Le 3 juin, le rapport final de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées au Canada a été présenté avec beaucoup d’émotion lors d’une cérémonie officielle. Pour les groupes de femmes autochtones, cette reconnaissance et cet appui ne sont qu’un premier pas et elles attendent des mesures concrètes que le gouvernement prendra, comme l’a dit Verna Polson, chef du peuple Ashinabe.
« Je porte aujourd’hui ce médaillon pour les femmes, pour nos filles disparues et aussi pour celles qui continuent à lutter. Mon médaillon n’arrête pas de bouger d’un côté à l’autre depuis ce matin, je n’arrête pas de le remettre en place, mais il s’éloigne de mon cœur, parce qu’il y a encore tant de travail à faire. Il y encore beaucoup de justice à rendre. »
En l’absence de données fiables, le rapport n’a pas réussi à prouver un nombre exact de femmes et de filles assassinées et disparues. Des études récentes montrent toutefois que le taux de féminicide est sept fois plus élevé pour les femmes autochtones que pour les femmes non autochtones. Depuis l’entrée au pouvoir du premier ministre Justin Trudeau, plus de 120 femmes autochtones ont été portées disparues ou assassinées.
Parmi les centaines de recommandations du document, se trouve la nécessité de réformes drastiques dans les programmes et des services de santé, d’éducation, de sécurité et de justice pour les peuples autochtones. Le rapport recommande également des mesures effectives pour combattre le trafic humain, l’exploitation et la violence sexuelle qui affectent surtout les femmes, les filles et les personnes LGBTQI.
Selon le rapport final de l’enquête, l’origine du génocide se trouve dans le système colonial et dans la “Loi sur les Indiens”, qui ont permis multiples formes de violence. On se rappelera les témoignages bouleversants livrés il y a quelques années lors de la commission de vérité et de réconciliation, qui ont mis au grand jour les mauvais traitements et des violences subies par les autochtones dans les pensionnats religieux. Pendant presque deux siècles, près de 150 mille filles et garçons autochtones enfermés dans ces pensionnats ont subi des agressions psychologiques, physiques et même sexuelles.
De plus, dans les années soixante et quatre-vingts, on estime que les gouvernements provinciaux ont retiré 20 mille garçons et filles de leurs maisons sans le consentement de leurs familles sous prétexte de les protéger contre une situation de précarité.
L’enquête sur les femmes et les filles autochtones assassinées et disparues au Canada s’est tenue sur deux ans et demi. Selon certains groupes de femmes autochtones, cette durée n’est pas suffisante pour mener une enquête approfondie et n’a pas permis aux femmes et aux familles interrogées d’acquérir la confiance nécessaire pour témoigner.
Malgré ces critiques, des groupes de femmes autochtones ont reconnu l’importance d’un tel document officiel, parce qu’il expose le système colonial, le racisme et l’indifférence, à la base du génocide qui menace encore aujourd’hui les Premiers peuples du soit-disant Canada.
Sources et photo:
La Presse: « Enquête nationale sur les autochtones disparues et assassinées: un « génocide ‘planifié’ »
The Conversation: « Femmes amérindiennes assassinées: ce génocide qui embarrasse l’Amérique du Nord »
Lien entrevue:
Youtube: « MMWIG inquiry closing ceremony LIVE »