Le verdict qui vient d’être donné NE SATISFAIT PAS nos demandes de justice en tant que victimes dans le cas de l’assassinat de Berta Caceres et de la tentative d’assassinat de Gustavo Castro.
La décision qui vient d’être rendue dans la Première chambre du Tribunal de Sentence qui condamne le groupe sicaire et la structure intermédiaire en relation directe avec l’entreprise DESA ne signifie pas que la justice ait été rendue.
Les organisations et les personnes qui ont payé pour que ces criminels assassinent Berta Caceres jouissent toujours de leur liberté et de la possibilité de continuer à commettre impunément des crimes comme celui-ci.
Depuis le début de ce processus, il y a près de trois ans, il a été clair que l’assassinat de Berta Caceres a été planifié sous les directives de l’entreprise DESA dans le but d’être exécuté plus tard par des tueurs à gage liés aux Forces Armées du Honduras. Cependant, la vérité exposée sur le crime et tout.es ses responsables a été limitée à ceux qui ont été jugés aujourd’hui à cause des obstacles que l’État du Honduras a interposés au travers de son Ministère Publique et de ses tribunaux, afin de nier la vérité complète.
Ce qui est resté clair de ce processus judiciaire, duquel nous avons été expulsé.es dû au fait que nous n’avons pas gardé le silence devant les abus quotidiens dans les tribunaux, est que la famille Atala Zablah, qui possède des parts dans l’entreprise DESA, est derrière toute la trame de persécution, d’harcèlement, d’attaques et de menaces qui a mené à l’assassinat de Berta Caceres.
Notre participation comme victimes est fondamentale dans le processus de justice et l’État, en nous excluant de manière systémique, perpétue l’impunité qui inonde ce pais et qui fait beaucoup de dommages.
Durant le procès, nous avons été témoins, comme les observateurs internationaux, les membres du corps diplomatiques et la presse, des communications téléphoniques qui prouvent cette participation. Ceci a également démontré que les faits criminels commis par l’entreprise DESA sous les directives de cette famille vont au-delà de l’assassinat et comprennent également une série de crimes réalisés contre Berta Caceres, le COPINH, le peuple Lenca, et même l’administration publique et l’État du Honduras.
Nous demandons à l’État et ses institutions : Quel intérêts sont en jeu et motivent vos comportements, qui protègent les responsables ultimes, dont les noms ne sont pas un secret? Pourquoi les preuves existantes de leur participation n’ont-elles pas été traitées jusqu’à présent, près de trois ans depuis le crime? Qu’attendez-vous pour remplir vos devoirs?
Nous exigeons que soient traité.es en justice tout.es les responsables de l’assassinat de Berta Caceres et pas seulement ceux payés par DESA pour exécuter le crime.
Avec ce chapitre qui se ferme aujourd’hui, les condamnations sous la structure criminelle avec laquelle l’État hondurien entend museler la demande de justice, la lutte de justice pour Berta Caceres et le peuple Lenca, nos efforts s’intensifient.
Ces condamnations constituent la première étape dans la quête de justice et la famille, Gustavo Castro, le COPINH et les équipes légales avons été accompagné.es de ceux et celles qui croient en Berta Caceres, en ses mots et ses actions et nous savons que ces personnes vont rester du côté de la vérité et de la justice dans les batailles que nous mènerons avec détermination.
L’impunité dont profitent les auteurs intellectuels de ce crime fait partie du contexte de corruption et de violence qui soutient le modèle extractiviste qui saque nos communautés, et devant lequel les victimes, en plus des personnes, communautés et organisations promettons de continuer à faire face, comme l’a fait Berta Caceres, jusqu’à ce que la Dignité, la Vérité et la Justice prévalent dans cette cause et dans toutes les luttes qui, en ce moment même, s’articulent dans plusieurs territoires du Honduras et du monde.
La justice hondurienne est en dette envers nous, envers tout le peuple hondurien!
Donné dans la ville de Tegucigalpa, le 29 novembre 2018.