Des habitants des communautés de Santa Marta, de Trinidad, de Santa Rosa et de La Maraña ainsi que des membres d’organisations sociales poursuivent la lutte contre l’industrie minière et la recherche de justice, 6 ans après l’assassinat de Marcelo Rivera, de Dora Sorto et de Ramiro Rivera, des environnementalistes opposés aux projets miniers de l’entreprise canadienne Pacific Rim, dans le département de Cabañas.
En juin 2009, l’environnementaliste Marcelo Rivera a été disparu, torturé et assassiné et en décembre de la même année, Dora Sorto, enceinte de 9 mois, a également été assassinée, tout comme Ramiro Rivera.
Suite à ces événements, d’autres leaders des communautés et des journalistes de Radio Victoria ont été la cible de divers attentats et menaces de mort. Certains de ces crimes restent toujours impunis. Dans le cas de Marcelo Rivera, les coupables matériels ont été condamnés à 40 ans de prison, néanmoins, les possibles auteurs intellectuels n’ont pas été mis sous enquête.
Le 6e anniversaire de lutte et de recherche de justice a eu lieu vendredi passé, au Centre scolaire Caserío La Maraña, dans un acte de commémoration ou plus de 50 personnes qui maintiennent vive la lutte contre l’industrie minière s’étaient données rendez-vous. Les personnes présentes ont profité de l’occasion pour formuler leurs exigences aux autorités principales de l’état salvadorien.
Selon Monseñor José Elías Rauda, évêque de San Vicente qui a dit la messe afin d’honorer la mémoire des environnementalistes assasssinés en 2009, les évêques de El Salvador se sont manifestés contre l’industrie minière à cyanure, à travers deux communiqués en 2007 et 2010. De plus, durant son homélie, il a mis l’emphase sur l’importance de garder vivant le souvenir de ces personnes qui ont lutté et qui ont défendu principalement le droit à la vie.
«À 6 ans après leur mort, la justice est absente.»
Vidalina Morales, représentante d’ADES (Asociación de Desarrollo Económico Social Santa Marta) n’oublie jamais la lutte de ses compagnons environnementalistes et face à leur assassinat, elle exige justice, tout comme ceux qui les ont connus et qui ont travaillé à leur côté à la défense des ressources naturelles et du droit à la vie de la population qui se verrait affectée par le projet minier El Dorado.
Récemment, le bureau du Procureur général de la République a refusé d’écouter les demandes réitérées d’organisations sociales d’élargir l’enquête contre l’ex vice-président de Pacific Rim, Rodrigo Chavez Palacios. Celui-ci était en poste lors des assassinats à Cabañas. Il est aujourd’hui connu sous le surnom du « dépeceur », a été jugé pour homicide aggravé et a été remis en liberté en novembre 2015. De son côté, ADES et l’ Asociación Ambiental La Maraña affirment qu’il serait raisonnable de mener une enquête sur Chavez Palacio en ce qui a trait aux assassinats de Cabañas.
Cette lutte reçoit également l’appui du Ministère de la gouvernance et du développement territorial, à travers une de ses représentantes du département de Cabañas, Licda. Carmen Alvarenga Torres, gouverneure suppléante. Celle-ci a assisté à l’acte de commémoration et a invité les organisations et la population des communautés présentes à continuer leurs efforts de résistance. Elle a réitéré l’accompagnement de l’institution qu’elle représente dans cette lutte contre l’industrie minière, puisque cette activité n’est pas viable pour un pays comme le nôtre, dû à la haute vulnérabilité qui nous caractérise, a-t-elle exprimé.
Pour le vice-président de l’Asociación Ambiental La Maraña, Alejandro Guevara Velasco, l’histoire de ses compagnons environnementalistes représente un apport significatif pour plusieurs personnes, en particulier pour les nouvelles générations. C’est un exemple de lutte qui inspire à ne pas renoncer à nos droits, “car la vie n’est pas négociable”, a-t-il ajouté.
L’événement a également compté sur la participation artistique de femmes de la communauté de Santa Marta, une mise en scène de la part de jeunes des communautés et l’intervention du groupe musical de Santa Marta, qui ont apporté une touche de couleurs et de joie à la commémoration.
Un des défis que les associations sociales et environnementalistes opposées à l’industrie minière doivent surmonter dans leur recherche de justice, non seulement à Cabañas, mais dans tout le territoire salvadorien, est l’absence de législation qui interdit l’industrie minière au niveau national. Ainsi, ils exigent à l’Assemblée législative l’approbation rapide d’une telle loi qui, en accord avec la réalité environnementale de notre pays, presse l’interdiction de toute exploration, exploitation, transformation et commercialisation des ressources naturelles non renouvelables du sol et du sous-sol salvadorien.