Publié par Kiley Price, Agence Tierra Viva, le 17 février 2025
Le président des États-Unis Donald Trump a publié des décrets qui pourraient soutenir l’industrie des combustibles fossiles, malgré les pertes croissantes causées par la crise climatique. Des inquiétudes concernant l’approvisionnement des entreprises technologiques qui ont besoin d’énergie pour l’intelligence artificielle et des revers environnementaux à l’impact international.
À peine a-t-il assumé son second mandat de président des États-Unis que Donald Trump a signé plus de vingt décrets couvrant presque tous les aspects de la politique des États-Unis, de l’immigration à la sécurité nationale.
Plusieurs de ces directives ont de profondes implications sur la question climatique, promettant non seulement d’intensifier encore la production de pétrole et de gaz, mais aussi de réduire les efforts de réduction des émissions colossales de gaz à effet de serre du pays. Bien que des mesures juridiques et législatives puissent être prises pour empêcher leur mise en œuvre, les experts estiment que les décrets annoncés par Trump marquent un net recul par rapport aux progrès réalisés en matière de politique climatique sous l’administration Biden.
« Urgence énergétique ».
Lors de la cérémonie d’investiture, M. Trump s’est adressé à un public composé de politiciens, de magnats de la technologie et de célébrités. Il a fait une promesse : « L’âge d’or de l’Amérique commence maintenant ». Et quel est le plan pour inaugurer cette ère ? En grande partie, continuer à extraire ce qu’il appelle « l’or liquide » qui se trouve sous terre : le gaz et le pétrole.
« Drill, baby, drill, drill », a harangué M. Trump. Et il a promis : « L’Amérique sera à nouveau un pays producteur, et nous avons quelque chose que les autres pays industrialisés n’auront jamais : la plus grande quantité de pétrole et de gaz au monde. Et nous allons l’utiliser. »
Lors de son discours, M. Trump a déclaré une « urgence énergétique nationale ». Il s’agit d’une mesure jamais prise auparavant par un président des États-Unis. Bien que son équipe n’ait pas encore donné de détails sur ce que cela impliquerait réellement, comme le rapporte NPR. Trump affirme que l’objectif de son administration est de réduire les coûts de l’énergie pour les habitants et d’assurer la « domination » du secteur. Cependant, comme le souligne le New York Times, la production de pétrole aux États-Unis a atteint un pic historique en 2024. La même année, les prix du gaz naturel ont atteint la moyenne annuelle la plus basse jamais enregistrée, corrigée de l’inflation.
« Vous ne comprenez pas quelle est l’urgence », explique Michael Gerrard, directeur du Sabin Center for Climate Change Law à l’université de Columbia, dans l’article du New York Times. « Les États-Unis produisent plus de pétrole et de gaz que jamais auparavant, plus que n’importe quel autre pays au monde. Nous ne connaissons pas de perturbations massives dans l’approvisionnement en gaz ou en électricité ». Pour Gerrard, la signature de l’ordonnance d’urgence est « fondamentalement un acte ».
Lors d’une récente audition au Sénat, Doug Burgum, le nouveau ministre de l’intérieur choisi par Trump, a souligné qu’il existait des doutes quant à la capacité du système d’approvisionnement en électricité des États-Unis face à la demande croissante des entreprises technologiques pour alimenter leurs centres de données d’intelligence artificielle. « L’électricité a atteint une limite. Notre réseau électrique a atteint un point où il pourrait devenir complètement instable », a-t-il déclaré. « Dès maintenant, nous devons nous efforcer d’accélérer les réformes et les autorisations dont nous avons besoin. »
Conséquences mondiales
Plusieurs de ces décrets visent les politiques climatiques de l’administration Biden. Le texte de l’un de ces décrets stipule que « l’extrémisme climatique a fait grimper l’inflation et a surchargé les entreprises de réglementations ». Cependant, de nombreuses recherches indiquent que c’est le changement climatique qui exacerbe l’inflation.
En plus de déclarer l’urgence, Trump a signé d’autres décrets relatifs à l’énergie, notamment des directives visant à stopper l’approbation de nouveaux parcs éoliens dans les eaux sous juridiction fédérale et peut-être aussi sur le continent, à retirer le soutien fédéral aux ventes de voitures électriques et à relancer le processus d’approbation de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié, qui avait été suspendu en 2024 par l’administration Biden.
Ces décrets se heurteront encore à des obstacles juridiques potentiels liés à l’action des juges ou à des obstacles au Congrès, qui pourraient refuser les fonds nécessaires et limiter la mise en œuvre des politiques énergétiques de M. Trump. Toutefois, le Congrès est désormais entre les mains des Républicains.
Alors que les entreprises de combustibles fossiles se réjouissent des mesures prises par M. Trump, les écologistes s’élèvent contre sa proposition d’accroître la production de pétrole et de gaz, deux des principaux moteurs du réchauffement climatique. L’année dernière a été la plus chaude jamais enregistrée.
Manish Bapna, président-directeur général du Conseil de défense des ressources naturelles, a expliqué dans un communiqué : « Il n’y a pas d’urgence énergétique : il y a une urgence climatique. »
L’avalanche de décrets signés par M. Trump s’étend également à la politique internationale. Le président a annoncé que les États-Unis se retireraient de l’Organisation mondiale de la santé et (à nouveau) de l’Accord de Paris. Il a déclaré que le traité sur le changement climatique était « une arnaque injuste et unilatérale ».
Bien que le retrait de l’Accord de Paris n’ait lieu que dans un an, les experts estiment que cette décision pourrait inciter les dirigeants d’autres pays à abandonner les objectifs climatiques, une tendance que ma collègue Marianne Lavelle a analysée après la victoire de Trump en novembre. Ce changement pur et simple intervient alors que les catastrophes climatiques s’aggravent dans le monde entier, notamment les incendies de forêt qui ont frappé l’État de Californie.
