Publié par Aldo Anfossi, 7 mai 2024
Santiago. Héctor Llaitul Carrillanca, chef de l’organisation autonomiste/insurrectionnelle mapuche Coordinadora Arauco Malleco (CAM), a été condamné par un tribunal chilien à 23 ans de prison pour des délits de droit commun – vol de bois, menace à l’autorité – et contre la sécurité de l’État (attaque armée et incitation à l’ordre public).
Le ministère public avait requis 25 ans d’emprisonnement.
Le tribunal oral de Temuco, la capitale de la région de l’Araucanía où il a été jugé, lui a également refusé tout bénéfice de la prison en décidant que « puisque le condamné ne remplit pas les conditions établies par la loi 18.216, il ne bénéficie d’aucune des peines alternatives prévues par cette loi, et doit effectivement purger les peines de prison dans l’ordre successif, en commençant par la plus grave, qui sera comptabilisée à partir du 25 août 2022 ».
Avant l’annonce de la sentence, M. Llaitul a déclaré au tribunal, d’une voix forte, que « ce sera sûrement une sentence dans laquelle je recevrai toute la force de l’État à cause de ce même choc culturel, que nous ne pouvons pas nous comprendre et qu’il y aura un conflit permanent », a-t-il prédit.
« Il s’agit de l’impossibilité de comprendre la cause mapuche, parce qu’il s’agit d’un peuple en mouvement pour ses droits fondamentaux, et l’État chilien », a-t-il ajouté.
Avant l’annonce de la décision, le gouvernement du président Gabriel Boric, qui, depuis mars 2022, a prolongé un régime d’urgence constitutionnel qui militarise la « macro-zone sud » – où opèrent quelque cinq groupes d’insurgés mapuches – a annoncé qu’il avait ordonné à l’armée de déployer davantage de troupes afin de prévenir les réactions à la décision.
Ceci est dû à la crainte d’une répétition d’une attaque similaire à celle qui a causé la mort de trois policiers le 2 mai, une embuscade qu’aucun groupe insurgé n’a revendiquée et qui, au contraire, a été dénoncée par l’un d’entre eux – le Weichán Auka Mapu (WAM), traduit par Lutte du Territoire Rebelle – comme étant contraire aux objectifs de la cause mapuche.
Les organisations soutenant la cause mapuche ont annoncé qu’elles entreprendraient des actions pour rejeter la sentence.