Le CDHAL exprime son inquiétude à cause des attaques, des menaces de mort, du harcèlement, des agressions qui subissent les Bases d’appui zapatiste (BAEZLN) des Communautés Autonomes El Rosario, Kexil, Egipto et Nuevo Poblado San Jacinto de la Municipalité Autonome Rebelle Zapatiste (MAREZ) San Manuel (municipalité officielle de Ocosingo), qui appartienne à la Comission du bon gouvernement (Junta de buen Gobierno, JBG) « El Camino del futuro », du Caracol III, de La Garrucha, Zona Selva Tseltal, au Chiapas.
Ces agressions se produisent après la récupération des terres du travail collectif régional de la municipalité San Manuel par l’EZLN. Des terres qui sont travaillées, où des maisons ont été bâties et des familles membres des BAEZLN se sont établies, dans le processus de construction de l’autonomie zapatiste.
Le harcèlement et les attaques à ces communautés impliquent une menace imminente pour la vie, l’intégrité et la sécurité personnelle des membres de ces communautés, qui pourrait mener des graves conséquences si les gouvernements étatique et fédéral n’interviennent pas pour assurer leur protection et le respect aux processus de construction collective de l’autonomie zapatiste. Ce processus d’autonomie répond au droit à la libre détermination des peuples, visé dans les Accords de San Andrés et établi dans des Traités internationaux comme la Convention 169 sur les Peuples autochtones et tribaux, et dans la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones.
Antécédents
1. Entre les jours 4 et 6 août 2014, plusieurs actes de harcèlement et des menaces ont été documentés dans la communauté El Rosario comme c’est la présence de deux véhicules avec des personnes armées. Le 6 août, quinze personnes de ces véhicules ont fait irruption dans la terre de travail collectif régionale de la municipalité de San Manuel où elles ont coupé quelques arbres et ont lancé des tirs en l’air.
2. Des actes de harcèlement armé et d’occupation des terres de travail collectif ont été déjà documentés les jours précédents. Le premier août vers 23h30, des personnes armées du ejido Pojcol, ont occupé les terres, ont tué un taureau et ont lancé des tirs en l’air. Des membres de la communauté autonome Egipto ont vu des personnes avec des lampes s’approchant, raison pour laquelle ils ont décidé de fuir afin d’éviter une possible attaque. 32 personnes (femmes, filles, garçons et des personnes âgées) ont été déplacées de force, obligées à marcher toute la nuit du 2 août jusqu’à atteindre une autre communauté zapatiste qui les héberge depuis.
3. De nouvelles agressions par des membres de l’Organisation régionale de producteurs de café d’Ocosingo (ORCAO) contre les BAEZLN ont eu lieu le 14 août 2014 dans la municipalité San Manuel. À 3h50, un groupe de 18 personnes armées avec des fusils de chasse et des armes calibre 22 de la communauté Pojcol, qui font partie de l’ORCAO, ont entouré le terrain de travail collectif et ont commencé à tirer en l’air pendant environ 40 minutes. Selon les témoignages des personnes qui dormaient cette nuit là-bas, les agresseurs criaient : « ces armes sont du gouvernement », « ces terres sont à nous et non de ces zapatistes », en avertissant à la fois que les BAEZLN avaient un délai de 6 heures pour quitter le lieu. Pour éviter une attaque, 9 familles qui avaient bâti leurs maisons après la décision de la Junta de Buen Gobierno (40 personnes) et plus de 250 BAEZLN qui reposaient sur le lieu auquel elles étaient allées pour appuyer dans les travails de préparation de la terre pour la plantation, ont décidé de se retirer vers différentes directions. Après le déplacement, les membres de l’ORCAO ont détruit les 9 maisons et le magasin, en volant la marchandise du magasin et l’argent qui avait dans les maisons ; en plus, ils ont brulé et détruit les biens que les personnes ont laissés et ils ont volé les machettes avec lesquels on travaillait la terre.
Les menaces de l’ORCAO contre les BAEZLN dans la communauté El Rosario se sont intensifiées, en menaçant de procéder à une spoliation.
Face à ces faits et inquiètes pour le risque imminent contre la vie, l’intégrité et la sécurité des BAEZLN des communautés El Rosario, Kexil, Egipto et Nuevo Poblado San Jacinto appartenant à la MAREZ San Manuel, le Comité pour les droits humains en Amérique latine exige aux autorités du gouvernement étatique et fédéral :
1. La cesse des menaces de mort, le harcèlement, des agressions, des dommages et des tentatives de spoliation qui ont motivé le déplacement des BAEZLN de trois communautés jusqu’aujourd’hui.
2. La garantie et l’adoption des mesures et des recherches nécessaires afin de favoriser des conditions pour protéger la vie, l’intégrité et la sécurité personnelle des BAEZLN de la MAREZ San Manuel, en respectant son processus d’autonomie qui sont en train de construire dans le cadre du droit à la libre détermination des peuples, visé dans les Accords de San Andrés et établi dans des Traités internationaux comme la Convention 169 sur les Peuples Autochtones et Tribaux et la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones.
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