27 juin 2021
L’Articulation des peuples autochtones du Brésil (APIB), en collaboration avec toutes ses organisations de base, a entamé le dimanche (22 août) la mobilisation nationale « Lutte pour la vie », à Brasilia. Les activités se déroulent jusqu’au 28 août et visent à revendiquer des droits et à promouvoir des actions contre l’agenda anti-autochtone qui se dessine au sein du Congrès national et du gouvernement fédéral. Le procès inscrit à l’ordre du jour du Tribunal suprême fédéral (STF) le 25 août pourrait définir l’avenir de la démarcation des terres autochtones. En effet, ce procès sera également accompagné par la mobilisation.
Le mouvement autochtone dénonce sans relâche l’aggravation de la violence contre les peuples autochtones tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leurs territoires traditionnels. L’APIB et toutes ses organisations de base régionales diffusent ces informations dans la presse, dans les réseaux sociaux et formalisent les dénonciations dans les instances juridiques nationales et internationales. Le 9 août, date qui marque la Journée internationale des peuples autochtones, l’APIB a déposé une déclaration sans précédent auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour dénoncer le gouvernement Bolsonaro comme responsable de génocide et d’écocide.
« Nous ne pouvons pas nous taire face à ce scénario violent. Ce n’est pas seulement le virus de la Covid-19 qui tue nos peuples et voilà pourquoi nous avons décidé une fois de plus de nous rendre à Brasilia afin de continuer à lutter pour la vie des peuples autochtones, de la terre mère et de l’humanité. » – Sonia Guajajara, Coordinatrice exécutif, APIB
La mobilisation se déroule pendant sept jours à la capitale fédérale, suivant un programme intense de sessions plénières, de réunions politiques au sein des organes du gouvernement fédéral et des ambassades, de marches et de manifestations publiques. Pendant cette période, des autochtones de toutes les régions du pays camperont sur la place de la citoyenneté.
Le campement propose un programme intense de discussions politiques et de démonstrations culturelles. Toutes les activités seront menées par une équipe de communication collaborative composée principalement d’individus autochtones. « Il est nécessaire de donner de la visibilité et d’amplifier les voix du mouvement autochtone dans son ensemble. Dans ce scénario marqué par de nombreuses menaces, la communication joue un rôle essentiel et nous allons unir nos forces dans ce campement », souligne Erisvan Guajajara, coordinateur de Mídia Índia.
Le campement « Lutte pour la Vie » a élaboré des protocoles sanitaires visant à renforcer toutes les normes recommandées pour lutter contre la COVID-19. L’équipe sanitaire du campement comprend des professionnels de santé autochtones, en partenariat avec l’Association brésilienne de santé collective (Abrasco), la Fondation Oswaldo Cruz de Brasilia et Rio de Janeiro (Fiocruz DF et RJ), la Clinique de santé autochtone de l’Université de Brasilia (Asi/UNB) et l’Hôpital universitaire de Brasilia (HUB).
« Les recommandations sanitaires commencent à partir du moment où les délégations se mobilisent pour quitter leur territoire. L’APIB fait appel aux personnes qui ont déjà été entièrement vaccinées. » Dinaman Tuxá, Coordinateur exécutif, APIB
Le premier jour du campement (22) a été consacré à l’arrivée des délégations et à la mise en place de tests de masse pour la COVID-19, conformément aux protocoles sanitaires de la mobilisation.
Le lundi (23), le programme a prévu des rencontres politiques avec les dirigeants de tout le pays. Il y aura une plénière intitulée « Les cinq pouvoirs », qui vise à analyser la situation des pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire, populaire et spirituel. Ce jour-là, des rituels et des spectacles audiovisuels ont également été prévus.
Le point le plus important de la mobilisation « Lutte pour la Vie » est lié au jugement du Tribunal suprême fédéral, qui est considéré par le mouvement autochtone comme le procès le plus important du siècle concernant la vie des peuples autochtones.
La Cour analysera le procès de dépossession des terres intenté par le gouvernement de Santa Catarina contre le peuple Xokleng, concernant la terre autochtone (TI) Ibirama-Laklãnõ, où vivent également les peuples Guarani et Kaingang. La décision prise dans cet arrêt aura le statut « d’incidence générale » et servira de ligne directrice pour la gestion fédérale et toutes les instances de justice. Cette décision servira également de référence pour tous les processus, procédures administratives et projets législatifs concernant les procédures de démarcation de terres.
« Les peuples autochtones vivent un contexte politique très défavorable en raison de la gestion du gouvernement Bolsonaro, le premier président élu qui s’oppose ouvertement aux peuples autochtones. Depuis qu’il a pris le pouvoir, il a signé plusieurs actes qui contredisent la Constitution et les traités internationaux qui protègent les communautés autochtones et leurs territoires. Il est important de souligner que, dans ce contexte de pandémie, il est essentiel de réfléchir au rôle important que jouent les territoires traditionnels dans l’équilibre de l’humanité. Par conséquent, les terres autochtones, en plus de protéger le mode de vie des peuples autochtones, sont des biens publics fédéraux et garantissent l’équilibre climatique », souligne le coordinateur juridique de l’APIB Eloy Terena dans son article sur le procès devant la Cour suprême.
A ce titre, la programmation du campement « Lutte pour la Vie » (24 et 25 août) a été consacrée à des discussions, des actes et des manifestations concernant le procès, en soutien aux ministres de la Cour Suprême et contre la thèse du repère temporel.
Les jours qui suivront le jugement laisseront place aux débats portant sur les élections de 2022 et sur le renforcement des réseaux de soutien aux luttes des peuples autochtones. Le retour de l’ensemble des délégations est prévu pour le 28 août.
Source: APIB
Source photo: APIB