La dirigeante du mouvement Rios Vivos de Colombie, Isabel Zuleta, décrit la situation d’exacerbation de la violence et d’autres menaces subies par les communautés dans la zone affectée par le mégaprojet Hidroituango.
Alors qu’on commémore la Journée internationale de l’eau le 22 mars, le Mouvement Ríos Vivos dénonce les différentes formes de violence que subissent les communautés affectées par le mégaprojet hydroélectrique Hidroituango. Pour la dirigeante du mouvement, Isabel Zuleta, ces communautés défenseures de l’eau et de la vie sont confrontées à une véritable crise humanitaire.
“En ce moment, nous souffrons d’une situation dans laquelle il y a une persécution constante de la part de Empresas Publicas de Medellin (EPM) qui expulsent les communautés qui ont tout perdu avec les inondations illégales causées en 2018, puis avec l’avalanche générée par l’effondrement d’un des tunnels du mégaprojet hydroélectrique Hidroituango. Ces communautés ont dû continuer à aller chercher leurs moyens d’existence et de subsistance dans le fleuve, et ce, en allant jusqu’à mettre leur vie en danger sous le mur du barrage et à la queue du réservoir. Les familles sont toutes menacées d’expulsions forcées générées par cette même entreprise avec la complaisance du gouvernement d’Antioquia, actionnaire majoritaire du mégaprojet, et des autorités locales qui reçoivent des ressources de cette entreprise millionnaire. EPM a coopté l’État régional, local et même national qui devraient les réguler. La situation est d’autant plus grave que dans ces mêmes zones se trouvent des titres miniers détenus par des multinationales telles que ZiJin-ContinentalGold, Cerro Matoso et d’autres sociétés. Et puis il y a l’exacerbation du conflit armé et de la violence sociopolitique dans les conflits territoriaux entre acteurs illégaux. Au moins cinq groupes armés se disputent ce territoire pour les revenus illicites de la coca, de l’exploitation minière illégale, de la traite des êtres humains et du trafic d’armes. C’est une situation très complexe et très douloureuse, où nous avons des déplacements permanents, des expulsions forcées, une crise humanitaire en somme. La montée du fleuve avec les événements climatiques extrêmes qui se produisent est également inquiétante. Il y a eu une augmentation de 40% des précipitations par rapport à l’année précédente, un réservoir avec un déversoir plein qui n’a nulle part où aller pour l’eau, puisqu’il n’y a pas de connexion avec le fleuve de l’autre côté, c’est le déversoir qui ouvre ses vannes et cela devient une nouvelle menace. Il n’y a pas d’information transparente sur l’ouverture des vannes et il n’y a pas d’information transparente sur les crues du fleuve. Ce qui était autrefois le cycle naturel devient aujourd’hui, en raison de la crise climatique et de la situation spécifique de Hidroituango, une menace d’inondation et une menace pour la vie de la population”.
Écoutez la nouvelle audio Colombie : les communautés affectées par le mégaprojet Hidroituango dénoncent la crise humanitaire du Comité pour les droits humains en Amérique latine
Source photo : Movimiento Ríos Vivos (Facebook)