L’Institut d’études pour le développement et pour la paix (Indepaz), avec Marcha Patriótica et le Sommet agraire paysan ethnique et populaire ont présenté le rapport sur les agressions des défenseur.e.s et leaders sociaux depuis la signature de l’Accord de paix. Ce rapport spécial réunit les données du 24 novembre 2016 jusqu’au 15 juillet 2020. Il s’agit d’une enquête basée sur les nouvelles, les communiqués et les dénonciations publiques présentées par les organisations, groupes sociaux et personnes défenseures des droits humains.
Le premier chiffre présenté est celui des 971 personnes leaders sociaux et défenseur.e.s des droits humains assassinées depuis 2016. 21 ont été enregistrées en 2016 ; 208 en 2017 ; 287 en 2018 ; 253 en 2019 et 53 au premier trimestre de 2020.
Depuis le gouvernement Iván Duque, 553 personnes défenseures des droits humains ont été assassinées en Colombie. Tandis que pendant la présidence de Juan Manuel Santos, de juillet 2016 au 7 août 2018, 459 meurtres ont été enregistrés.
Concernant le registre 2020, 166 homicides ont été signalés. Le mois de janvier présente le plus de cas, suivi de février, mai et juin. Jusqu’à présent, en juillet, 9 cas ont déjà été enregistrés.
En ce qui concerne l’analyse des territoires, le rapport indique que dans 29 départements, parmi les 32, des cas ont été déclarés et que parmi 1 123 municipalités, il y a eu des homicides dans 125 de celles-ci. Sans aucun doute, le plus grand nombre d’assassinats se trouve dans le département de Cauca, où 226 cas ont été enregistrés depuis 2016, avec le plus grand nombre en 2019, soit 72 cas.
L’étude montre qu’il existe une tendance d’agressions dans les mêmes départements. Au cours des années étudiées, Cauca et Antioquia sont toujours en tête de liste.
Les défenseur.e.s des droits humains les plus ciblé.e.s se trouvent dans les communautés paysannes
Les organisations ont mené une étude sur la tendance des agressions dans les différents secteurs sociaux. Le rapport indique que les plus hauts taux d’assassinats sont dans le secteur paysan avec 342 cas, suivi des communautés autochtones avec 250 cas les organisations de la société civile (124) et les afro-descendants (71).
Suivant cette logique, le taux d’homicides le plus élevé se trouve dans les zones rurales, avec 261 cas depuis 2016 et un pic en 2018 (209 cas), tandis que dans les zones urbaines, 290 cas ont été enregistrés, avec environ 89 cas en 2018 et 2019.
Il est également noté que les auteurs présumés des assassinats des défenseur.e.s et des dirigeant.e.s sont principalement des inconnus ou des tueurs à gages, suivi des narco-paramilitaires, dissidents des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et de l’ELN (L’Armée de libération nationale), de sorte que 10% des cas en 2017 et 4% des cas en 2019 sont attribuables à des membres de la Force publique.
211 meurtres dans 21 départements d’anciens combattants des FARC
Le rapport met en évidence l’augmentation des attaques contre les signataires de la paix, ayant enregistré depuis la signature de l’Accord de paix un nombre de 211 ex-combattants tués, avec les nombres les plus élevés dans le département du Cauca (37), de Nariño (25 ) et d’Antioquia (24). À ces chiffres, s’ajoute 16 ex-guérilleros disparus de force en Colombie, selon les données enregistrées jusqu’au 21 février 2020.
A cela s’ajoute les violences sociopolitiques sous le gouvernement Duque, avec 11 homicides au milieu d’affrontements, 12 disparitions forcées d’ex-combattants ou de leurs familles, 45 tentatives d’homicide, et un total de 138 cas mortels qui correspondent à des signataires de la paix et 20 cas mortels à un membre de leur noyau familial.
Il faut aller au-delà des chiffres
Leonardo González, coordinateur de projet pour Indepaz, et auteur de ce rapport, a souligné qu’avant de visionner le document, il fallait prendre en compte le contexte social des territoires. Se sont des faits qui n’ont pas été enregistrés simplement ces derniers mois, mais plutôt qui correspondent à des actes de violence historique dans le pays.
« Quand vous lisez un rapport sur les assassinats de dirigeant.e.s sociaux, vous devez vous demander ce qui se passe. Pourquoi ces personnes sont assassinées? Quels sont les intérêts? Quelle est l’histoire de la communauté qui y vit? », A déclaré González.Il a ajouté que ce travail aide à voir le contexte, ainsi que des solutions et des recommandations.
L’analyste a divisé les recommandations en deux catégories, soit à court et à long terme. À commencer par le renforcement des systèmes d’autoprotection, reflété dans la Garde autochtone, Cimarrona et Campesina : « Présent dans différents territoires, cela a contribué à l’accomplissement de l’Accord de paix sur les pactes de non-violence ».
“ »Ils tuent parce qu’il est beaucoup plus facile de mettre fin à la vie d’une personne que de discuter avec elle, d’essayer de la convaincre ou de négocier avec elle, une action qui s’accompagne souvent de stigmatisation dans la plupart des cas.”
Enfin, Leonardo González a souligné qu’une analyse plus approfondie du narco-paramilitarisme devrait être menée, en considérant ses différentes composantes politiques et économiques et pas seulement à partir d’une vision armée.
Photo : Resumen Latinoamericano