Dans des circonstances qui demeurent obscures, Berta Cáceres et Nelson García ont été assassinés en mars. Tous deux menaient la résistance s’opposant à la construction du barrage Agua Zarca au Honduras qui menace le territoire indigène lenca. Les investisseurs européens ont suspendu leur financement. Maintenant, nous exigeons que Siemens se retire également du projet.
D’autres morts reliées au barrage Agua Zarca
«Ils me poursuivent, ils me menacent de me tuer ou de m’enlever, ils menacent ma famille. Nous sommes continuellement dans cette situation», racontait Berta Cáceres avant sa mort. Elle a été faussement accusée, deux de ses fils ont du quitter le Honduras pour des raisons de sécurité. Depuis 2013, trois de ses collègues qui s’opposaient pacifiquement à la construction de l’hydroélectrique Agua Zarca ont été assassinés. Le barrage sur la rivière Gualcarque menace la survie de centaines d’autochtones Lencas. Le Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras (COPINH) cofondé par Berta défend ses droits.
Aussi, la vie de l’unique témoin de l’assassinat de Berta Cáceres est menacée. L’environnementaliste mexicain Gustavo Castro était en visite chez Cáceres et a été blessé par balle. Il a survécu, les assassins le pensant mort. À la suite de l’assassinat, il fut retenu par le gouvernement hondurien et logé à l’ambassade mexicaine à cause des menaces qui pesaient sur sa sécurité. Les organisations honduriennes pensent qu’on aurait même tenté de l’accuser du meurtre. Ce n’est que le 1er avril, près d’un mois après l’assassinat, que le gouvernement hondurien a levé l’alerte à l’immigration et permis son retour au Mexique, ce pour quoi la pression internationale aurait joué pour beaucoup.
Le Honduras, le pays le plus dangereux pour les défenseurs environnementaux
Le Honduras est le pays le plus dangereux du monde pour les défenseur.e.s de l’environnement, pour ceux et celles qui défendent leur droit à la terre, qui sont systématiquement poursuivi.e.s et dont les vies sont mises en danger, selon les recherches menées par l’organisation britannique Global Witness. Entre 2002 et 2014, il y a eu 111 activistes assassinés au Honduras, dont 12 d’entre eux en 2014. C’est là le taux le plus élevé par habitant parmi tous les pays analysés, écrit Global Witness dans son étude intitulée «Combien encore? L’environnement mortel de 2014 : le meurtre et l’intimidation des activistes environnementaux et des défenseurs de la terre, avec l’accent sur le Honduras».
Le pays ne poursuit pas les assassins de manière sérieuse et ne mène pas d’enquêtes, laissant régner l’impunité et le consentement de l’État. Les principaux conflits au Honduras ont rapport avec le droit de la terre, les projets miniers et hydroélectriques. Près d’un tiers de la superficie du pays est disponible pour des concessions minières, et l’approvisionnement énergétique a engendré la planification de centaines de projets hydro-énergétiques.
Écrits et exigences des organisations environnementales et de droits humains
Le 14 mars 2016, plusieurs organisations des Pays-Bas ont écrit à la banque de développement de leur pays, le FMO, exigeant l’arrêt du financement du projet hydroélectrique Agua Zarca. Deux jours plus tard, après l’assassinat de Nelson García, le FMO a déclaré sur son site web qu’il suspendait immédiatement toutes ses activités au Honduras.
L’entreprise Voith a publié un communiqué de presse le 11 mars 2016 sur l’assassinat disant qu’elle analyserait sur le terrain ses effets sur le contrat avec DESA. En Allemagne, 22 organisations, entre autres Rettet den Regenwald/Sauver la jungle, ont dirigé un communiqué a Siemens Voith pour exiger l’arrêt immédiat du projet hydroélectrique Agua Zarca au Honduras.
Plus d’informations
· Communiqué de 22 organisations allemandes à Siemens et Voith le 18 mars 2016 : http://www.gegenstroemung.org/web/wp-content/uploads/2016/03/20160318_Offener_Brief_an_Voith_und_Siemens_NRO.pdf
· Positionnement de Voith à la suite de l’assassinat de Berta Cáceres le 11 mars 2016 : http://voith.com/de/2016-03-11_Stellungnahme_BC_DE_18.00.pdf
· Action en solidarité avec l’activiste assassinée Berta Cáceres face à l’entreprise Siemens à Munich : https://youtu.be/m9SQ7KyGbGk
· Olivia Zúñiga Cáceres, fille de Berta Cáceres, dénonce le silence de l’État face au crime et la complicité avec les groupes économiques afin de garder l’assassinat dans l’impunité : http://www.telesurtv.net/news/Hija-de-Berta-Caceres-denuncia-que-en-cualquier-momento-puede-ser-asesinada-20160404-0060.html
· Bertha Zúñiga Cáceres lie l’entreprise de construction DESA à l’assassinat : http://www.democracynow.org/es/2016/3/25/hija_de_la_activista_berta_caceres