Trudeau sommé d’agir rapidement pour mettre en œuvre des règles d’immigration équitables afin de garantir l’égalité des droits pour 1,7 million de personnes
Une coalition pancanadienne de migrant.e.s et de grands groupes de la société civile organisent des manifestations dans 12 villes le 18 septembre.
Ottawa, 14 septembre 2022 — Pour la première fois en un demi-siècle, le Canada va de l’avant avec un programme de régularisation pour les migrants sans papiers. Une coalition pancanadienne de migrants s’est unie aux plus grandes organisations canadiennes de défense des droits humains, climatiques, en matière de santé et de travail pour exhorter le gouvernement à garantir la résidence permanente aux 1,7 million de migrants à statut précaire, y compris la régularisation de tous les 500 000 sans-papiers. Des actions en faveur de la régularisation complète auront lieu dans 12 villes du pays le dimanche 18 septembre 2022 (voir ci-dessous la liste de toutes les actions). Plus de 480 organisations de la société civile soutiennent déjà cet appel à la justice en matière d’immigration.
Lors d’une conférence de presse en ligne aujourd’hui, Caroline Michael, travailleuse de la santé sans papiers, réfugiée nigériane à Toronto et membre de Migrant Workers Alliance for Change, a expliqué: « Les sans-papiers comme moi, nous sommes sous-payé.e.s et traité.e.s injustement par nos employeurs et nous n’osons pas les dénoncer aux autorités compétentes de peur d’être pris.e.s par la police. Nous tous et toutes, les migrant.e.s, devrions avoir le droit de vivre une vie humaine et ne pas être traité.e.s comme des animaux, ce qui signifie un statut de résident permanent pour tous et toutes, sans exception, sans exclusion, ni conditions. Le prochain Parlement doit faire de nos revendications sa priorité numéro un.»
Lauren Ravon, directrice d’Oxfam Canada, souligne que: «Un programme de régularisation qui offre un statut à tous et toutes au Canada représente un gain triple, il fait progresser la justice en matière de genre, réduit les inégalités et présente de nombreux avantages pour l’économie. Le Canada bénéficie tellement de la contribution des migrant.e.s et des travailleurs et travailleuses sans papiers. Le temps est venu de donner à des centaines de milliers de personnes au Canada l’accès aux droits et aux services pour vivre dans la dignité.»
Caroline Brouillette, directrice des politiques nationales au Réseau Action Climat – la plus grande coalition climatique au Canada – ajoute, «Alors que la crise climatique force de plus en plus de personnes à quitter leur pays, garantir des droits égaux pour les migrant.e.s est fondamental pour la justice climatique. Transformer notre système d’exploitation et d’inégalité en un système qui garantit la dignité et la sécurité pour tous et toutes est une étape clé pour répondre à la dette climatique du Canada, et nous exhortons le gouvernement fédéral à saisir cette opportunité.»
Danilo De Leon un sans-papier anciennement travailleur étranger temporaire, et président de Migrante Canada, d’Edmonton, dit: « Nous sommes venu.e.s ici pour travailler parce que vous avez besoin de travailleurs et de travailleuses. Nous sommes plus que des travailleurs qui alimentent votre économie. Nous sommes des êtres humains qui ont le droit de vivre au Canada dans la dignité et nous avons besoin d’un programme de régularisation qui ne fasse pas de discrimination.»
Le Migrant Rights Network estime que la régularisation de 500 000 travailleurs et travailleuses sans papiers augmentera les cotisations des employeurs d’au moins 1,1 milliard de dollars par an.
De nombreuses personnes sans papiers n’ont pas les moyens de se payer des soins de santé coûteux, ce qui les rend plus malades et a un impact sur la santé publique, explique Pénélope Boudreault, directrice des opérations nationales de Médecins du Monde. « L’équipe de la Clinique médicale de Médecins du Monde peut en témoigner. Un programme de régularisation sûr, complet et inclusif est un outil essentiel afin de garantir les droits fondamentaux et la santé des personnes migrantes à statut précaire tout en favorisant le bien-être de l’ensemble de la société ».
Il y a au moins 500 000 personnes sans papiers au Canada. La grande majorité d’entre elles sont racisées. Elles sont entrées au pays avec des permis de travail et d’études temporaires ou en tant que demandeurs d’asile, mais n’ont pas pu obtenir la résidence permanente en raison des règles d’immigration canadiennes, qui favorisent les personnes ayant des salaires élevés. La plupart des autres sont refoulées.
Nina Gonzalez, coordinatrice de la campagne pour la régularisation du Centre de travailleurs et travailleuses immigrants, membre active du comité Femmes du CTI et migrante sans papiers, explique: « Notre système d’immigration entraîne systématiquement des personnes sans statut d’immigration, soit en conséquence du rejet de la demande d’asile ou à cause de l’expiration du permis de travail, pour lequel l’employeur a refusé la prolongation. Perte d’un statut, c’est un problème administratif imposé par le système, ce n’est pas un acte criminel. »
Sans statut d’immigration complet, de nombreux migrants et de nombreuses migrantes sont confronté.e.s à l’exploitation, même s’ils et elles sont considéré.e.s comme essentiel.le.s. Cela inclut les travailleurs et travailleuses agricoles qui qualifient leur travail d’« esclavage systématique». Laurence Guénette,coordinatrice de La Ligue des droits et libertés s’est joint à l’appel pour des droits égaux pour tous et toutes aujourd’hui, rappelant au Premier ministre Trudeau que: « Tous les droits humains sont universels : cette universalité signifie que tous les êtres humains jouissent des mêmes droits fondamentaux indépendamment de leur statut. Le gouvernement canadien doit mettre en place un programme de régularisation octroyant un statut complet et permanent, pour toutes les personnes ayant un statut migratoire précaire au Québec et au Canada. Un programme de régularisation universel, qui ne laisse personne derrière. »
Syed Hussan du Secrétariat du Migrant Rights Network a ajouté: «Le Premier ministre Trudeau a un choix à faire dès maintenant : soit assurer enfin une égalité de droits historique pour 1,7 million de personnes qui ont été opprimées et exploitées par de mauvais et mauvaises patrons, institutions et propriétaires à cause des règles d’immigration canadiennes en garantissant le statut de résident permanent à tous et toutes, soit continuer à faire des changements partiels et temporaires qui poursuivent l’exploitation pour la plupart. Les migrant.e.s et nos allié.e.s sont uni.e.s dans leurs attentes que le Premier ministre Trudeau fasse ce qu’il sait être juste ».
Mise en contexte
- Il y a au moins 1,2 million de personnes au Canada avec des permis temporaires de travail, d’étude ou de demandeur d’asile. La plupart des personnes migrantes avec des emplois à bas salaire n’ont pas accès à la résidence permanente, et elles sont donc forcées éventuellement de quitter le Canada ou de rester sans papiers dans le pays. Les travailleurs et travailleuses agricoles migrants ont récemment confirmé que ces programmes de migration temporaires sont un « esclavage systématique».
- Plusieurs ne peuvent pas revenir dans leur pays d’origine à cause de la guerre, de la discrimination, du manque d’opportunités économiques et/ou à cause des relations construites au Canada. En ce moment, il y a plus de 500 000 personnes sans papiers à travers le pays.
- Il y a donc au moins 1,7 million de personnes migrantes – un.e résident.e du Canada sur 23 – qui n’ont pas des droits égaux.
- Les personnes migrantes sont exclues des soins de santé et des services sociaux, et elles ne peuvent pas se réunir avec leurs familles. L’absence d’un statut de résident.e permanent.e rend difficile, et souvent impossible, la défense de leurs droits au travail ou l’accès aux services, incluant ceux pour lesquels elles sont éligibles, à cause d’une peur justifiée de représailles, de résiliation, d’éviction et de déportation.
- Les personnes migrantes – qui sont souvent des personnes de classe ouvrière, racisées et avec des emplois à faible salaire – sont qualifiées d’essentielles, mais sont exclues des droits. Des milliers de personnes migrantes ont perdu leurs moyens de subsistance et leur vie avec la COVID-19, en travaillant sur des fermes, des centres pour des soins de longue durée, la construction, l’entretien ménager et les services de livraison.
- La régularisation complète (un programme qui inclut toutes les 500 000 personnes sans papiers) va redresser un tort historique, améliorer les conditions de travail en donnant aux personnes migrantes le droit de se protéger elles-mêmes, garantir la santé publique et ajouter au moins 1,1 milliard de dollars dans les coffres publics à travers les contributions par des employeurs qui ne paient pas d’impôt actuellement.
- Le Canada a créé le programme « Anges gardiens » pour certain.e.s demandeurs d’asiles et des travailleurs et travailleuses sans statut dans le domaine de la santé, qui a expiré en août 2020. Le Programme de la résidence temporaire à la résidence permanente a été créé en mai 2021 et a expiré en novembre. Ces programmes excluaient la vaste majorité des personnes migrantes racisées et à bas salaire. Aucun changement permanent n’a été apporté afin d’assurer la justice pour les personnes migrantes.
- Près de 10 000 personnes ont signé une pétition en soutien à ces revendications : www.StatusforAll.ça
Communiqué de presse publié le 14 septembre 2022 par Migrant Rights Network