Déclaration
Fin à la cruauté des camps d’extermination au Mexique :
Plus jamais l’horreur du Rancho Izaguirre à Teuchitlán, Jalisco
24 mars 2025, Montréal, Québec, Canada
À toutes les Mexicaines et tous les Mexicains vivant au Canada, ainsi qu’aux personnes et organisations solidaires de la réalité de notre pays, nous exprimons notre profonde indignation face aux découvertes d’un camp d’extermination faites par le collectif Guerreros Buscadores de Jalisco le 5 mars dernier, au Rancho Izaguirre, à Teuchitlán, Jalisco. Sur ce site, des fosses et crématoires clandestins ont été retrouvés, ainsi qu’environ 1300 objets appartenant à quelque 400 personnes qui y ont été conduites et ont été victimes d’enlèvements et des disparitions forcées. Certaines y ont été torturées, assassinées et calcinées. Aujourd’hui, nous savons que des pratiques cruelles d’entraînement et de recrutement forcé pour le sicariat ont eu lieu au Rancho Izaguirre, comme l’attestent les témoignages de certains survivants.
Face à l’indifférence et à l’impunité qui règnent au Mexique, le travail des personnes, majoritairement des femmes, qui composent les collectifs de recherche de disparu.e.s s’impose comme un exemple de courage, de résistance et de dignité. De leur côté, l’État et les gouvernements successifs, qu’ils soient de droite ou de gauche, non seulement ne reconnaissent pas le travail de ces collectifs, mais en plus, ils entravent activement les recherches pour l’obtention de vérité et de justice. En plus de punir, ils répriment et instrumentalisent les familles des disparu.e.s.
C’est face à ce contexte que nous voulons exprimer toute notre solidarité et notre reconnaissance aux membres des collectifs de recherche de personnes disparues. Malgré la peur causée par le harcèlement, les menaces et les assassinats de chercheuses et chercheurs, ils et elles ont montré que, face à l’incompétence des fonctionnaires et des institutions gouvernementales, leur quête pour retrouver leurs proches se poursuivra, mettant ainsi au jour l’horreur vécue dans cet autre Mexique.
- Chères mères, sœurs et familles de disparu.e.s, d’ici, nous vous disons que vous n’êtes pas seules. Nous soutenons votre lutte pour les droits des familles et des personnes disparues. Jusqu’à ce que l’État mexicain reconnaisse les disparitions comme une urgence nationale. Jusqu’à ce qu’il admette que les 120 000 disparu.e.s ne sont pas qu’un chiffre, mais une question de vie et une crise nationale.
En tant que Mexicaines et Mexicains vivant au Canada, nous soulignons que, dans ce contexte, des milliers de nos camarades ont été contraints de quitter le pays et de demander l’asile au Canada. Ils le font par nécessité, pour survivre à la violence et pour chercher des opportunités économiques qui ne mettent pas en péril leur vie et celle de leurs proches. Cependant, l’État canadien leur refuse la possibilité d’un avenir plus sûr en imposant des mesures et procédures migratoires de plus en plus inaccessibles pour obtenir la résidence pour motifs humanitaires. Par conséquent, de nombreuses familles préfèrent vivre dans la précarité et l’irrégularité plutôt que de retourner au Mexique, où leur sécurité et celle de leurs proches ne sont pas garanties.
Nous partageons l’indignation nationale, non seulement face aux milliers de disparitions, mais aussi devant la cruauté et l’exploitation des jeunes par le crime organisé, qui les recrute de force et les pousse à commettre des atrocités pour survivre. Ces victimes, loin d’être soutenues, sont stigmatisées et privées d’un accompagnement institutionnel adéquat, même lorsqu’elles parviennent à survivre.
Face à l’incertitude et à la douleur, nous nous rassemblons pour exiger du gouvernement mexicain et de la communauté nationale et internationale :
- La garantie de protection pour les membres des collectifs de familles de disparu.e.s.
- L’arrêt de la victimisation des survivant.e.s des camps d’extermination.
- Que face à cette tragédie, le sensationnalisme, le voyeurisme et la cruauté cèdent la place à l’empathie envers les victimes.
- L’amélioration des institutions mexicaines de recherche et d’identification des disparu.e.s, telles que la Commission nationale de recherche de personnes (CNBP) et le Service médico-légal (SEMEFO).
- Une enquête et des sanctions contre les responsables des crimes commis au Rancho Izaguirre.
- L’arrêt des disparitions forcées au Mexique.
CDHAL, Comité pour les droits humains en Amérique latine
Signez la pétition avant le 6 avril : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSeUUQ7rmti6CMID8F5EEgiki_GCvziW61z–3PkTFuBEmHsEQ/viewform?usp=header