Juan Manuel Santos Calderón
Président de la République
comunicacionesvp@presidencia.gov.co
Juan Fernando Cristo
Ministre de l’Intérieur
Néstor Martínez
Bureau du Procureur général
Alfonso Cajiao
Médiateur
secretaria_privada@hotmail.com
Alejandro Ordoñez Maldonado
Bureau du Procureur général
anticorrupcion@presidencia.gov.co
Bureau en Colombie du Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme
AU-COL-110716
Montréal, le 13 juillet 2016
MENACES DU COLLECTIF SOCIO-ENVIRONNEMENTAL JEUNESSE DE CAJAMARCA ET DU COMITÉ ENVIRONNEMENTAL DE DÉFENSE DE LA VIE À TOLIMA, EN COLOMBIE
Mesdames, Messieurs,
Le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) est une organisation canadienne qui œuvre à la défense et à la promotion des droits humains en Amérique latine. À ce titre, nous vous écrivons car nous sommes très préoccupé.e.s, ayant pris connaissance des menaces reçues par les membres du Collectif socio-environnemental jeunesse de Cajamarca (COSAJUCA). Le collectif COSAJUCA, ainsi que le Réseau des Comités environnementaux de Tolima et d’autres organisations, exercent actuellement un processus de défense des droits fondamentaux, tels que les droits à la Vie, à l’Eau et au Territoire, contre le projet minier LA COLOSA. Pour ce faire, ils font usage des outils que prévoient la loi et la Constitution, à l’instar des Consultations populaires qui ont été impulsées à Ibagué et Cajamarca.
Selon les informations dont nous disposons présentement, le 8 juin dernier, dans la municipalité de Cajamarca, à Tolima, les membres du Collectif COSAJUCA ont reçu des menaces de mort sur un papier anonyme, avec des lettres qui avaient préalablement été découpées dans des journaux ou magazines avant d’être collées, formant le message suivant : « Les enfants sages se couchent tôt, les autres nous les coucherons nous-mêmes ».
Les menaces s’ajoutent à celles reçues il y a un mois, dans lesquelles les Aigles Noirs, un groupe paramilitaire, menaçait le Comité environnemental, le maire d’Ibagué et les processus sociaux nationaux réunis lors du Sommet agraire, paysan, ethnique et populaire, un jour après la VIII marche du carnaval. En outre, il est important de signaler qu’en 2015, ces mêmes organisations avaient reçues trois autres menaces, et qu’entre 2013 et 2014, trois membres de ce mouvement avaient été tués : Daniel Sánchez, Camilo Pinto, Cesar García et José Ramírez.
Compte tenu de ces faits inacceptables, nous demandons :
- Au gouvernement fédéral, avec à sa tête le président Juan Manuel Santos, de garantir que le travail puisse se poursuivre sur le territoire, sans que cela implique d’être continuellement en danger, dans le cadre des consultations populaires.
- Au Bureau du procureur général, de débuter les enquêtes pénales afin de trouver les responsables des menaces contre les membres du Collectif socio-environnemental jeunesse de Cajamarca COSAJUCA. Également, au Bureau du Procureur général de la Section de Tolima, de fournir les résultats des processus d’enquêtes des constantes menaces qui ont été dénoncées.
- Au maire de Cajamarca, de garantir les conditions minimums de sécurité pour ne pas porter atteinte aux droits humains de ce mouvement social, dans le cadre des consultations populaires.
- Au médiateur régional de Tolima, dirigé par le Docteur Miguel Ángel Aguiar Delgadillo, dans le cadre de son mandat constitutionnel, de traiter la plainte et faire son suivi ; ainsi, exiger des autorités compétentes des actions à poursuivre face à la persécution des organisations ou des personnes confrontées à ces menaces.
- Au procureur municipal de Cajamarca, de remplir sa mission constitutionnelle de traitement des plaintes respectives et des suivis ; ainsi, exiger des autorités compétentes des actions visant la protection des défenseuses et défenseurs de droits humains menacé.e.s, exercer le contrôle administratif dans la municipalité tel que prévu par la Constitution et la loi, pour garantir et promouvoir les droits humains, la protection de l’intérêt public et surveiller la conduite de celles et ceux qui exercent des fonctions publiques.
- Au Haut Commissaire pour les droits humains en Colombie, d’accompagner le processus des consultations populaires.
De notre côté, soyez assuré.e.s que nous continuerons de suivre de près la conduite des fonctionnaires chargés de rendre justice pour cette affaire. Nous apprécierions par ailleurs recevoir par écrit une liste des actions qui seront entreprises.
Cordialement,
Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
Montréal-Québec-Canada