Nous devons fortifier la mobilisation sociale et la construction d’exercices et de dynamiques de pouvoir populaire qui construisent nos visions de gouvernement autonome
NOUS LANÇONS UN APPEL À L’UNITÉ : POUR LA DÉMOCRATIE ET LE RESPECT DES DROITS HUMAINS
Le gouvernement d’Iván Duque répète le scénario de la plus vieille oligarchie colombienne : soumission aux desseins de l’impérialisme, suffocation et misère pour le peuple; cette fois-ci à travers une stratégie de violence généralisée et de guerres à travers le monde.
Ce gouvernement représente uniquement les intérêts économiques des grandes corporations et des multinationales et utilise pour cela les forces militaires, prétendant avancer dans l’approfondissement du modèle néolibéral et le renforcement de l’économie extractive. La politique contre-insurectionnelle qui a fait souffrir le pays s’articule autour du contrôle du territoire, laissant derrière elle un paysage de pillage et de mort.
Durant ces 10 mois de mauvaise gouvernance, ont augmenté les indices de pauvreté, de criminalité, de pratiques terroristes de l’État, et les conflits territoriaux résultant de l’aggravation de la guerre. Devant ce panorama, le mouvement social populaire a réagi avec la mobilisation, ainsi que la défense de la vie et de ses territoires.
Nous traversons une crise qui maintient une croissance constante de taux défavorables tels que celui du chômage qui dépasse les 12,8 % et celui du travail informel, au-dessus de 60 %. Cette situation s’accentue dans les villes où la marginalisation et la misère sont les plus accrues. La violence sociale se fait de plus en plus omniprésente, avec des taux élevés de féminicides et de décès de nos jeunes. La criminalisation des manifestations sociales et les jugements des dirigeants sont des stratégies avancées par le Gouvernement national et le Bureau du Procureur pour neutraliser le travail social et politique en faveur des droits de humains et des droits au territoire. Le nombre d’assassinats de leaders de mouvements sociaux est aberrant. Depuis la signature des accords de La Havane, on enregistre plus de 700 assassinats, dont 135 commis par les militants des FARC, prouvant la systématisation que ceux qui gouvernent aujourd’hui sont ceux qui bénéficient de ces massacres. Dans ce gouvernement où le nombre d’assassinats de leaders monte à 236 (autochtones, paysans, afro-colombiens, communaux, écologistes) est mise en évidence une politique gouvernementale consistant à ignorer les accords signés avec l’insurrection et le mouvement populaire, dans le but de saboter l’application des mécanismes convenus. Ces données sont étayées de manière précise dans le rapport du 23 mai dernier, présenté par le Sommet agraire paysan ethnique et populaire, en collaboration avec le mouvement politique et social « Marche patriotique et indomptable ».
Ces derniers jours, la politique nationale a été agitée : les faits de corruption de l’ancien procureur Nestor Humberto Martinez, qu’il prétendait cacher avec le jugement de la juridiction spéciale de paix, ainsi que ses agissements illégitimes et illégaux dans l’affaire Santrich et ses multiples délits démontrent que nous avons des gouvernements non souverains, qui permettent aux États-Unis de continuer à bafouer notre autodétermination pour remplir le triste rôle d’administrateur des intérêts impérialistes dans les coulisses. L’article du New York Times illustre bien le plan criminel des forces militaires, fondé sur la politique de sécurité et de défense nationale et reprenant la politique macabre du gouvernement Uribe de promotion des incitations à la baisse, entraînant des exécutions extrajudiciaires et la violation de tous les droits des peuples. Cet article démontre que la terreur qu’entretient l’État, en tant que vision et stratégie, n’a jamais disparu.
Le plan national de développement, qui va approfondir le modèle d’extraction et de dépouillement a également été approuvé. Il s’agit d’un plan soutenu par le revenu minier-énergétique qui soutiendra à court terme de nouvelles réformes fiscales et une vague d’aliénations ou de privatisations d’entreprises comme ECOPETROL, CENIT et ISA. De plus, une série de réformes, dont un projet visant à criminaliser la protestation sociale, sont en discussion. Ces jours-ci on traite d’un projet législatif 003 qui réforme la loi 160 et qui vise à légaliser l’appropriation des terres non cultivées, des terres volées par les entrepreneurs et les multinationales dans le cadre de l’action paramilitaire, et qui ignore le volet des droits des paysans. C’est un retour à un élément central des accords de paix et un pilier du conflit social et armé : la concentration des terres.
Comme si cela ne suffisait pas, en plein milieu de ce contexte, l’idée de réinstaurer un Front national avance rapidement, promu par le gouvernement du centre démocratique. C’est un pacte oligarchique pour détruire non seulement la paix, mais la fragile « démocratie » qui nous reste. Cela nous rapprocherait d’un état où la répression dictatoriale deviendrait légale.
Face à cette situation, le mouvement social populaire, les forces démocratiques et le peuple doivent accroître la mobilisation et le débat politique. Nos efforts vont dans plusieurs directions et doivent être consolidés par l’UNITÉ, afin de renforcer un bloc populaire et démocratique qui arrête la progression du projet oligarque et impérial. Nous devons renforcer la mobilisation sociale et la construction d’exercices et de dynamiques de pouvoir populaire qui érigent nos visions de gouvernement autonome. Dans le cadre de ce développement, et en réponse à la guerre que le gouvernement a déclarée contre les organisations sociales et contre le peuple, il faut renforcer et promouvoir le développement des forces paysannes, ancestrales, autochtones et populaires, en tant que référence pour la protection de la vie, des territoires et de notre vision d’un pays pour une vie digne. Mais surtout, il est temps d’agir en tant que mouvement politique uni, dans les campagnes et les villes, en levant les drapeaux de la paix, de la démocratie et de la dignité, contre la dictature oligarchique et impérialiste.
Le Congrès des Peuples lance un appel afin que nous nous rencontrions dans l’édification d’un projet de pays pour une vie digne dans les rues et sur les routes.
Source et photo:
Congreso de los Pueblos: « LLAMAMOS A LUCHAR DESDE LA UNIDAD:
POR LA DEMOCRACIA Y EL RESPETO A LOS DERECHOS HUMANOS«