Même le ministère public, par l’intermédiaire du Bureau du Médiateur (Defensoría del Pueblo), a demandé au maire d’Ituango, Hernán Álvarez, de se déclarer en conflit d’intérêts dans la mise en œuvre de la procédure policière. Il avait demandé une inspection de la police d’Ituango et décidé d’être juge et partie dans l’affaire judiciaire concernant le logement que la même administration municipale a accordé aux communautés rescapées par le DAPAR et la Croix Rouge sur les rives de la rivière Cauca le 3 mai, après avoir été illégalement expulsées par les entreprises publiques de Medellín (Empresas Públicas de Medellín- EPM). Les familles qui y vivent depuis un an ont perdu leurs moyens de subsistance, leurs outils de travail, leurs biens et, dans certains cas, leur maison, et n’ont jusqu’à présent reçu aucune attention de la part des institutions de l’État, même si ces dernières sont toutes au courant de la situation.
Les communautés ont tenté une mise en tutelle et le tribunal responsable d’Ituango a décidé que l’administration devait inclure les communautés dans les programmes socio-économiques et de logement, obligation qui n’a pas été respectée.
Le maire, de manière totalement arbitraire, demande, juge, échoue, ordonne et a l’intention de mettre en œuvre l’ordre d’expulsion du 29 avril. Il a refusé de fournir des garanties aux communautés, n’a pas respecté les accords qui auraient pu éviter la situation difficile que les communautés ont vécue pendant cette année, ne serait-ce que la cessation des terres à l’Association des victimes et affectées par les mégaprojets (Asociación de Víctimas y Afectados por Megaproyectos – ASVAM) à Ituango. Il a aussi encouragé des discours de haine et de stigmatisation du mouvement Rios Vivos. Les évènements du 19 mars en sont la conséquence.
Le Cour des comptes déléguée a demandé à l’administration l’aide logistique nécessaire pour aménager un espace pour permettre aux familles touchées par Hidroituango de prendre la parole. L’administration de Hernán Álvarez a violé cet espace et a ouvertement incité les communautés à « faire sortir de Ríos Vivos du stade » en utilisant les garçons et les filles qui y faisaient faire du sport, les trompant avec l’aide des entraîneurs, notamment la coordinatrice Fátima Trujillo Velilla (fonctionnaire) pour insulter, crier, calomnier, dénoncer et stigmatiser les membres du mouvement. De même, Erika María Roldán, responsable du programme Buen Comienzo, a ouvertement exprimé qu’elle assurait un suivi auprès des membres du mouvement (ignorant notre situation de risque et les centaines d’attaques que nous avons subies). Comme si cela ne suffisait pas, le même recteur de l’établissement Pedro Nel Ospina María Victoria Zapata Yépez, au nom des directeurs de l’institution, les enseignants et les étudiants eux-mêmes (selon elle), a accusé Ríos Vivos et ses membres de « mépriser la jeunesse Ituanguina », accusant les victimes, pour la plupart subissant les conséquences du conflit armé, de faire partie du problème par lequel les jeunes sont condamnés « à la guerre et au manque de possibilités ». Ces idées sont propagées par une administration municipale qui, dans un effort de déformation de la réalité, cherche à se soustraire de ses obligations et de ses responsabilités en tant que premier répondant dans des situations d’urgence telles que celles générées par EPM.
Même le droit à l’information n’a pas été respecté par l’administration, qui refuse de répondre aux pétitions que la communauté a déposées à plus de six reprises, l’une d’elles insistant sur la nécessité de se conformer à la décision du juge des tutelles, d’autres exprimant des préoccupations et demandant une aide alimentaire et sanitaire. Le personnel n’a pas non plus prêté attention à la gravité de la situation, avançant qu’il ne peut rien faire, même s’il est conscient de tout ce qui s’est passé et des risques auxquels font face les dirigeants du mouvement, les menaces et les attaques subies pendant leur séjour dans le stade, pendant lequel leurs droits n’ont pas été protégés.
Avant de recevoir l’ordre d’expulsion, les communautés ont à nouveau déposé un document dans lequel elles insistaient sur leur volonté de dialogue, le besoin de nourriture et un endroit où aller, car les conditions sanitaires du stade sont insupportables. Cette alerte nous a permis de constater qu’il n’y a pas eu de dialogue et qu’au contraire, nous n’avons subi que des mauvais traitements et des humiliations de la part de l’administration, alors que tout ce que nous demandons est un endroit où aller et les conditions minimales pour vivre dans la dignité.
Comment le Mouvement Ríos Vivos, nous rejetons les actions qui violent les droits de l’homme, soumettant les communautés à des situations de misère et d’indignation. Nous demandons au Bureau du procureur général (Procuraduría General de la Nación) d’ouvrir toutes les enquêtes nécessaires, au Bureau du médiateur (Defensoría del Pueblo Nacional) pour protéger nos droits, à EPM de nous dédommager complètement et à l’administration municipale d’Ituango de reconnaître ses obligations en tant que premier répondant dans la gestion des risques et de nous accorder la dignité à laquelle nous, citoyens colombiens, avons droit.
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PASC