Depuis début mars, la communauté de Alvaro Obregon se situant dans la municipalité de Juchitan de Zaragoza vit un climat de violence et de tension après que des attaques, des menaces et des diffamations ont été perpétrées contre les membres de la Asamblea de los Pueblos Indígenas del Istmo de Tehuantepec en Defensa de la Tierra y el Territorio. Ces attaques s’ajoutent à la persécution des défenseurs des droits humains qui se battent contre le mégaprojet éolien qui souhaite s’installer sur leur territoire.
Le 2 mars dernier, des affrontements ont eu lieu sur la place centrale du village où se déroulait l’Assemblée générale Communautaire d’Álvaro Obregón.
En début d’après midi, un groupe de personnes, lié au président municipal de Juchitán, Saúl Vicente Vázquez, ainsi qu’à des leaders locaux du PRI et de la COCEI, ont attaqué les personnes présentes sur la place en les frappant avec des bâtons, leur lançant des pierres et tirant des coups de feu. Ils ont tenté de prendre de force l’agence municipale mais les gens se trouvant à l’assemblée communautaire ont réussi à repousser l’attaque avec pour solde plusieurs personnes blessées. Plus tard dans l’après midi, ils ont tenté d’enlever le fils du commandant de la police communautaire et de mettre le feu à sa maison.
Le jour précédent l’attaque, cinq agents politiques de la COCEI et du président municipal de Juchitán, s’étaient rendus dans la maison d’un des présumés candidats à la charge d’agent municipal du village pour tenter de corrompre les personnes en échange de cartes de votes afin que soit nommée une nouvelle autorité liée aux partis politiques.
Depuis, de nombreuses attaques ont été perpétrées contre les membres des communautés. Certaines maisons ont été la cible de jets de pierres, et parfois brulées. Certaines personnes ont été blessées lors de ces attaques, dont une personne âgée.
Des tentatives de meurtres ou des attaques ont lieu partout dans la région, le plus souvent contre des membres de la police communautaire et de l’assemblée, parfois en pleine rue.
Les médecins de la consultation externe rurale de la communauté ont fermé le local sur ordre de leurs chefs et ont retiré tous les médicaments. Il ne sera rouvert que lorsque la situation concernant l’agent communautaire aura évolué. Par conséquent, cela limite l’accès des habitants d’Álvaro Obregón à leur droit constitutionnel et humain à la santé.
L’initiative d’Álvaro Obregón est basée sur le fait d’avoir sa propre façon de gouverner, et d’avoir sa propre sécurité par la police communautaire, depuis janvier 2014, avec l’installation d’un conseil communautaire élu un système d’us et coutumes pour le soutien de la défense territoriale.
Les éoliennes de ce mégaprojet seraient installées dans des zones humides de bonne qualité pour l’agriculture et sur le territoire de la communauté zapotèque, connu sous le nom de Playa San Vicente.
Ce mégaprojet de parc éolien n’a pas été consulté ni a été conçu avec les communautés de la région. Pour cette raison, la plus grande partie de la population de l’Isthme n’est pas d’accord et le droit d’avoir un consentement préalable, libre et éclairé a été bafoué.
La situation actuelle ne s’améliore pas. L’ambiance est toujours tendue car il y a la possibilité de nouvelles agressions dans les prochaines heures (ou prochains jours). Les autorités ont montré qu’elles pouvaient aller jusqu’au meurtre. Ils accusent les membres de la communauté en utilisant le mensonge, la persécution, les menaces de mort et criminalisent leur lutte communautaire.
A l’heure actuelle, ils sont toujours en état d’alerte. Les barricades qui sont installées restent un moyen de défense contre les attaques et les menaces. Les membres de la communauté ont décidé tant bien que mal, de continuer à se battre pour défendre leur droit à l’autodétermination et à leur autonomie comme peuple autochtone.
Le 11 avril, le Comité pour les droits humains en Amérique Latine-CDHAL a envoyé une lettre à différentes instances gouvernementales en exigeant la protection de l’intégrité physique et psychologique des défenseurs des droits humains, membres de l’Assemblée, de la Police Communautaire et la population en général, ainsi que le respect des institutions communautaires qui ont été établies tout en respectant la défense du territoire.