès de la police, affirmant que deux employés de Blackfire avaient menacé de le tuer. Le 27 novembre 2009, Mariano Abarca a été assassiné.
La famille et les organisations qui les accompagnent demandent depuis dix ans que les coupables de son meurtre fassent l’objet d’une enquête, qu’ils soient détenus et que l’ambassade du Canada à Mexico assume sa responsabilité d’avoir protégé l’entreprise qui violait les droits humains des habitant.e.s de Chicomuselo, ce qui a mis la vie de Mariano en danger jusqu’à son assassinat.
Le 6 février 2018, la famille de Mariano a déposé une plainte auprès du Commissariat à l’intégrité du secteur public du Canada, dans laquelle elle demandait une enquête sur les actions et les omissions de l’ambassade canadienne au Mexique. Cette demande a été refusée et la famille a ensuite présenté un appel devant la Cour fédérale du Canada. L’appel à la Cour fédérale du Canada a également été rejeté, mais le tribunal a admis que si l’ambassade avait agi d’une certaine manière, Mariano pourrait encore être en vie.
Nous continuons à chercher justice pour Mariano Abarca. Nous poursuivons notre quête de justice afin qu’aucune autre personne ne soit assassinée au Chiapas, au Mexique et en Amérique latine à la suite de la lutte pour la préservation de l’environnement.
Nous demandons justice et la fin de la criminalisation des défenseur.e.s de l’environnement et le respect de leurs droits humains!
19 août 2019, San Cristóbal de las Casas, Chiapas, Mexique
Photo : Otros Mundos Chiapas
Sources : Famille de Mariano Abarca – Otros Mundos Chiapas – Red Mexicana de Afectados por la Minería (REMA) – Universidad Autónoma de Chiapas Facultad de Derecho – MiningWatch Canada