Cette année, la région du Pantanal est la plus touchée par les incendies au Brésil. Il y a eu une augmentation de plus de 200% depuis l’année précédente. Des images terrifiantes circulant sur les réseaux montrent des animaux aux pattes brûlées, mourants, calcinés, fuyant le feu qui a déjà dévasté plus de 2 millions d’hectares.
Le Pantanal est reconnu comme un site du patrimoine naturel mondial et de la réserve de biosphère. Il est situé dans les états de Mato Grosso et Mato Grosso do Sul. Il s’agit également d’une région qui présente une grande diversité de peuples et de communautés traditionnelles, comme les autochtones, les quilombolas, les pêcheuses et les pantaneras.
Claudia Sala Pinho, coordinatrice du Réseau des peuples et des communautés traditionnelles du Brésil, s’est entretenue avec le Comité pour les droits humains en Amérique latine sur la situation actuelle.
En plus des animaux, nous perdons aussi des vies. Les brigades ne suffisent pas pour répondre à la demande et les communautés n’ont vraiment aucune protection. Il y a des membres de communautés qui font ce travail depuis un certain temps, mais ils sont peu nombreux. Dans la région de Caceres, le feu s’est pratiquement propagé jusqu’aux villes. C’est une scène désolante.
Tout comme en Amazonie, les incendies au Pantanal commencent durant la saison sèche de l’année. Toutefois, il ne s’agit pas de phénomènes naturels, mais plutôt de moments propices pour ceux qui les provoquent. La police fédérale du Brésil enquête sur cinq propriétaires fonciers qui pourraient être à l’origine des incendies criminels. De vastes zones sont dévastées pour qu’elles deviennent ensuite des pâturages, des champs de soja et d’autres monocultures.
Claudia Pinho, issue d’une communauté traditionnelle du Pantanal, s’indigne face aux discours cherchant à criminaliser les divers groupes ethniques de la région, ceux qui s’organisent justement pour affronter le feu, et ce, sans soutien.
Une autre chose qui nous préoccupe beaucoup est la narrative des propriétaires fonciers soutenant que le feu du Pantanal n’est pas de leur faute. Ils blâment parfois indirectement ou même directement les communautés, les terres autochtones du Pantanal. Je me suis battue longtemps, mais maintenant ils disent qu’ils sont les vrais pantaneros, que cela ne s’était jamais produit auparavant car ils ont toujours veillé à la conservation de la région. Il y a même un dicton qui dit qu’ils sont dans le Pantanal depuis plus de 300 ans. Cela nous blesse. Car ils nous volent l’identité de la communauté traditionnelle du Pantanal. Parce que lorsqu’ils disent qu’ils sont les véritables pantaneros, c’est comme si les autres n’existaient pas. C’est devenu très diffusé. C’est donc très compliqué.
Contrôler les incendies en Amazonie et au Pantanal s’avère d’autant plus difficile depuis que Bolsonaro a coupé près de 60% du budget dédié à l’emploi de personnel de prévention et de contrôle des incendies forestiers.
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Photo : AFP