Depuis des années les Canadiens profitent du mois de février pour revoir leurs investissements avant la fin de la période prévue par les impôts. Mais vous êtes-vous déjà demandé si vous aviez des investissements « responsables »? Où va l’argent de votre épargne ?
Afin de pouvoir assurer le versement des pensions de retraite, les gestionnaires des fonds de pension dans lesquels nous investissons quotidiennement une partie de notre argent sont en constante recherche de nouveaux investissements. Au cours des dernières années, ils ont manifesté un intérêt croissant pour l’achat de terre agricole, un investissement rentable qui permet de spéculer sur l’augmentation de la valeur de la terre, et ainsi la revendre moyennant un profit.
Si l’agriculture industrielle pour exportation représente une menace pour la production alimentaire des populations locales, la souveraineté alimentaire et les droits des communautés rurales, l’usage de terres agricoles pour des fins de spéculation financière l’est encore plus. Dans ce contexte, la financiarisation de la terre et le détournement de la vocation des terres agricoles devient injustifiable. En effet, l’usage des terres pour la production alimentaire devient de plus en plus difficile, voire impossible et bien souvent, les terres cessent de produire des aliments mais finissent tout de même par valoir de plus en plus chères.
De plus, il est fréquent dans plusieurs pays du monde, de voir les investisseurs riches et puissants acquérir des terres de manière douteuse et malheureusement violente. Des paysans sont expulsés de leur terre sans préavis, leur lopin leur est arraché et vendu à d’autres, plus puissants. Bien souvent, ces paysans sont visités par des milices armées qui leur ordonnent sous la menace de revendre leur terre à de riches accapareurs de terres. Ces histoires peuvent sembler invraisemblables mais elles sont réelles et appuyées de témoignages et enquêtes crédibles.
Depuis novembre 2015, une coalition de groupes canadiens, américains, allemands et suédois s’est alliée avec Rede Social de Justiça e Direitos Humanos, un organisme brésilien de défense des droits de la personne, afin de faire une analyse approfondie de l’acquisition de terres. Le rapport « Fonds de retraite étrangers et accaparement des terres au Brésil », dresse un portrait inquiétant d’une pratique menée par le fonds d’investissement américain, TIAA-CREF, qui a créé le fonds appelé TCGA pour l’achat de terrains partout dans le monde, notamment au Brésil. Leurs investissements agricoles seraient responsables de déplacements forcés et auraient d’importants impacts environnementaux et sociaux négatifs. Le rapport fait état de terres agricoles au Brésil acquises par le biais d’un homme d’affaires brésilien, accusé d’utiliser la violence et la fraude pour expulser les petits agriculteurs. Ces fonds de pension utilisent également des structures d’entreprise complexes qui ont pour effet de se soustraire aux lois brésiliennes qui restreignent les investissements étrangers dans les terres agricoles.
Par l’entremise de leurs placements dans le fonds d’acquisition de terres agricoles international TIAA-CREF Global Agriculture LLC (TCGA), la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et la British Columbia Investment Management Corporation (bcIMC) sont impliquées dans la spéculation foncière au Brésil, utilisant des sociétés filiales complexes pour acheter des terres.
Est-ce vraiment là que nous voulons investir nos cotisations de retraites? Quel prix sommes-nous prêts à payer pour réaliser du profit ?
Nous vous invitons à prendre quelques minutes pour visionner cette courte vidéo qui traite de la participation de certains fonds de retraite dans l’accaparement illégal des terres.
Au Canada, Développement et Paix ainsi que 14 autres organisations canadiennes demandent à la CDPQ et à la bcIM de faire preuve de transparence et de :
- S’abstenir d’investissement futur dans le fonds international d’acquisition de terres agricoles du TIAA-CREF’s et de suspendre tout autre investissement spéculatif dans les terres agricoles;
- Exiger que le TIAA-CREF rende public la nature, l’étendue et l’emplacement spécifique de ses investissements, qu’ils soient directs ou indirects, dans les terres agricoles;
- Diffuser cette lettre parmi leurs membres afin de les informer de la situation.
C’est le moment d’agir
Nous invitons les Canadiennes et les Canadiens ayant des fonds investis avec la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et la Société de gestion des investissements de Colombie-Britannique (bcIMC) à joindre leur voix à la nôtre et à écrire une lettre adressée à la CDPQ et à la bcIMC afin de leur demander des clarifications et de s’abstenir d’investir dans le fonds international d’acquisition de terres agricoles du TIAA-CREF’s.
* Note: pour cette campagne, nous vous invitons à envoyer vos lettres par la poste plutôt que par courriel.
Téléchargez ici la lettre modèle pour la CDPQ (Québec)
Téléchargez ici la lettre modèle pour la bcIMC (Colombie-Britannique)
Des campagnes semblables se déroulent en Suède, en Allemagne et aux États-Unis, où d’autres fonds de pension ont des parts dans ce même fonds foncier mondial. Tous ensemble, nous pourrons mettre fin aux activités illicites du TIAA-CREF, protéger les paysans et protéger la vocation agricole des terres agricoles du monde.