Alana Almeida de Souza – Instituto Socioambiental
- Introduction
Selon l’Inpe (l’Institut national des recherches spatiales), le taux de déforestation en Amazonie légale brésilienne pour l’année 2020 était de 10 851 km2 (1 085 100 hectares). Il s’agit du taux le plus élevé depuis 12 ans et il représente une augmentation de 7,13% par rapport à l’année 2019.
Cette note technique présente des analyses de la déforestation en considérant la valeur absolue de celle-ci, selon les données géospatiales de la hausse de la déforestation dans le biome amazonien (format shapefile), disponibles sur la plateforme TerraBrasilis (http://terrabrasilis.dpi.inpe.br/), qui totalisent 1 054 284,93 hectares. L’analyse utilise aussi la base cartographique des unités de conservation (UC) et des terres autochtones (TI) de l’Institut Socio-environnemental à l’échelle 1 : 100 000. Tous les calculs de surface ont été basés sur la projection sinusoïdale de -54.
En prenant en considération la période de deux ans de l’administration Bolsonaro (2019-2020), et en la comparant avec la période de deux ans précédente (2017-2018), l’augmentation de la déforestation a été de 48,31 %. Toutes les catégories de terres analysées ont présenté une variation positive en termes de pourcentage au cours de cette période biennale par rapport à la précédente. Cela veut dire qu’elles ont enregistré une augmentation de la déforestation (voir la figure et le tableau du thème suivant). Il s’agit des résultats attendus, compte tenu de la « restructuration » de l’ICMBio (Institut Chico Mendes pour la préservation de la biodiversité) et de l’Ibama (Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis) effectuée par le ministre Ricardo Salles. Il y a aussi la réduction du budget du portefeuille de ces entités, la baisse du nombre d’avis d’infraction, le scénario d’impunité des contrevenants et celui des sanctions infligées aux fonctionnaires qui agissent pour endiguer les crimes environnementaux.
- Aires protégées
Comme présenté dans les tableaux du rapport, le gouvernement Bolsonaro a provoqué des conséquences désastreuses pour toutes les catégories de propriété foncière analysées, en particulier pour les terres autochtones et les unités de conservation. Au cours de l’exercice 2019-2020, l’augmentation de la déforestation dans les terres autochtones a atteint 42,54%. Dans les unités de conservation d’utilisation durable, l’augmentation a atteint 63,15% et dans celles de protection intégrale, ce chiffre est de 57,41%. En 2020, 19 % du total de la déforestation ont eu lieu dans des zones protégées (IT + UC).
2.1 Unités de conservation (UC)
Les unités de conservation représentent 15% de la déforestation totale en 2020, soit 4% dans les UCF (unités de conservation fédérales) de dévelopment durable (US) ; 1% dans les UCF de protection intégrale (IP), 10% dans les UCE (unités de conservation régionales) d’utilisation durable, tandis que les UCE de protection intégrale représentent moins de 1% de la déforestation totale au cours de la période.
Les répercussions de l’administration fédérale sur notre patrimoine naturel deviennent évidentes lorsque nous comparons la déforestation dans les zones protégées sous administration fédérale et régionale au cours de la période biennale. Alors que les unités fédérales de conservation à usage durable (à l’exclusion des Zones de Protection envrionnementale) et les zones intégralement protégées ont connu une augmentation de la déforestation de 29,89% et 119,71%; les mêmes unités sous administration régionale ont connu une augmentation de 35,55% et une diminution de -26,05%, respectivement. Les Zones de protection environnementale fédérales et régionales ont connu une hausse de la déforestation, mais celle-ci a été beaucoup plus importante dans les unités sous administration fédérale – une augmentation de 90,88% par rapport à 58,21% sous administration régionale.
2.1.1 Unités de conservation fédérales (UCF)
L’étude a analysé 145 unités de conservation fédérales (UCF), dont 86 étaient affectées par la déforestation (27 de protection intégrale et 59 d’utilisation durable). La somme de la déforestation dans les UCF en 2020 était de 52 187,55 hectares. Il faut souligner, cependant, que les 20 UCF les plus déforestées représentaient 91% de la déforestation totale des UCF au cours de la période, ce qui indique une pression intense sur un petit nombre d’UCF. Les tableaux présentés dans le rapport, indiquent les 20 UCF les plus déboisées en 2020, par ordre décroissant. Le rapport fournit aussi une carte qui représente l’emplacement des UCF et la déforestation respective pour l’année 2020.
2.1.2 Unités de conservation régionales (UCE)
Nous avons analysé 184 UCE, dont 72 étaient affectées par la déforestation en 2020 (11 de protection intégrale et 61 d’utilisation durable). La somme de la déforestation dans les UCE en 2020 était de 107 217,98 hectares. Les 20 UCE les plus déboisées représentent 97,32% de la déforestation totale enregistrée dans les UCE. Le tableau dans le rapport, présente les 20 UCE les plus déboisées en 2020, par ordre décroissant, tandis qu’une carte présente la déforestation dans toutes les UCE.
2.2 Terres autochtones
L’avancée de la déforestation sur les terres autochtones au cours de cette période biennale est évidente : le rythme de destruction a augmenté de 42,54 %. Parmi les 382 terres autochtones analysées, 174 présentaient des zones de déforestation. Les 20 terres autochtones ayant la plus grande superficie déboisée en 2020 ne représentent rien de nouveau, car elles regroupent des zones ayant déjà connu des conflits avec des squatteurs, des bûcherons, des grileiros et/ou des travailleurs miniers. La grande « nouveauté” est l’augmentation moyenne de 534% de la déforestation de ces 20 terres pendant la biennale de Bolsonaro (2019-2020) par rapport à la biennale précédente (2017-2018). En d’autres termes, « l’effet Bolsonaro » a intensifié la déforestation dans les terres autochtones qui présentaient déjà des situations de conflit entre individus Blancs et autochtones. Ces 20 terres représentent 81,46% du total des terres autochtones déboisées.
PS: L’étude technique en question est composée de plusieurs tableaux et graphiques importants pour appuyer l’analyse. Pour accéder à l’intégralité de l’article en portugais, cliquez sur ce lien.
Les termes et les acronymes utilisés dans cette traduction n’ont pas d’équivalent en français. Ce sont des définitions tirées de la législation brésilienne concernant les aires protégées du pays.
Aires Protégées: catégorie qui inclue les aires protégées et les terres autochtones, quilombolas et des peuples traditionnels.
Terres autochtones: Aires Protégées occupées par des peuples autochtones
Unités de conservation (UC): Aires Protégées définies par le gouvernement qui visent à préserver les ressources naturelles et la biodiversité biologique du territoire brésilien. Ces aires peuvent être des réserves de développement durable ou de conservation intégrale. Elles peuvent également être sous protection fédérale ou régionale.
- Unités de conservation fédérale (UCF): ce sont les unités de conservation protégées par le gouvernement fédéral Brésilien
- Unités de conservation régionale (UCE): ce sont les aires protégées par les gouvernements régionaux brésiliens
- Unité de conservation de développement durable ou réserve de ressources naturelles gérées (UC): aires où l’usage modéré des ressources naturelles est permis tout en assurant la conservation de l’environnement.
- Unité de conservation intégrale ou réserve naturelle intégrale: aires où l’objectif principal est la préservation de la nature. L’utilisation indirecte de ses ressources est permise dans certains cas.
- Zone de protection environnementale: Il s’agit d’un type d’UC. Ses objectifs fondamentaux sont de protéger la diversité biologique, de réglementer le processus d’occupation et de garantir une utilisation durable des ressources naturelles dans ces territoires. Ce sont de vastes zones présentant un certain degré d’occupation humaine.
Source: Instituto SocioAmbiental
Source photo: Instituto Socioambiental