Montréal, 18 mars 2015 – Le CDHAL se solidarise avec les mouvements de résistance contre les mégaprojets hydroélectriques qui s’implantent sur différents territoires sans aucune consultation ni consentement de la part de la population et dénonce les effets néfastes d’un modèle énergétique basé sur la marchandisation et la dépossession des biens communs.
Les impacts sont immenses car d’une part, ces projets affectent les écosystèmes des rivières, appauvrissent les moyens de subsistance des communautés et portent atteinte aux droits humains tout en contribuant à un modèle de développement injuste et non durable qui privatise la Terre et ses richesses en faisant payer les coûts à la population. D’autre part, ce vecteur du développement néolibéral bafoue de manière systématique la liberté d’expression des communautés en réprimant les actions citoyennes qui remettent en question ces projets, autant au niveau social et économique que culturel.
Depuis 1997, la Journée internationale d’action contre les barrages et pour les rivières, le 14 mars, est consacrée à la réflexion et aux actions pour la défense de nos rivières et renforce notre conscience collective face aux effets dévastateurs de la construction effrénée de barrages hydroélectriques partout dans le monde : destruction de zones habitées, populations déplacées, terres ancestrales accaparées, pans de culture et d’histoire esquintés, dégradation de la qualité de l’eau et de la terre, augmentation du niveau de mercure, augmentation des gaz à effet de serre ainsi que détérioration et diminution des ressources alimentaires.
Ces dernières années, la gronde populaire s’est fait sentir tant en Amérique latine, qu’en Amérique du Nord et qu’au Québec. Face à la férocité du modèle énergétique néolibéral, les communautés qui défendent le droit à l’autodétermination des peuples, l’accès à l’information, une compensation légitime, une alimentation saine et le droit de vivre dans la dignité voient leurs actes réprimés et criminalisés.
Dans bien des cas, l’atteinte à la liberté d’expression est flagrante . Dans d’autres, la répression se fait de manière plus indirecte, à travers les rouages politiques et médiatiques du pouvoir trop souvent en faveur du bénéfice de quelques-uns, ce qui a pour impact la dépossession du bien commun. Consultations menées comme des mascarades, espaces de diffusion restreints, restriction de la participation citoyenne: les moyens sont mis en place afin de taire l’opinion publique.
C’est dans ce contexte que le CDHAL dénonce la répression et le musellement de l’expression de la population et dénonce la poursuite de la Corporation du parc régional de Val-Jalbert pour 34 345$ à laquelle fait face Nicolas Andrade qui a pris part au débat public entourant le projet de centrale hydroélectrique sur le site patrimonial et touristique, en créant un site Web parodique et satirique.
Un tel déséquilibre du pouvoir est loin d’être une caractéristique simplement locale. Ce modèle est reproduit dans bien des pays et des communautés, où la liberté d’expression connaît le même sort. Les arrestations arbitraires de la part des forces de l’ordre lors de manifestations pacifiques sont chose commune dans bien des pays d’Amérique latine. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé le 13 mars 2013 en Colombie avec 77 sympathisants du mouvement Rios Vivos qui manifestaient de manière pacifique contre la construction du projet Hydroélectrique Ituango (Antioquia-Colombia). Heureusement, les manifestants furent libérés quelques heures plus tard, mais encore une fois, de tels exercices de force criminalisent et fragilisent la population et les groupes qui prennent la parole.
C’est aussi le cas avec le Mouvement des personnes affectées par les barrages (MAB) au Brésil qui doit régulièrement faire face à des projets de développement énergétique insensés. Nous en avons l’exemple avec les personnes qui militent dans la région affectée par la centrale hydroélectrique de Belo Monte et qui sont fréquemment victimes de persécutions judiciaires. Le CDHAL dénonce la stratégie de l’entreprise énergétique qui consiste à diviser les organisations en place et à poursuivre individuellement les opposants du projet dans le but de décourager les communautés et d’écarter toute forme de résistance.
Pour atteindre les objectifs du “développement énergétique” actuel, les promoteurs de ce modèle ne reconnaissent en aucun cas la légitimité des groupes d’opposition et les perçoivent plutôt comme des perturbateurs intransigeants à saveur politique dont l’opinion est laissée pour compte. Cette analyse réductionniste et absurde tente de contenir les contestations et l’indignation populaire qui sont légitimes, mais surtout vitales à la survie et au bon fonctionnement des communautés et de la société.
C’est pour toutes ces raisons que le CDHAL se joint aux 36 pays qui ont dénoncé les injustices le 14 mars dernier. Les générations actuelles et futures ont le droit à des rivières saines, vivantes et libres! Nous saluons et appuyons la mobilisation qui a eu lieu lors de la Journée internationale d’action contre les barrages et pour les rivières.