HomeCommuniquéLe COPINH dénonce la répression à Río Blanco

Le COPINH dénonce la répression à Río Blanco

Source : COPINH
(En anglais ici) Le COPINH se voit de nouveau dans la nécessité de dénoncer les constantes menaces et intimidations à l’encontre du peuple Lenca de la communauté de Río Blanco qui lutte contre le projet hydroélectrique Agua Zarca. Dans les mois suivant l’assassinat de notre coordonnatrice générale Berta Cáceres, une série d’incidents et de menaces se sont produites, reflétant le fort climat de violence et de répression à l’encontre des membres du COPINH, qui s’opposent à la construction du projet hydroélectrique Agua Zarca. Ces incidents sont directement imputables aux membres de la compagnie DESA et aux organes répressifs de l’État.
Nous dénonçons ce qui suit :Le 23 juillet 2016, aux alentours de 18 heures, Alan García, membre du COPINH qui avait été blessé par les balles de l’armée lors de l’assassinat de son père Tomás García il y a trois ans, a été menacé avec une arme à feu ; dans la communauté, un homme a sorti une arme et l’a pointée sur Alan.

Dans les derniers mois, un groupe de tueurs à gage affiliés à DESA a débarqué dans la communauté de La Tejera, Río Blanco, aux alentours de minuit, et a menacé d’incendier les maisons des membres du COPINH pendant leur sommeil.

Des membres de l’organisation ont été informé sur le fait que Jorge Ávila, le chef de sécurité de DESA, possède des photos des membres du COPINH à Río Blanco, dans l’objectif de les identifier et de les agresser, en sachant que ce même Jorge Ávila avait déclaré à des tiers qu’il chercherait les maisons de certains membres du COPINH pour les assassiner. De la même façon, nous dénonçons qu’un travailleur de DESA ait menacé de mort Armando Pineda Sánchez, membre du COPINH.

Nous dénonçons la collusion de la police nationale avec la compagnie DESA à réprimer les membres du COPINH, en particulier un membre de la police nationale qui a dit avoir été muté depuis le Bajo Aguan jusqu’à cette zone. En avril, cet élément de la police nationale a frappé un membre du COPINH, en lui disant « Je suis habitué à tuer des personnes. Je n’en ai pas seulement tué une, j’ai tout un cimetière. Les personnes du COPINH, c’est plus facile, on peut les tuer ». Dans le même temps, le chef de la sécurité de DESA et deux gardiens de sécurité de DESA regardaient et se moquaient.

Dans les champs de cultures qui ont été illégitimement vendus à DESA à Río Blanco, les menaces à l’encontre des membres du COPINH continuent, lesquels cultivent le maïs et les haricots sur leur terre ancestrale. À la fin du mois de juin, les cultures de haricots des membres du COPINH ont été arrosées avec du poison, ce qui les a détruites. Le 23 mai, Aquilino Madrid, qui a été mêlé à DESA et impliqué dans une longue histoire de menaces à l’encontre de membres du COPINH qui s’opposent au projet Agua Zarca, a pointé un fusil sur un groupe de 25 membres du COPINH qui venaient travailler la terre à la Vega del Achotal. En outre, il a menacé un mineur de lui faire du mal s’il le rencontrait. Le 10 juin, il est de nouveau apparu armé à la Vega del Achotal. Malgré la destruction des récoltes et les menaces, le peuple Lenca continue de cultiver sa terre ancestrale qui a été illégitimement accaparée.

Nous dénonçons les tentatives de faire taire ceux qui informent la communauté internationale sur la réalité du projet Agua Zarca. Quelques semaines après que  Rosalina Dominguez et Francisco Javier Sánchez, leaders du Conseil autochtone de Río Blanco, sont rentrés d’Europe où ils ont exigé le retrait définitif des banques FMO et Finn Fund du projet Agua Zarca, dans la nuit, 4 hommes cagoulés étaient à Río Blanco demandant pour eux deux.

De la même façon, nous dénonçons un acte d’intimidation envers la presse internationale durant une visite à Río Blanco. Lorsque les journalistes se sont rendus au Río Gualcarque en voiture, ils ont trouvé des branches qui bloquaient le chemin. Même si cela paraissait étrange, ils ont déplacé les branches et ont continué leur route. Après avoir visité le Río Gualcarque, ils ont commencé à prendre le chemin du retour et ont constaté que quelqu’un avait mis de nouveaux troncs d’arbre sur la route pour bloquer le chemin. Plus loin, encore une fois ils ont constaté que le chemin était bloqué ; quelqu’un avait placé plusieurs grosses pierres au milieu de la route, qui n’y étaient pas plusieurs heures auparavant. Cet acte d’intimidation à l’encontre de la presse internationale sert les intérêts de ceux qui ne veulent pas que les médias informent sur la réalité du projet Agua Zarca, un projet qui aboutit à la mort et la violence.

Le COPINH alerte la solidarité nationale et internationale sur les menaces contre le peuple Lenca de Río Blanco organisé en opposition face au projet Agua Zarca. Nous exigeons l’annulation définitive du projet hydroélectrique et le retrait immédiat et définitif de toutes les banques qui financent le projet Agua Zarca.

Nous exigeons à la banque centraméricaine d’intégration économique (BCIE), le FMO et le Finn Fund que soient définitivement annulés leurs prêts au projet Agua Zarca. Nous exprimons notre solidarité avec le peuple Ngäbe Bugle de Panama, qui défend également son territoire face à un autre projet financé par la banque FMO, le projet hydroélectrique Barro Blanco. Nous appelons à ce que le FMO et toutes les banques cessent d’investir dans des projets qui violent les droits des peuples autochtones, en particulier le droit à une consultation libre, préalable et éclairée.

De la même façon, nous dénonçons que la Deutsche Bank Trust Company Americas, enregistrée à Wall Street, New York, soit l’agent de garantie pour le projet Agua Zarca. De la même façon, elle a la responsabilité de toutes les violations des droits humains du peuple Lenca depuis l’établissement du projet hydroélectrique, y compris l’assassinat de notre leader Berta Cáceres.

Nous exigeons que les banques annulent immédiatement leur relation avec le projet hydroélectrique Agua Zarca. Il y a déjà eu trop d’assassinats de membres du COPINH qui défendent le Río Gualcarque. Nous ne voulons plus de menaces et d’assassinats.

Le COPINH réaffirme la lutte pour la vie en défense du  Río Gualcarque, une rivière sacrée où l’esprit de notre Berta vit, avec les esprits des filles et de tous les martyrs de Río Blanco.

Nous exigeons l’annulation immédiate et définitive du projet Agua Zarca.

Halte à la répression contre le COPINH et le peuple Lenca.

Nous ne voulons plus d’assassinats pour défendre le Río Gualcarque.

La Esperanza, Intibuca, le 27 juillet 2016,

Avec la force ancestrale de Berta, Iselaca, Etempica et Mota s’élèvent nos voix pleines de vie, de justice, de paix, de dignité et de liberté.

Berta vit la lutte continue !

COPINH