En tant que Comité pour les droits humains en Amérique latine, nous nous joignons à tous les Québécois et Québécoises dans le soutien aux victimes de la catastrophe ferroviaire survenue le 6 juillet dernier au Lac-Mégantic. Nous souhaitons également informer sur les faits afin que cette tragédie ne vienne pas se répéter.
Ainsi, dans la nuit du vendredi 5 au samedi 6 juillet un train de la compagnie américaine Montréal, Maine and Atlantic Railway, s’est d’abord arrêté dans la ville de Nantes aux alentours de 23h30 afin que le conducteur puisse se retirer dans un hôtel pour dormir. Mais, un incendie se déclare peu après dans la locomotive. Les pompiers y mettent fin et repartent, laissant alors le train aux mains de deux représentants de la Montréal Maine and Atlantic Railway. La locomotive est alors stationnée en haut d’une pente et se met à la dévaler, pour une raison encore inconnue, à 0h56; se dirigeant tout droit jusqu’au village de Lac-Mégantic. A forte vitesse, cinq locomotives se détachèrent et le reste du convoi dérailla, provoquant une série d’explosions à proximité du lieu central du village, le bar Musi-Café rempli à cette heure-ci de la nuit.
Au moment d’écrire ces lignes, la Sûreté du Québec dénombre 47 victimes, ce nombre inclut les disparus dont les corps n’ont pas encore été retrouvés. C’est alors en leur mémoire ainsi qu’en soutien à leurs proches que nous tenons à dénoncer le manque de réglementations et de surveillance à l’égard de ces industries.
De plus, cette catastrophe est également environnementale puisque suite à ce déraillement, la cargaison de pétrole s’est échappée à travers le réseau d’égout vers le lac Mégantic et la rivière Chaudière. Entre 100 000 et 120 000 litres de pétrole brut semblent s’être répandus dans la rivière Chaudière. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs mobilisa des spécialistes dès la nuit du 6 juillet afin que la récupération du pétrole dans les cours d’eau soit opérationnelle dès le lendemain. De même, afin de prévenir tout risque sanitaire, plusieurs municipalités riveraines (Saint-Georges, Sainte-Marie, Lévis…) informent leurs citoyens sur les risques à consommer de l’eau du robinet et construisent des conduites d’eau potables temporaires afin d’alimenter leurs résidents à partir d’autres cours d’eau.
Se pose alors la question du danger de l’acheminement du pétrole puisque nous pouvons noter un accroissement des projets de transport de pétrole par rail (en 2009 les volumes transportés au Canada ne représentaient que 500 wagons, ils sembleraient atteindre aujourd’hui les 140 000 wagons) ou oléoduc alors même que les accidents sont de plus en plus nombreux. Pas une semaine ne se passe en Amérique du Nord sans qu’un déversement de pétrole ne soit à déplorer. Nous devons pour cela réagir afin qu’un autre drame comme celui du Lac-Mégantic ne nous frappe pas à nouveau.
Ici, vous pouvez voir la lettre envoyée par le CDHAL au Premier Ministre Stephen Harper et à la Première Ministre du Québec Mme. Pauline Marois.
Madame la Première Ministre Marois,
Monsieur le Premier Ministre Harper,
Au nom du Comité pour les droits humains en Amérique latine, nous tenons à vous faire part de notre profonde tristesse mais aussi colère suite à la catastrophe ferroviaire qui frappa le Lac Mégantic le 6 juillet dernier.
Nous sommes une organisation non partisane à but non lucratif qui œuvre à la promotion du respect des droits humains en Amérique Latine et travaillons en priorité sur les violations commises par des entreprises transnationales sur les droits humains.
Nous voyons alors un lien direct entre nos mobilisations et cette catastrophe puisque celle ci souligne un cruel manque de réglementation et de surveillance à l’égard de ces industries. En effet, nous tenons à informer la population sur le nombre croissant de déversements de pétrole partout en Amérique du Nord et vous demandons pour cela de suspendre la signature de nouveaux projets tant que la sécurité de nos communautés ne pourra pas être assurée.
Au moment où le Québec est en train de devenir une voie privilégiée d’exportation de pétrole vers les États-Unis et autres marchés mondiaux, nous devons nous mobiliser afin que le respect de la vie de nos communautés passe avant toute autre préoccupation. Elles doivent également être informées des risques encourus et pouvoir participer aux négociations qui porteraient atteinte à leur territoire.
Nous aimerions être tenus au courant des démarches que vous allez entreprendre pour réparer les dommages environnementaux et humains et qu’une nouvelle catastrophe de la sorte soit évitée.
Cordialement,
COMITÉ POUR LES DROITS HUMAINS EN AMÉRIQUE LATINE – CDHAL
Vous pouvez écrire aussi une lettre à:
Premier Ministre Stephen Harper: pm@pm.gc.ca
Première Ministre Pauline Marois: marie-france.deschamps@mce.gouv.qc.ca, sylvie.alain@mce.gouv.qc.ca