Source : COPINH
Au sujet de l’arrestation, le 14 octobre dernier, de l’ex-vice-ministre du Secrétariat aux ressources naturelles et à l’environnement (SERNA) Dario Cardona Valle dans le processus mené contre lui pour avoir illégalement modifié les termes du permis environnemental du projet hydroélectrique Agua Zarca, le Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH), communique ce qui suit :
1. L’arrestation de Dario Cardona est due aux dénonciations faites par le COPINH au cours de l’année 2014 contre la concession illégitime et illégale du fleuve sacré Gualcarque à l’entreprise DESA par le Honduras. Cette concession s’est effectuée en violation flagrante du droit à la consultation libre, préalable et informée de la communauté Lenca de Rio Blanco et des droits consacrés dans plusieurs instruments internationaux comme l’accord 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT). L’arrestation n’est pas due à la bonne volonté sporadique du Ministère public.
2. Cette détention s’ajoute à la poursuite contre Jonathan Laínez, ex-vice-ministre du SERNA, et Martiniano Dominguez, ex-maire d’Intibuca, qui ne qu’une infime partie d’un grand groupe de fonctionnaires et d’entités responsables de la violation des droits du peuple Lenca dans le développement du projet illégal Agua Zarca et de plusieurs autres projets dans les territoires Lencas.
3. La participation de ces personnes faisant l’objet de poursuites judiciaires dans d’autres scandales de corruption comme celui de l’Institut de la sécurité sociale du Honduras (IHSS) est préoccupante, et démontre l’existence d’une mafia corrompue et sans scrupules, qui s’est emparée de l’État lui-même et ses institutions.
4. Nous saluons l’initiative de la procureure spéciale (fiscal special) d’Etnias dans ses actions pour traduire en justice ceux qui ont violé les droits du peuple Lenca de manière flagrante en concédant illégalement nos territoires. Par contre, nous regrettons que ces actions ne se soient concrétisées qu’après l’assassinat de cinq membres du COPINH, incluant notre coordonnatrice générale Berta Caceres, liés à la cession de nos territoires.
5. Nous exigeons que se poursuivent les actions contre les fonctionnaires de l’État hondurien impliqués dans la violation systématique des droits du peuple Lenca. Nous constatons qu’il y a deux procédures en cours contre deux ex-vice-ministres du SERNA, mais aucune contre l’ex-ministre du SERNA Rigoberto Cuellar, actuel procureur général adjoint. Celui-ci est pourtant connu pour ses commentaires racistes et ses liens avec l’entreprise DESA.
6. L’arrestation de Dario Cardona et les poursuites en cours contre les deux autres fonctionnaires démontrent, encore une fois, l’étendue de la corruption et des inégalités qui entourent le projet Agua Zarca et l’entreprise DESA, liée à l’assassinat de Berta Caceres et aux assassinats et agressions contre la communauté de Rio Blanco.
7. Comment est-il possible qu’avec ces preuves d’illégalité, la concession du fleuve Gualcarque soit toujours en vigueur? Comment est-il possible qu’au contraire, il existe toujours une campagne indigne de stigmatisation et de criminalisation du COPINH dans le but de mettre en marche le barrage?
8. Nous exigeons l’annulation immédiate de la concession du fleuve Gualcarque à l’entreprise DESA et à n’importe quelle autre entreprise.
9. Nous exigeons la participation d’une commission indépendante d’experts internationaux pour l’enquête sur l’assassinat de notre compagne Berta Caceres.
10. Nous annonçons de nouvelles actions de protestation et de mobilisation de la part du COPINH afin d’exiger le respect de nos droits en tant que peuples autochtones.
Avec la force ancestrale de Berta, Lempira, Mota, Iselaca et Etempica se lèvent nos voix pleines de vie, de justice, de dignité, de liberté et de paix.
Émis à La Esperanza, Intibuca, le 14 octobre 2016.