Dans un contexte de violence armée, les autorités poursuivent et expulsent les communautés de pêcheurs et de mineurs artisanaux (barequeros) des municipalités d’Ituango et de Briceño Antioquia affectées par Hidroituango.
Actuellement, la communauté des barequeros et des pêcheurs située en aval du mur d’Hidroituango est attaquée par la police et encerclée par l’armée nationale. Deux véhicules blindés sont entrés dans la zone très tôt le matin et ont détruit une douzaine de maisons dans la juridiction de Briceño dans le secteur de Capitán, bien qu’ils n’aient pas prévenu les autorités de la mairie de cette municipalité. Avec la même machinerie qui détruit les montagnes et la rivière, ils détruisent les habitations.
De nombreuses familles se réfugient dans les montagnes pour fuir l’attaque, l’armée a tiré sur quelques-unes des familles en fuite, on entend des grenades assourdissantes et on observe des gaz lacrymogènes. Il semble que ces grenades aient provoqué un incendie, dont nous ignorons la cause, mais qui a mis en danger la population et l’écosystème. Avec les gaz lacrymogènes et les tirs, les quelques animaux qui restent après la catastrophe de Hidroituango fuient également.
A Ituango, les forces armées sont arrivées sur les plages de Tesalia pour expulser la population, la première maison a été celle de Juliana Sucerquia Ortiz, 17 ans, qui était avec sa mère âgée, deux policiers lui ont dit qu’elle devait partir. Sans dire un mot, ils l’ont obligée à partir, en la maltraitant. Sous la pression qu’ils exercaient avec leurs mains sur son corps elle se sentait asphyxiée. En la sortant de force de la zone, la laissant dans la douleur et sans lui permettre de sortir les affaires de la famille, elle a été emmenée au centre de santé du chantier de Hidroituango. Tout cela s’est passé devant Irene Legarda qui n’a rien fait pour défendre les droits de la mineure. De toute évidence, cette fonctionnaire du Ministère Public n’est pas là pour protéger les droits des citoyen.ne.s mais au service de l’entreprise EPM (Empresas Públicas de Medellín) pour défendre leurs intérêts et agir contre la communauté.
Depuis le dimanche 14 mars 2021, les escadrons anti émeutes (ESMAD) sont arrivés dans les campements de la société EPM, qui leur fournit le logement, la nourriture et tout le confort, les communautés et les leaders sociaux ont appelé toutes les autorités sans recevoir de réponse pour clarifier la situation. La communauté n’a, à aucun moment, reçu de la moindre autorité judiciaire une notification d’expulsion. La date de l’expulsion n’était pas connue et il n’existait aucun plan de réinstallation, ce qui constitue une violation manifeste de la procédure régulière.
Tout cela intervient dans un contexte de terreur instaurée par des acteurs criminels dans la région, des groupes illégaux ont menacé et déplacé la population rurale, hier plusieurs familles ont été déplacées de Santa Ana et récemment plus de 500 personnes ont été déplacées dans la ville d’Ituango et ont dû retourner dans les villages sans aucune garantie des autorités. Aux premières heures de ce matin, un bus de transport public a été incendié sur la route menant du chantier à Ituango, à quelques minutes de la capitale municipale. Cependant, les autorités sont déterminées à poursuivre les modestes communautés qui trouvent leurs moyens de subsistance dans le fleuve et non les criminels qui attaquent, extorquent, déplacent, intimident et commettent des crimes contre la population.
La communauté des pêcheurs et des barequeros risque sa vie dans cette zone parce que Empresas Públicas de Medellín a refusé de réparer et de compenser la perte des moyens de subsistance de cette population et qu’elle n’a aucun autre moyen de survivre.
Source et photo: Movimiento Rios Vivos – Colombia