Nous dénonçons les mensonges flagrants de l’État hondurien lors de l’audience publique » Droits humains et projets extractifs au Honduras « , qui s’est tenue devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains le 19 mars 2021, audience réclamée par la société civile dont le Comité municipal pour la défense des biens communs et publics de Tocoa.
Aujourd’hui, devant la CIDH et la communauté nationale et internationale des droits humains , Nelson Molina, directeur des droits humains et des litiges internationaux du bureau du procureur général, a déclaré de manière trompeuse que le défenseur du fleuve Guapinol, Jeremías Martínez, a été libéré après un acquittement en sa faveur le 17 mars, ce qui est totalement faux.
– Jeremías Martínez a été jugé pour les crimes d’usurpation et de dommages causés au détriment de l’entreprise extractive Inversiones Los Pinares pendant les mois de février et mars 2021. Et ce, après avoir été détenu arbitrairement pendant plus de deux ans et trois mois. Pour en savoir plus sur le processus judiciaire de Jeremías, cliquez ici.
– Nous dénonçons le fait que pendant le procès, le Bureau du procureur général de la République a agi en tant qu’accusation publique, avec le Ministère Public de Tocoa et l’accusation privée, Inversiones Los Pinares. Dans ses conclusions, le Bureau du procureur général de la République a demandé une condamnation malgré le fait qu’aucune preuve n’a été présentée contre lui ou pour prouver les crimes présumés d’usurpation et de dommages. En d’autres termes, loin de promouvoir sa liberté comme le demande instamment le Groupe de travail sur la détention arbitraire dans son avis 85/2020, et comme il y est fait allusion aujourd’hui, le bureau du procureur général a joué un rôle décisif dans la criminalisation et le maintien de la détention arbitraire de Jeremías Martínez.
– À l’issue du procès de Jeremías Martínez, le tribunal de jugement avec compétence territoriale nationale a acquitté Jeremías Martínez de tous les crimes le 19 mars 2021. Au cours du procès, il a été prouvé que Jeremías Martínez, ainsi que des centaines d’autres personnes préoccupées par les risques que représente l’exploitation minière dans le parc national Carlos Escaleras, ont exercé leur droit légitime d’association et de protestation pour défendre les rivières Guapinol et San Pedro en créant et en participant au campement « Pour l’eau et la vie », une expression légitime de défense des biens communs et publics. L’accusation sans fondement promue par le bureau du procureur de la République et le Ministère Public a servi de motif pour évacuer violemment le campement en octobre 2018. En savoir plus sur l’accusation et le campement.
– Malgré l’acquittement en sa faveur, Jeremías Martínez est toujours en prison car, avec sept autres personnes, il fait l’objet d’un autre processus judiciaire promu par le ministère public de Tocoa et la société Inverisones Los Pinares pour les délits d’incendie aggravé et de privation injuste de liberté, pour lesquels cinq autres défenseur.e.s risquent également d’être détenu.e.s. Nous rappelons qu’en première instance, le PGR a joué un rôle pernicieux dans cette affaire judiciaire pour promouvoir l’accusation d' »association illégale » contre les défenseur.e.s (groupement d’individus à des fins criminelles), qui a servi de motif initial pour les priver de leur liberté. Nous rappelons l’utilisation de preuves illicites contre les défenseur.e.s pour soutenir ces accusations qui ont servi à stigmatiser leur défense légitime de l’environnement.
Nous exigeons la libération immédiate de José Daniel Márquez Márquez, Kelvin Alejandro Romero Martínez, José Abelino Cedillo, Porfirio Sorto Cedillo, Orbín Nahúm Hernández, Arnold Javier Alemán, Ewer Alexander Cedillo Cruz et Jeremías Martínez Díaz qui sont toujours emprisonnés arbitrairement au Honduras.
En savoir plus sur la détention arbitraire de 8 défenseurs de Guapinol :
Dans sa résolution 85/2020, le Groupe de travail a souligné qu’il n’y avait aucune raison légale de recourir à la détention préventive dans le cas des défenseurs José Daniel Márquez Márquez, Kelvin Alejandro Romero Martínez, José Abelino Cedillo, Porfirio Sorto Cedillo, Orbín Nahúm Hernández, Arnold Javier Alemán, Ewer Alexander Cedillo Cruz et Jeremías Martínez Díaz et a souligné que l’État les punit parce qu’ils sont des défenseurs de l’environnement et qu’ils exercent leurs droits légitimes. En outre, il a souligné qu’il n’y avait aucune raison de les poursuivre en première instance. Il a affirmé qu’ils devaient être libérés et dédommagés et que les responsables de cette détention illégale devaient faire l’objet d’une enquête.
Le Groupe de travail sur la détention arbitraire a exhorté l’État à ne pas attendre car chaque jour où il ne les libère pas, il commet une nouvelle violation. Les membres du Groupe de travail ont également souligné qu’en raison de la crise du COVID, la libération des défenseurs est urgente.
Un mois plus tard, l’État hondurien n’a pas répondu. Nous avons fait un suivi auprès de toutes les institutions chargées de garantir leur libération et elles n’ont rien fait. Or, l’un des défenseurs, qui souffre d’une maladie, est positif au COVID, ce qui augmente son risque.
En outre, il y a au moins 15 autres cas positifs, mais le nombre pourrait être beaucoup plus élevé étant donné les conditions de surpopulation et le manque de mesures de prévention dans le centre de détention. L’épidémie constatée au sein du centre d’Olanchito signifie que d’autres défenseurs sont également en danger.
L’État hondurien maintient sciemment les défenseurs de l’eau de Guapinol en détention illégale et met leur vie en danger. L’État est responsable de leur bien-être et de leur intégrité physique et a l’obligation de libérer les défenseurs dès à présent.
Source article et photo: Libertad para Guapinol