Plus précisément, ce collectif a dénoncé la fuite à la presse d’informations confidentielles du dossier sur l’assassinat de Sergio Rojas
Quelque 75 organisations nationales et internationales, ainsi que plus de 120 personnes issues de divers milieux ont signé une déclaration dénonçant que l’assassinat du leader autochtone Sergio Rojas Ortiz était « un crime politique produit dans un contexte de violence physique et symbolique croissante, laquelle se manifeste en l’absence d’action de l’État en termes de justiciabilité des droits humains des peuples autochtones, en particulier des droits territoriaux ».
Le document dénonce également le fait qu’un média appartenant à des banquiers a récemment publié plusieurs articles contenant des détails extraits d’un rapport du Département des enquêtes judiciaires (OIJ) qui figure dans le dossier de l’affaire du meurtre de Sergio Rojas. Ce rapport contient des détails très importants, dont la divulgation pourrait mettre les témoins en danger.
Sergio Rojas a été membre fondateur du Front national des peuples indigènes (Frenapi) et du territoire Bribri de Salitre, dans la zone Sud, il a été l’un des initiateurs les plus visibles du processus de récupération des terres dans les territoires des peuples autochtones, jusqu’à son assassinat commis chez lui le 18 mars 2019.
Il convient de rappeler que le 24 février 2020, Jehry Rivera, un autochtone Bröran de Térraba, a également été assassiné au cours d’un processus de récupération des terres. Les deux cas restent impunis. De plus, Pablo Sibar, un autochtone Bröran et également fondateur de Frenapi, a été victime de harcèlement, de violence et de menaces permanentes contre sa vie.
Pour mettre fin à l’impunité
Le document évoque des précédents tels que les déclarations de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) et le fait que le ministère public ait demandé le classement de l’affaire en septembre de l’année dernière.
À cet égard, il relève que c’est « grâce aux appels de l’ONU et de la CIDH, ainsi que de diverses organisations internationales et nationales de défense des droits humains, d’universitaires et de membres des différents peuples autochtones du pays« , qu’après une audience avec l’avocat et la famille de Sergio Rojas, le 3 décembre, la Cour pénale de Buenos Aires (Costa Rica) a rejeté le 14 janvier la demande du ministère public.
Parallèlement, la déclaration souligne qu’une sous-commission de la Commission des droits de la personne de l’Assemblée législative a « demandé avec véhémence au bureau du procureur général de poursuivre l’enquête sur le meurtre de Sergio Rojas Ortiz et d’utiliser toute l’expertise dont il dispose pour obtenir les preuves permettant d’identifier les responsables et de permettre à l’État de punir le crime commis contre le leader autochtone« .
Les signataires du texte ont exprimé leur soutien à la plainte déposée par l’avocat de la famille Rojas Ortiz devant l’Inspection judiciaire et le Procureur adjoint pour la probité, la transparence et la lutte contre la corruption pour la fuite du rapport de l’OIJ. Par ailleurs, ils ont exigé que la procédure légale soit garantie dans cette affaire et ont souligné que l’État a l’obligation de garantir la vie, l’intégrité physique et les droits des peuples autochtones.
Après avoir exigé une solution « conforme aux droits humains » aux conflits d’usurpation des territoires autochtones, « cause structurelle de la violence« , les signataires ont annoncé leur décision de « rester vigilant.e.s et fidèles aux obligations civiques, afin que les institutions publiques soient respectées et agissent conformément au cadre juridique national et international qui protège et garantit les droits humains des peuples autochtones du Costa Rica, ainsi que la vie et la justice pour leurs défenseur.e.s« .
Initiative collective
Parmi les huit organisations internationales signataires figurent le Bureau latino-américain de la Coalition internationale pour l’habitat (HIC-AL), au Mexique, et le Mouvement pour la défense des territoires et des écosystèmes de Bocas del Toro (MODETEAB), au Panama.
Parmi les organismes nationaux, on peut mentionner plusieurs conseils et groupes de récupération des terres de divers territoires indigènes, ainsi que le Comité de lutte pour la terre de Finca Chánguena, Cootraosa R.L., l’Association nationale des éducateurs (ANDE) Programme de gestion locale, l’UNED, Ríos Vivos, Bloque Verde, la Fédération des étudiants de l’Université du Costa Rica, ou le Front écologique de l’Université technologique du Costa Rica.
Individuellement, plus de 120 personnes issues des secteurs universitaires, des militant.e.s et des citoyen.ne.s ont signé.
La diffusion de la déclaration faite à travers une vidéo diffusée le 9 février par le programme Kioscos Sociambientales pour l’Organisation Communautaire de l’UCR (Université du Costa Rica), comme l’a expliqué Mauricio Alvarez, directeur de cette institution, est le produit d’une initiative visant à unifier « les efforts de recherche et d’action sociale, articulés par Maros Guevara en faveur des communautés autochtones et de leurs luttes, un espace appelé Contra la Impunidad y el Olvido » (Contre l’Impunité et l’Oubli).
“Malgré la mort physique de Marcos Guevara« , a déclaré Mauricio Álvarez au début de la transmission, « nous le remercions de continuer à nous unir, même si ce n’est que spirituellement et en œuvrant contre l’impunité, non seulement dans le cas de Sergio Rojas et de Jehry Rivera, mais aussi de dix autres personnes, principalement des autochtones et des camarades qui les accompagnent dans leurs revendications, qui sont menacées de mort et qui ont même subi des attaques directes, même par balles« .
Alvarez a ajouté que c’est précisément en raison de la fréquence de ces cas que la déclaration et l’articulation de tous les secteurs ont été lancées, « afin qu’aucun.e autre camarade autochtone ou militant.e ne soit assassiné.e à nouveau« .
Il a précisé qu’il s’agit d’un effort réalisé par l’Espace d’études avancées de l’UCR (Ucrea), le Centre de recherche anthropologique, les Kiosques environnementaux, Ditsö, Voces Nuestras, le Centre de recherche et de développement culturel de l’Université d’État à distance (UNED), le Comité de coordination de la lutte Sud-Sud et le militant Osvaldo Durán avec le soutien du recteur de l’Institut technologique.
Álvarez et Durán, ainsi que la célèbre chanteuse-compositrice Guadalupe Urbina ont lu la déclaration.
Source article: Seminario Universidad
Source photo: UCR