La Ciudad Ixtepec a été déclarée territoire libre de toute activité minière par un millier d’habitant.e.s et représentant.e.s d’organisations paysannes, d’élevage, éducatives, de commissaires de biens communaux, de collectifs de jeunes, d’artistes, de promoteurs culturels et environnementaux – entre autres – de l’Isthme de Tehuantepec, réunis en raison des effets qu’engendre l’extraction à ciel ouvert de minéraux à grande échelle (contamination des terres, des eaux et du vent), effets dont ont souffert d’autres peuples.
Durant l’événement, 2500 signatures ont été recueillies contre ce projet minier, tandis que l’articulation régionale et étatique pour la défense de la vie et contre les ambitions d’entreprises irresponsables et la corruption de plusieurs autorités locales, étatiques et fédérales a été renforcée.
Ce premier forum était considéré comme un appel aux autorités et aux citoyens en général à ne pas attendre que la mine s’établisse mais plutôt à faire passer le message, « énergique et ferme », que le peuple dit NON À LA MINE à cause des dommages irréversibles aux biens naturels et des maladies à la santé des personnes qu’elle peut occasionner.
Situation actuelle
Selon les registres de la Direction Générale des Mines du Secrétariat de l’Économie (SE), le 26 juin 2015 passé, l’entreprise minière Plata Real a vendu les droits de la concession minière de 8150 hectares située à Ciudad Ixtepec à Pablo Ibarra Mora. Cette activité indique que, durant cette année, un nouveau concours fut lancé pour qu’une entreprise extractive ait le droit d’exploiter l’or et l’argent qui se trouvent dans les collines Banderilla et Nisa Bixhichi à Ciudad Ixtepec.
Selon les données amenées lors du forum, la concession minière de 50 ans (de 2008 à 2058) est un danger latent, puisque si une entreprise extractive signe un contrat avec le concessionnaire, elle se voit obligée d’exploiter la mine –peu importe la situation – faute de quoi elle devra payer une amende onéreuse.
De plus, le projet à Ciudad Ixtepec s’étend depuis Laxhilone jusqu’à la rue Trujano, englobant plus de 10 quartiers historiques de Ciudad Ixtepec : Carrizal, Tepalcate (1ère, 2e, 3e et 4e sections), de même que El Zapote, Carrasquedo, Picacho, Cheguigo Juárez, Cheguigo Zapata et la Huana Milpería.
La défense des peuples
Durant le forum régional informatif organisé par le Comité Ixtepecano pour la défense de la Terre et du Territoire, les femmes zapotèques ont également réalisé une déclaration en tant que femmes, en faveur de la vie, puisque l’exploitation minière à grande échelle comme on souhaite implanter à Ciudad Ixtepec et dans d’autres municipalités de l’Isthme est un « projet de mort ».
Il faut aussi mentionner la participation des femmes de l’Isthme qui ont été physiquement confrontées au saccage et au pillage des entreprises étrangères, permis et encouragés par le Gouvernement fédéral, de l’État et également quelques autorités municipales et communales.
Un à un, les représentant.e.s des organisations étatiques et locales se sont prononcé.e.s contre les méga projets extractifs dans l’Isthme de Tehuantepec, en raison de la contamination de la terre, de l’eau et du vent qui ne se ferait pas seulement dans la municipalité dans laquelle les minéraux sont exploités. Ainsi, si le bassin du Guigu Bicu (Rio los perros) était contaminé, les éléments toxiques comme le cyanure et l’arsenic se répandraient jusqu’aux lagunes marines de San Mateo del Mar, et de la même manière la contamination du bassin de la rivière Ostuta et Espíritu Santo engendrerait la contamination des lagunes de San Francisco et San Mateo del Mar, desquelles dépendent des milliers de personnes à travers la pêche.
À titre d’exemple, à Valles Centrales, la communauté de Madgalena Teitipac, s’étant organisée, a réussi à expulser une entreprise minière qui avait contaminé les eaux phréatiques de son territoire. Cette entreprise est une filiale de celle qui réalise présentement les travaux d’exploration à Ciudad Ixtepec.
Avant de terminer, l’Asamblea Popular del Pueblo Juchetico (Assemblée Populaire du Peuple Juchetico – APPJ) et la radio communautaire Totopo, par le biais de Antonia Jiménez Vázquez, ont réitéré leur appui aux habitants de Ciudad Ixtepec dans leur lutte pour défendre la vie dans leur territoire.
«Grand-pères et grand-mères, pères et mères, frères et soeurs jeromeños, nous sommes ici aujourd’hui pour leur faire savoir que nous lutterons ensemble pour expulser cette mine étrangère qui n’amène avec elle que destruction et mort. Nous devons nous unir tous pour défendre notre rivière Bicu Nisa.»
Nos peuples sont fraternels, de guendaliza’a, pour mener une vie avec dignité, comme se tisse, avec patience et amour, un filet de pêche dont chaque point représente chaque homme et chaque femme d’aujourd’hui, et chaque amarre les filles et les garçons de demain.
Par Martin Vargas/Correspondant