Source: Le Front des Femmes Défenseuses de la Pachamama
Le 6 novembre 2015, le Ministère de l’Environnement a accordé son permis environnemental au mégaprojet d’exploitation d’or Rio Blanco. Le Front des Femmes Défenseuses de la Pachamama se prononce aujourd’hui, quelques jours après avoir pris connaissance de la nouvelle, pour dénoncer le manque de transparence avec lequel s’est déroulé le processus.
« Le Front avait demandé des informations au Ministère de l’Environnement sur le permis du projet d’exploitation Rio Blanco depuis plusieurs mois, mais elles nous ont été refusées ; notre droit d’accès à l’information a été violé » s’est exclamée Lina Solano Ortiz, membre de cette organisation de femmes. Elle a également déclaré que « même la Direction Nationale des Droits Collectifs, de la Nature et de l’Environnement de la Défense du Peuple a dû insister pour que lui soit fournie cette information, ce qui semble montrer que le Ministère ne voulait pas qu’elle se sache afin d’éviter les plaintes et les réclamations ».
De son côté, Maria Herlinda Gutama, Présidente du Front des Femmes Défenseuses de la Pachamama a indiqué que, face à ce problème, les autorités de la province « sont devenues sourdes et muettes ». Et d’ajouter : « Lorsqu’elles étaient en période de campagne électorale, les autorités se sont déplacées dans les communautés les plus défavorisées et nous ont promis de nous aider à protéger l’eau. Aujourd’hui, on constate que tout ceci n’était qu’un tissu de mensonge. Nous avons insisté pour qu’elles nous appuient, mais elles n’ont rien fait. Au lieu de ça, les autorités ont octroyé le permis environnemental au projet ».
Lina Solano a souligné qu’au mois de septembre de l’année dernière, les bureaux, publiquement et de manière formelle, ont demandé au maire Marcelo Cabrera et aux conseillers municipaux de la Commission de l’Environnement d’exiger la suspension des processus administratifs accélérés pour les compagnies minières, au sein du Ministère de l’Environnement et du Secrétariat National de l’Eau Senagua. Mais les autorités ont tergiversé, ce qui a permis la délivrance du permis environnemental.
La Présidente du Front des Femmes a prévenu de façon ferme : « À partir d’aujourd’hui, nous allons intensifier, avec plus de force, la lutte. Nous ne permettrons pas au gouvernement, qui cherche à nous humilier, de nous laisser nous contaminer par ces mines transnationales. Aussi, nous préparons, au côté d’autres organisations de Femmes, un blocus contre l’exploitation minière. Il aura lieu à Cuenca, le 11 mars, dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme.»
Enfin, les Défenseuses de la Pachamama ont livré aux journalistes qui assistaient à la conférence de presse la déclaration suivante :
Le Front des Femmes Défenseuses de la Pachamama face à l’accord du permis environnemental du mégaprojet d’or Rio Blanco.
Le Ministère de l’Environnement de l’Équateur a accordé, par la Résolution nº 986, le permis environnemental au mégaprojet minier Rio Blanco à la transnationale chinoise Junefield pour l’exploitation d’or et d’autres minéraux. Face à cet accord, le Front des Femmes Défenseuses de la Pachamama déclare :
– Son rejet et son indignation face au manque de transparence dans tous les processus d’octroi de permis aux projets miniers. Alors que notre organisation a demandé à plusieurs reprises une copie du permis environnemental, l’unique réponse que nous a donnée le Ministère de l’Environnement a été évasive. En outre, ce dernier a usé de prétextes, nous demandant notamment de préciser où trouver l’information (Bureau nº MAE-CGJ-2015-0530). Ainsi, on nous a nié l’accès à des informations publiques. Récemment, après un long délai d’attente, une copie du permis environnemental a finalement été fournie à la Direction des Droits Collectifs, de la Nature et de l’Environnement de la Défense du Peuple de l’Équateur, avec laquelle nous communiquons. Si nous avons eu accès aux informations, c’est donc uniquement grâce à un tiers, ce qui a entravé le suivi que nous tâchons d’exercer face à de telles procédures. Le but était manifestement d’éviter toute réclamation ou plainte, ce qui, en définitive, viole l’article 18, alinéa 2, de la Constitution.
– Le projet minier d’or Rio Blanco n’est pas viable car il se situe dans une zone écologique extrêmement fragile des landes, où se trouvent des sources d’eau qui donnent lieu à d’important bassins versants. Ces derniers alimentent la population de la région andine et côtière de Azuay, ainsi que celle de Guayas et de El Oro. De plus, ce mégaprojet est situé dans la forêt protectrice Molleturo-Mollepongo, dans la zone tampon du parc national Cajas et de la réserve de la biosphère Macizo del Cajas.
– L’étude d’impact environnemental approuvée par le Ministère de l’Environnement ne garantit pas les droits de la Nature, ni les droits des générations actuelles et futures à l’eau, à un environnement sain, à la santé et aux autres droits reconnus dans la Constitution.
– Il n’existe pas d’études indépendantes qui rendent compte, d’une part, de la situation actuelle des eaux de surfaces et souterraines dans la zone, et d’autre part, des graves impacts que provoquerait l’exploitation minière dans cette zone des landes, vitale pour l’approvisionnement en eau des populations des provinces de Azuay, Guayas et El Oro.
– Tout le processus d’autorisation et la Résolution nº 986 sont dépourvus d’effet juridique en vertu des articles 424 et 398 de la Constitution en vigueur. En effet, les communautés, que ce soit la paroisse Molleturo ou les autres affectées par le projet minier, n’ont pas été consultées préalablement comme le stipulent la Constitution équatorienne et la législation internationale. Soulignons également que les concessions de ce projet ont été annulées en 2008 par le mandat minier.
– Le Gouvernement est conscient qu’il commet des actes en contradiction avec la Constitution et les lois pour répondre aux exigences des investisseurs chinois, qui ont sévèrement endetté le pays en échange de nos ressources naturelles.
– Ce qu’ils tentent ainsi de faire est de terminer tout le processus administratif du mégaprojet minier Rio Blanco, pour ainsi avoir un prétexte pour rejeter les prétentions futures des habitants de Azuay et de Cuenca qui souhaiteraient que ne se poursuive pas le développement de l’exploitation d’or dans ce secteur des landes du Cajas, et pour écarter leur responsabilité dans les violations de droits commises pendant ce processus par l’entremise même des concessions.
– Cela arrive face à la passivité ou au silence complice des autorités provinciales, cantonales et paroissiales. Celles-ci ne se sont pas préoccupées de la situation, même après septembre de l’année passée, lorsque notre organisation a dénoncé l’avancée hâtive des processus administratifs au Ministère de l’Environnement et à Senagua pour l’exploitation de Rio Blanco. Ni lorsque, le 30 septembre, de manière publique par remise aux bureaux, nous avons fait une demande formelle au maire Marcelo Cabrera et à plusieurs conseillers municipaux pour exiger la suspension de tous ces processus administratifs. Les autorités n’ont absolument rien fait ; au contraire, elle ont avancé l’octroi du permis environnemental.
– Tout ce qui a été suggéré concernant un moratoire minier ou des commissions avec les universités pour réaliser des études n’a pas de sens si les procédures des permis et l’octroi des concessions d’eau se poursuivent. Avant qu’une mesure effective ne soit prise pour faire avancer ces propositions, ils auront déjà conclu et commencé l’exploitation minière, nous mettant ensuite devant le « fait accompli ».
– Le Front des Femmes Défenseuses de la Pachamama réitère sa demande aux autorités cantonales et autres de Azuay pour qu’elles agissent de façon efficace et efficiente afin d’arrêter les processus administratifs des projets miniers dans la province, en particulier ceux du projets Rio Blanco, ainsi que pour réaliser un audit exhaustif de ceux-ci, incluant la révision des évaluations des impacts sur l’environnement, qui ont été approuvés par le Ministère de l’environnement, pour constater toutes les lacunes et les insuffisances de ces évaluations.
– Le Front des Femmes Défenseuses de la Pachamama insiste pour prévenir les citoyens de Cuenca et d’Azuay du danger qu’ils encourent dans les landes du Cajas, et de celui sur l’eau et les autres éléments vitaux que nous fournissent les écosystèmes. En débutant l’exploitation de Rio Blanco, on ouvre la porte à une méga-exploitation minière dans une zone écologique extrêmement fragile, ce qui entrainera des conséquences désastreuses.
Pour le droit à défendre nos droits
Et ceux de la Terre-Mère!
Front des Femmes Défenseuses de la Pachamama