Peuple Shuar Arutam – Cordillère du Condor
Bulletin n°1- 05012017
5 janvier 2017
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A mes frères Shuar, aux autochtones d’Amazonie et des Andes, aux hommes et femmes de l’Équateur et du Monde, nous adressons le présent manifeste public.
Il y a cinq (5) mois, le problème à Nankints s’est accru suite à la décision radicale du gouvernement équatorien de permettre à l’entreprise chinoise d’aller de l’avant avec ses activités minières. Cette décision a été prise sans aucune forme de consultation préalable, libre et éclairée. Cela a généré une série d’atteintes aux droits humains et des agressions contre le peuple Shuar notamment en expulsant les familles de cette zone.
Cette crise s’intensifie avec la déclaration de l’État d’exception et la militarisation de la zone suite aux confrontations du 10 décembre 2016 entre la police, les militaires et les Shuars défendant leur territoire.
Le 4 janvier 2017, des membres du Conseil du gouvernement du Peuple Shuar Arutam (PSHA) se sont rendus dans différentes communautés de la zone pour constater sur place la réalité que vit notre peuple. Nous avons constaté la triste situation des familles déplacées des communautés Tsuntsuim, Upunkis et Kutukus, qui ont dû fuir avec leurs enfants, leurs femmes et leurs grands-parents. Ils ont marché de nuit dans la forêt et ont laissé leurs habitations, leurs animaux et leurs biens personnels en fuyant les patrouilles et l’offensive militaires. Il faut savoir que cette offensive se réalise avec du personnel de l’infanterie, des hélicoptères et des drones.
La plupart des familles, particulièrement les mères, les nourrissons et les enfants en bas âge, parmi lesquels 32 sont des femmes et 168 sont des enfants, se sont réfugiés dans la forêt de la Cordillère du Condor. Ils risquent ainsi leur vie. Cela nous a causé un choc, puisque suite au peu de contacts que nous avons eu avec eux, nous avons appris que les enfants sont malades et souffrent de diarrhée et de grippes. Ils n’ont pas les moyens nécessaires pour survivre dans la forêt, et ils manquent d’aliments, de médicaments et de vêtements.
Malgré ces faits, dans la communauté le Tijink, nous constatons une claire provocation de la part de l’armée. Ils rôdent dans les environs et effectuent des survols continus en hélicoptères et avec des drones. Les membres de nos peuples protègent leurs familles et depuis de nombreuses années nous avons évité l’entrée de personnes étrangères pour veiller à notre propre sécurité. Nous ne permettrons aucune maltraitance physique et psychologique de nos membres. Nous nous opposerons à toute perquisition de logement et à toute violence que génère l’entrée de militaires sur notre population. N’oublions pas que nos communautés ont été pillées et il y a des logements qui ont été brûlés dans d’autres villages.
Nous exhortons notre préoccupation à l’opinion publique nationale et internationale, et nous l’alertons face à la menace contre notre sécurité et contre le bien-être des familles Shuar. Dès à présent, nous soulevons la responsabilité du Gouvernement équatorien pour les violences qu’ont pu générer les actions militaires sur nos familles du Tiink et des autres communautés.
Nous appelons à la concertation pour un dialogue pacifique. Nous souhaitons promouvoir la paix dans un État de droit, sachant que tout acte coercitif amène à une convulsion totale et à une crise sociale. L’État plurinational équatorien ne mérite pas cela.
CONSEIL DU GOUVERNEMENT DU PEUPLE SHUAR ARUTAM