Le 7 février dernier, la répression d’un sit-in pacifique contre Ecopetrol dans la municipalité de Acacias, département de META, Colombie, s’est soldée par 25 détentions et plus de 30 blessés.
Le sit-in avait lieu aux abords de la route, autour des installations de la future plateforme d’extraction, dans le but de pousser la compagnie à répondre aux revendications de la communauté.
En effet, le jour précédent, lors d’une rencontre avec les représentants d’Ecopetrol et de différents paliers de gouvernement, la communauté avait exprimé son désaccord avec les conditions du nouveau projet. Les représentants de la municipalité, du département et de l’ANLA (Agence nationale des licences environnementales) s’étaient retirés de la rencontre et avaient permis la suite du projet sans avoir obtenu l’aval de la communauté.
En ce 7 février, les membres du Escuadrón Móvil Antidisturbios (ESMAD) répondent au sit-in par l’utilisation disproportionnelle de leur force. Ils brûlent les champs et les fermes entourant le site (au point d’abîmer les installations d’Ecopetrol) et poursuivent les membres de la communauté qui se réfugient à San Isidro de Chichimene. L’ESMAD fait alors irruption dans les maisons, lançant des gaz, cassant des vitres et effectuant des arrestations arbitraires. A la station de police de Acacias, la police empêche l’avocat désirant représenter les détenus de le faire sans la présence d’un représentant du Ministère public, ce qui est illégal.
Deux mineurs et deux personnes âgées, transférés à l’hôpital de Acacias, font partie des blessés. Sont également détenus de façon illégale trois dirigeants du Conseil de la zone d’influence* qui se trouvaient de façon pacifique sur les lieux.
Des impacts négatifs environnementaux et sur le travail sont à la source des revendications de la part des communautés de la zone d’influence du projet d’Ecopetrol. De un, par l’amendement de la loi 1636 en décembre 2013, les autorités ont empêché la participation active des Associations de travailleurs qui revendiquaient par le passé l’emploi des communautés locales par l’industrie pétrolière. De deux, ces communautés ont dénoncé le non respect, par Ecopetrol et les autorités responsables, des ententes établies précédemment en ce qui touche l’interruption, la réparation et la prévention de nouveaux impacts qui ont détérioré de façon significative leur qualité de vie. Parmi ces impacts, la contamination des eaux phréatiques et des rivières, la déforestation des voies d’accès ainsi que les déversements de pétrole brut.
Dans une lettre envoyée le 20 février, le CDHAL exige de façon urgente:
- L’interruption par le service de police (ESMAD) de la criminalisation et de la répression de la protestation sociale.
- Initiation des processus permettant de punir les policiers ayant fait preuve d’abus d’autorité dans leurs fonctions.
- La création d’un processus de négociation entre Ecopetrol et les communautés affectées pour répondre aux revendications et aux droits de celles-ci.
- La protection de la vie et de l’intégrité de tous les dirigeants communautaires de ce territoire, en particulier des présidents des Conseils d’Action Communale qui souffrent de répression de la part de Ecopetrol y du service de police (ESMAD).
* Les communautés de cette région de la municipalité de Acacias ont été déclarées Zones d’influence de l’industrie pétrolière, ce qui leur permet d’exiger des conditions qui leur soient favorables. Ces demandes n’ont pas été respectées.