Nouvelles générales – Enjeux
Écrit par Jean-Michel Nahas
Vendredi, 07 mai 2010 14:21
C’est pour empêcher Hydro-Québec d’installer des pancartes «terrain privé» sur leurs territoires de chasse que les Innus de Uashat et de Mani-Utenam, sur la Côte-Nord, affirment avoir déposé en cour ce matin une requête visant à stopper le projet hydroélectrique de la rivière Romaine.
La requête en injonction interlocutoire sera entendue devant les tribunaux le 6 juillet. L’action juridique des Innus des environs de Sept-Îles vise à interrompre l’aménagement des lignes de transport qui relieront le complexe hydroélectrique de la Romaine aux autres installations de la société d’État.
«On essaie de se défendre, parce que quand on demande à parler à Hydro-Québec, on n’a pas de retour et ça traîne», affirme Georges-Ernest Grégoire, chef de cette communauté amérindienne, qui compte environ 4000 membres.
Demande ignorée par le BAPE
Lorsque le projet a été élaboré, en 2008, les Innus avaient demandé au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) de se pencher sur le tracé des lignes de transport qui devaient traverser des territoires autochtones.
L’organisme n’a pas donné suite à l’exigence des Innus. Le développement de ces infrastructures viole les droits constitutionnels autochtones, estime le conseil de bande.
La rivière La Romaine. Photos d’archives«Ces territoires doivent être protégés, a martelé le chef Grégoire. On ne veut pas voir d’autres affiches interdit de passer. Ces terres nous appartiennent même si nous n’avons jamais mis de pancartes du genre pour le spécifier.»
D’autres actions à prévoir
Hydro-Québec a déjà offert quatre millions à la communauté, mais ce montant n’offre pas entière réparation pour le tort causé aux forêts de ce secteur, soutiennent les Innus. Ces derniers n’entendent d’ailleurs pas en rester là.
«Je ne veux pas dévoiler ce qu’on a en tête, mais nous allons travailler avec nos avocats et la communauté décidera des actions à poser», a dit Georges-Ernest Grégoire.
La construction du complexe de la Romaine a débuté l’an dernier. Elle doit être complétée en 2020. Québec prévoit que le projet générera des retombées économiques de 3,5 milliards dans la province, dont 1,3 milliard dans la région de la Côte-Nord.