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Déclaration finale : Troisième rencontre des travailleurs et travailleuses de l´énergie d´Amérique du Nord

Déclaration finale
Troisième rencontre des travailleurs et travailleuses de l´énergie d´Amérique du Nord
Mexico, D. F., 16 au 18 mars 2009

Lors de leur troisième rencontre, les syndicats, réseaux et organisations sociales du secteur de l´énergie du Canada, des États-Unis et du Mexique se sont engagés à trouver des solutions aux grands défis auxquels fait face le secteur dans leur pays respectif et dans la région en général.

Les trois pays se confrontent à de sérieuses difficultés pour confronter les effets de l´actuelle crise économique mondiale qui affecte l´Amérique du Nord ainsi que l´ensemble des pays de la planète: la crise du système bancaire, le chômage, la criminalisation des luttes sociales, la destruction des forces de production, la détérioration de l´environnement, l´exploitation irrationnelle des ressources énergétiques, la privatisation et le démantèlement des programmes et services sociaux.

La réponse des gouvernements des trois pays a été différente. Au Canada et au Mexique, les peuples n´ont pas été en mesure d´exercer un contrôle démocratique et efficace sur leurs gouvernements, qui s´entêtent à protéger les intérêts de l´élite transnationale. L´arrivée par voix populaire de Barack Obama à la présidence des États-Unis pave la voie vers une nouvelle ère dans les relations entre les trois pays d´Amérique du Nord.

Nous, travailleurs et travailleuses du secteur de l´énergie des trois pays, réunis au sein de nos syndicats, organisations et réseaux sociaux, encaissons les coups de la crise, avec la disparition massive d´emplois, la réduction des droits du travail et la perte de mesures de protection sociale. C´est pourquoi nous travaillons à trouver des stratégies et actions communes pour relever les défis actuels.

Dans cette quête, les grands principes de notre relation au niveau nord-américain sont les suivants:
 
1. La solidarité multisectorielle ainsi qu´à l´intérieur de chaque secteur économique, et entre les secteurs et les populations, en vue de la défense concertée des droits humains, des droits du travail et des droits environnementaux, incluant les droits des peuples et communautés autochtones.

2. Le développement durable, incluant d´un côté la création d´emplois "verts" et la génération de sources énergétiques renouvelables moins polluantes et de faible émission en carbone; et de l´autre, la juste transition vers une nouvelle matrice énergétique, qui a pour implication de compenser et soutenir tant la population qui a perdu ou risque de perdre leurs emplois au sein du secteur, que les communautés affectées à cause de la fermeture des usines désuètes ou encore des changements qui ont lieu dans la gestion des territoires en vue de la production d´énergies alternatives.  

3. La souveraineté des peuples dans l´exercice de leur droit à accéder et disposer de leurs ressources naturelles et énergétiques, soumis uniquement à la volonté démocratique, et le contrôle citoyen sur l´administration et réglementation des ressources; par exemple l´élimination des obligations émanant de la clause de proportionnalité de l´ALÉNA qui exige le maintien de l´exportation des ressources renouvelables et non renouvelables même lors de situations de rareté dans le pays d´origine.

Lignes d´actions

1) Le développement d´une vision commune sur l´énergie et la consolidation des coordinations nationales.

2) La renégociation de l´ALÉNA afin de garantir que le commerce réponde aux besoins des peuples et non pas aux intérêts des grandes entreprises, et le renversement du processus secret et antidémocratique du PSP.

3) La lutte pour des Codes du travail démocratiques dans les trois pays afin de favoriser la libre association, l´autonomie syndicale, la négociation collective et la démocratie syndicale, et contrer les propositions de réforme néolibérale (comme le projet de Lozano au Mexique) et appuyer les propositions pro-syndicales (comme le Employee Free Choice Act aux États-Unis).

4) La pression internationale pour que les gouvernements respectent les droits des travailleurs et travailleuses, comme c´est le cas de la campagne contre les conventions collectives de protection patronale au Mexique.

5) Des campagnes de pression contre les entreprises transnationales qui violent les droits humains, les droits du travail et les droits environnementaux, en profitant des actions des syndicats dans un pays sur les agissements de leurs employeurs dans un autre pays.

6) La pression pour la mise sur pied de mesures internationales de protection de l´environnement qui sanctionnent les entreprises pour leurs agissements et non pas les peuples en voie de développement. 

7) Des campagnes pour renverser les processus de privatisation et de déréglementation.

8) La construction d´alliances et d´une unité multisectorielle qui permettent l´élaboration de solutions compréhensives. 

9) Des efforts de défense de l´environnement afin de garantir un avenir durable pour les travailleurs et travailleuses.

Nous rejetons et critiquons l´affirmation du projet de déclaration du Cinquième Sommet des Amériques qui se tiendra à Port d´Espagne (Trinité et Tobago) du 17 au 19 avril 2009, selon lequel "les principes du marché, le libre-échange, et les systèmes d´investissements… sont fondamentaux pour la croissance économique, l´emploi et la réduction de la pauvreté."  Au contraire, nous insistons que c´est aujourd´hui le moment de remettre en question ces approches et de proposer le rejet définitif du modèle néolibéral. Nous devons promouvoir des politiques qui favorisent la souveraineté énergétique et alimentaire, les mécanismes de contrôle citoyen et les programmes efficaces de redistribution de la richesse en faveur de la justice sociale.

Nous nous engageons à une coordination permanente entre les syndicats du secteur aux côtés des réseaux et organisations sociales et des syndicats internationaux, dans un esprit de solidarité hémisphérique. Par l´entremise des nouveaux mécanismes de coordination que nous développons, nous avançons vers l´union des mouvements de chaque pays afin de confronter les conséquences néfastes des accords commerciaux et des politiques néolibérales de mondialisation, et créer des conditions plus justes et durables pour nos pays.