Publié par Resumen latinoamericano, le 10 décembre 2023
Javier Milei prend ses fonctions de président de l’Argentine.
L’investiture de Javier Milei à la présidence de l’Argentine ouvre la porte à une période de plus grande incertitude pour une nation en proie à la crise économique.
Lors de sa prise de fonction dimanche, l’homme politique d’extrême droite a dressé un tableau cauchemardesque de la situation du pays, estimant qu’elle était « critique et urgente » et qu’elle allait certainement « s’aggraver à court terme » en raison des mesures qui seront mises en œuvre par le nouveau gouvernement.
« La situation de l’Argentine est critique et urgente. Nous n’avons pas d’alternative et nous n’avons pas le temps, nous n’avons pas de place pour les discussions stériles, notre pays exige des actions et des actions immédiates », a souligné le chef de l’État depuis les marches du Congrès (Parlement).
« Nous savons qu’à court terme la situation va s’aggraver », a déclaré M. Milei, reconnaissant que les mesures d’ajustement pèseront sur l’État et non sur le secteur privé, et qu’elles auront un impact négatif sur « l’activité, l’emploi et les salaires ».
« Il n’y a pas d’alternative à l’ajustement et au choc. Naturellement, cela aura un impact négatif sur le niveau d’activité, l’emploi, les salaires réels, le nombre de pauvres et d’indigents. Il y aura stagflation », a admis l’autoproclamé « économiste libertaire », qui a également proféré des menaces à l’encontre de la contestation sociale.
Partisan du négationnisme, de la privatisation et de la dollarisation de l’économie, Javier Milei gouvernera l’Argentine pour les quatre prochaines années après avoir battu le candidat péroniste kirchneriste au second tour des élections présidentielles du 19 novembre.
Risques d’aggravation de la crise économique
Le chef du parti La Libertad Avanza a obtenu le soutien de plus de la moitié des électeurs grâce à un discours qui promettait de « dynamiter » la Banque centrale et de réduire les dépenses publiques, entre autres propositions néolibérales.
Mais avant même son triomphe dans les urnes, une centaine d’économistes de renom ont averti que son accession au pouvoir « provoquerait probablement une nouvelle dévastation économique et un nouveau chaos social dans ce pays d’Amérique du Sud ».
Dans une lettre ouverte publiée quelques jours avant les élections cruciales du 19 novembre, des experts ont laissé entendre qu’il était fort probable que toute mesure prise par l’actuel président entraînerait de nouvelles dévastations à court terme.
Des économistes influents tels que Thomas Piketty (France), Jayati Ghosh (Inde), Branko Milanović (Serbie et États-Unis) et José Antonio Ocampo, ancien ministre des finances de Colombie, affirment dans la lettre que les propositions de Milei sont « pleines de risques qui les rendent potentiellement très dommageables pour l’économie argentine et sa population ».
Au cours de sa campagne électorale, celui qui se décrit comme un anarcho-capitaliste a utilisé une tronçonneuse pour symboliser son désir de réduire les subventions et les dépenses de l’État en matière de programmes sociaux. Il a également affirmé à plusieurs reprises que « les impôts sont un vol » et a qualifié d' »aberration » les programmes de « justice sociale » qu’ils financent.