Communiqué conjoint de la famille de Berta Cáceres, du Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH), du Comité municipal pour la défense des biens communs et publics de Tocoa et des familles des défenseur.e.s de l’eau Guapinol illégalement emprisonné.e.s après l’annonce de la liste des finalistes du prix Sakharov.
Lundi 12 octobre, Berta Cáceres et huit défenseur.e.s de la rivière Guapinol, illégalement emprisonné.e.s au Honduras, ont été honoré.e.s par le Parlement de l’Union européenne et sélectionné.e.s parmi un groupe de trois finalistes pour le Prix Sakharov 2020 pour la liberté de l’esprit,soit la plus haute distinction de cet organisme européen qui honore les personnes et groupes de personnes ayant consacré leur vie à la défense des droits humains.
Avec cette nomination comme finalistes, le Parlement européen reconnaît la lutte mondiale légitime et nécessaire pour la souveraineté autochtone, la défense de l’eau et du territoire et prend une mesure nécessaire pour sauver notre planète, les rivières et toute la vie sur la Terre Mère. Les parlementaires comprennent le rôle dévastateur du capitalisme extractif qui détruit des vies pour servir un modèle économique qui est en train de tuer notre planète et ceux et celles qui la défendent.
Le Honduras est l’un des endroits les plus dangereux au monde pour protéger les rivières, le territoire et pour défendre l’environnement. La lutte pour l’autonomie et l’autodétermination donne lieu à des attaques constantes et brutales contre les peuples autochtones et garifunas qui exercent nos droits. Le tissu social des communautés rurales est détruit lorsque nous nous levons pour protéger les biens communs, par la violence, la corruption et la criminalisation. Nous, les peuples, sommes exclus des décisions qui nous touchent directement, mais nous en subissons la plupart des conséquences mortelles.
Quatre ans et demi après le meurtre de Berta Cáceres, les auteurs intellectuels du crime impitoyable commis contre elle restent non seulement impunis, mais leurs projets d’extraction sanglants restent intacts. C’est la famille de Berta et son organisation qui sont la cible de campagnes de diffamation pour exiger une justice globale. Pendant ce temps, l’organisation qu’elle a fondée, le Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH), est systématiquement exclue de la participation aux processus judiciaires qui la concernent. En outre, les communautés de Lencas, qui se soulèvent pour se protéger des projets d’extraction,sont constamment menacées.
Le Guapinol et les communautés de Tocoa sont pris.es entre les puissants cartels de la drogue et le capitalisme extractif, les groupes d’autodéfense et les politiciens qui y participent et en tirent profit. Au lieu de remplir ses obligations en matière de protection des communautés vulnérables, l’État hondurien perpétue la violence par la militarisation, la surveillance et les fausses accusations qui servent à protéger les intérêts des sociétés d’extraction. Les plus hautes juridictions s’avèrent être un élément important de cette alliance répressive et détiennent actuellement 8 défenseur.e.s en détention préventive arbitraire et injustifiée et 5 défenseur.e.s en persécution politique manifeste.
Le meurtre du camarade Arnold Joaquin Morazan, ce mardi, témoigne de la violence, de la terreur et des menaces systématiques auxquelles sont confronté.e.s les peuples autochtones et les communautés organisées qui luttent contre les entreprises extractives pour protéger l’eau et l’environnement au Honduras. Il s’inscrit dans un schéma pervers qui se répète dans le monde entier lorsqu’un peuple se lève pour mettre fin à un modèle économique basé sur le pillage et démontre également l’impunité dans laquelle le modèle extractif évolue dans le pays.
Cette nomination est un appel important à l’attention de la communauté internationale qui reconnaît le travail de défense de la Terre Mère. C’est un appel à l’État du Honduras pour qu’il mette fin aux menaces, aux attaques et aux persécutions contre les personnes qui défendent leurs droits et ceux de la planète, mais également aux banques et aux entreprises extractives pour qu’elles mettent fin à leurs investissements mortels.
« Nos consciences seront ébranlées par le fait que nous n’envisageons que l’autodestruction basée sur la prédation capitaliste, raciste et patriarcale. Le fleuve Gualcarque nous a appelés, ainsi que d’autres qui sont sérieusement menacé.e.s. Nous devons y aller. La Terre Mère militarisée, clôturée, empoisonnée, où les droits fondamentaux sont systématiquement violés, exige que nous agissions », – Berta Cáceres, 2015
Source: COPINH