Aux peuples de Oaxaca, du Mexique et du monde.
Au Congrès national autochtone (CNI).
Aux femmes et aux hommes de bon coeur.
Aux organismes de droits humains.
Comme à chaque six ans, les gouverneurs sortants et entrants augmentent les agressions, persécutions, disparitions, emprisonnements et assassinats de défenseur.e.s et personnes engagées dans des luttes sociales; c’est le cas pour notre organisation, depuis le gouvernement à Oaxaca de Diodoro Carrasco Altamirano; José Murat Casab, Ulises Ruiz Ortiz, Gabino Cué et maintenant l’étranger Alejandro Murat, une autre attaque contre notre organisation se prépare.
Nous dénonçons
Que le 14 septembre 2016, l’épouse du camarade autochtone, défenseur de la forêt emprisonné injustement à la Villa d’Etla à Oaxaca, a été informée que le jour suivant, le 15 septembre, des hommes de San Miguel Aloapam viendrait chez elle lui faire du mal.
Le 18 septembre 2016, le gouvernement municipal et communal de San Miguel Aloapam, avec l’appui du gouvernement fédéral, étatique et la CONAFOR ont repris de plus bel le harcèlement, l’intimidation et les menaces contre les enfants et petits-enfants des camarades du CIPO-RFM de la communauté de San Isidro Aloapam afin de les déposséder de leurs terres cultivables où chaque saison, ils et elles ont toujours semé le blé, les patates, les fèves, pour nourrir les familles.
Les mauvais gouvernements avec leurs projets d’exploitation et de reforestation souhaitent nous dérober nos terres cultivables. Suite la déforestation perpétrée à San Miguel Aloapam dans la forêt vierge pourtant protégée depuis des années par la communauté de San Isidro, l’eau se fait rare. ils souhaitent nous forcer à abandonner notre terre, notre territoire pour pouvoir survivre.
Dimanche le 25 septembre à 10h, alors que nous attendions nos camarades de la région du bassin afin d’assister à une réunion dans le village de Rosario, une camionnette non plaquée portant une enseigne de la police étatique s’est approchée du véhicule du CIPO. En sont sortis quatre individus, deux avec de grandes armes et deux autres avec un pistolet à la ceinture, qui nous ont ordonné de nous placer contre la camionnette pour fouiller et perquisitionner notre véhicule. Face à cet acte arbitraire et cet abus de pouvoir, nous leurs avons demandé de nous fournir des explications et de nous montrer le mandat de perquisition. Le seul argument du commandant fut que le défenseur des droits humains qui nous accompagnait, Miguel Cruz Moreno était habillé de noir et portait un chapeau. Quand nous avons demandé au commandant pourquoi sa voiture de police n’avait pas de plaque d’immatriculation, celui-ci a répondu qu’il fallait poser cette question à Gabino Cué. Voyant venir d’autres camarades de notre organisation, le commandant est retourné vers sa camionnette avec ses hommes en nous disant que maintenant il savait où nous étions, que l’on faisait partie de celles et ceux qui auraient bloqué les autoroutes et il a ainsi parlé dans sa radio pour raconter ce qui se passait. Puis, sans rien dire de plus, les quatre individus sont partis.
Comme si cela ne suffisait pas, lundi le 26 septembre, des médias de communication de masse ont partagé sur internet (via entre autres Pagina 3, ECO570, ACIERTA et NSS Oaxaca) une nouvelle signalant «catégoriquement» que APPO et le CIPO sont responsables de l’assassinat du journaliste Brad Will en 2006.
À la lumière de tous ces faits, il apparaît clair pour nous qu’une attaque contre notre organisation a commencé, tel qu’il est d’usage pour les mauvais gouvernements d’attaquer les mouvements sociaux qui exigent la justice et le respect des peuples, comme dans le cas entre autres du prisonnier autochtone écologiste Pablo López Alavés, la punition des coupables de l’assassinat de 2006, notamment du journaliste d’Indymedia Brad Will, la présentation en vie du professeur Carlos René Román Salazar et le retour d’exil du Pr. Raúl Gatica Bautista. Il apparaît évident que l’agression contre les camarades du CIPO-RFM a été articulée depuis le cabinet d’Alejandro Muratet mis en opération par Gabino Cué Monteagudo.
Face à ces faits
Nous appelons à rester à l’affût de ce qui pourrait se passer dans la communauté de San Isidro Aloapam et de ce qui pourrait arriver aux camarades du CIPO-RFM, particulièrement au défenseur Miguel Cruz Moreno.
Nous demandons que les gens se prononcent pour que cesse la criminalisation des organisations sociales, nous demandons l’envoi de lettres aux gouvernements du Mexique et de Oaxaca pour exiger que cessent les agressions contre les membres du CIPO-RFM.
Nous responsabilisons le gouvernement de Gabino Cué et celui du gouvernement de l’étranger Alejandro Murat pour ce qui est arrivé à nos camarades.
Pour la reconstitution et la libre association de nos peuples.
Consejo Indígena Popular de Oaxaca “Ricardo Flores Magón”
CIPO-RFM
Santa Lucía del Camino, Oaxaca, le 28 septembre 2016.