La nuit du premier août est devenue l’un des moments les plus misérables et les plus décadents des 30 dernières années en matière de pratiques racistes. Des hordes de péonages anti-mapuches et des agents de l’État ont commis des actes de violence et ont diffusé des propos racistes dans la région d’Araucanía, qui est reconnue comme étant un endroit dirigé par des groupes liés aux intérêts des propriétaires de latifundia colonialistes et des hommes d’affaires d’extrême droite hyper-idéologiques.
Alors que les membres des communautés Mapuches maintenaient l’occupation des municipalités communales de Victoria, Collipulli, Galvarino, Angol, Curacautín et Traiguén dans la province de Malleco, comme une forme de protestation contre la discrimination et l’état critique de 27 prisonniers mapuches en grève de la faim dans les prisons d’Angol, de Lebu et de Temuco, des groupes en hordes sous le contrôle des militaires et des Carabineros ont mené des attaques visant à lyncher les occupant.e.s, y compris des femmes et des enfants.
Les événements se sont déroulés sous l’inaction des agents de l’État, qui ont permis le libre passage des groupes armés. Ils ont détruit diverses infrastructures municipales et brûlé deux véhicules de membres de la communauté mapuche qui occupaient Curacautín, en sautant et en criant « Celui qui ne saute pas c’est le Mapuche ».
Des incidents similaires ont eu lieu dans les communautés de Victoria et de Traiguén, où d’importants incendies ont été déclenchés. De nombreux témoignages d’actes d’harcèlement et de violence contre des individus et des familles liés à des causes mapuches ont également été enregistrés. Le peuple mapuche a aussi été victime de fausses publicités tentant de les accuser de certaines attaques qui ont eu lieu pendant la nuit du premier août alors que les groupes racistes passaient librement, sans aucun contrôle, dans les différentes communes de la région.
Ce dimanche, La Defensoría Popular, organisation non gouvernementale de Santiago, a déposé la première action en justice contre le ministre de l’Intérieur, Víctor Pérez, « pour les actes de violence subis par différentes communautés autochtones aux premières heures de la nuit dernière, particulièrement dans les communes de Curacautín et Victoria ».
Le ministre Pérez est reconnu avoir été lié à Paul Shaffer et à des groupes criminels contre l’humanité à Cologne Dignité. Il s’est rendu à Araucanía et a été accusé d’avoir déclenché une atmosphère de violence et de n’avoir rien fait pour empêcher les attaques, alors qu’il était au courant de ces actes.
Avant ces graves événements, la soi-disant « Association pour la paix et la réconciliation de La Araucanía (APRA) », a été accusée d’avoir lancé une campagne qui a encouragé des actes dehaine, de violence et de racisme. L’APRA a lancé des appels ouverts à travers les réseaux sociaux pour générer des attaques et porter de nombreuses accusations de « terrorisme mapuche », ce qui a favorisé un climat de confrontation constant. L’APRA est liée à des groupes d’affaires et propriétaires de latifundia qui entretiennent des conflits fonciers avec les communautés mapuches.
Grand rejet de la horde raciste
En réponse à ces épisodes de racisme, de grandes manifestations ont commencé à avoir lieu dans différentes régions du Chili pour rejeter les actes anti-Mapuches. Des rassemblements massifs continuent d’être convoqués tout au long de la semaine dans l’optique de condamner les pratiques racistes et violentes qui ont eu lieu.
De son côté, la Confédération Mapuche de Neuquén a exprimé sa solidarité avec les communautés Ngululche et a signalé : « Une fois de plus, les propriétaires terriens et la droite chilienne montrent leur brutalité. Avec un plan sans originalité, exprimant leur racisme et leur violence, ils ont fait irruption hier soir à Curacautín pendant l’occupation pacifique de la municipalité. Ils sont arrivés en donnant des coups et avec des chants racistes, laissant des dizaines de blessé.e.s parmi la famille mapuche. Le tout face à la passivité des forces armées. C’est la même brutalité qu’ils ont utilisée dans la pacification de l’Araucanía, dans la conquête du désert, dans chaque coup d’État et pour chaque Mapuche tué.e. »
Ils soulignent : « Le peuple chilien doit manifester contre la violence raciste. Nous ne nous abaisserons pas à reproduire la haine raciale qu’ils veulent installer. Ce n’est pas le peuple chilien contre le peuple mapuche. Une fois de plus, les hommes d’affaires et les propriétaires terriens voient dans la réparation de la justice historique pour le peuple mapuche, la perte de leurs privilèges qu’ils ont obtenus au prix du génocide dans le passé et de l’inégalité sociale actuelle. L’avenir se trouve dans l’union de la grande majorité contre cette minorité privilégiée qui réprime pour ne pas perdre les privilèges qu’ils nous ont dérobés pendant des siècles, et ce, dans le cadre de l’État plurinational où nous exercerons pleinement notre autodétermination en tant que nation originaire. »
Les prisonniers Mapuche en grève de la faim
En ce moment, 27 prisonniers sont en état critique dû à une grève de la faim qu’ils ont entamé le 4 mai, résultant en plus de 90 jours de jeûne. La liste est la suivante : Centre pénitencier de Angol, qui sont en grève de la faim depuis le 4 mai : Sergio Levinao Levinao, Víctor Llanquileo Pilquimán, Juan Queipul Millanao, Juan Calbucoy Montanares, Freddy Marileo Marileo, Danilo Nahuelpi Millanao, Reinaldo Penchulef Sepúlveda et Hantu Llanca Quidel et Antu Llanca Quidel; Centre pénitencier de Temuco, qui sont aussi en grève de la faim depuis le 4 mai : Machi Celestino Córdova Tránsito, autorité spirituelle traditionnelle du peuple Mapuche; Centre pénitencier de Lebu, en grève de la faim depuis le 5 juillet; Eliseo Raiman Coliman, Matías Leviqueo Concha, Carlos Huichacura Leviqueo, Manuel Huichacura Leviqueo, Esteban Huichacura Leviqueo, Guillermo Camus Jara, Cesar Millanao Millanao, Orlando Saez Ancalao, Damian Saez Saez, Robinson Parra Saez et Oscar Pilquiman Pilquiman; Centre pénitencier de Temuco, qui sont en grève de la faim depuis le 19 juillet : Daniel Canio Tralcal, Facundo Jones Huala, José Cáceres Salamanca, Juan Cheuqueta Cheuquepil, Fermín Marquez Inal, Cristhofer Pino Curin, Victor Marileo Ancapi.
À cet égard, il a été souligné que le gouvernement se montre trop dur envers les prisonniers politiques mapuches, ignorant les organisations de défense des droits humains, en mettant gravement en péril l’intégrité physique des prisonniers.ères par son refus d’établir des canaux de dialogue et de trouver une solution au problème. Les prisonniers.ères mapuches en grève de la faim ont été victimes de persécutions et d’une criminalisation abusive de la part de l’État et de certains groupes économiques.
L’une des plaintes qui a été formulées est que le gouvernement a exclu ce groupe du champ d’application de la loi sur les pénitenciers en temps de Covid-19, qui a été appliquée à plus d’un tiers de la population carcérale au Chili. Cette discrimination impliquerait la responsabilité directe du ministre de la justice, Hernán Larraín, qui a également refusé aux prisonniers.ères mapuches une série de mesures que le système carcéral lui-même accorde, telles que l’accès aux centres d’études et de travail ou le droit à l’éducation ou à la formation, ainsi que l’application des normes internationales relatives aux droits autochtones, telle que la Convention 169 de l’OIT.
Par l’équipe des communications Mapuche
Photo : Indymedia Argentina