HomeCommuniquéDes femmes du Chiapas dénoncent l’extractivisme lors d’une assemblée

Des femmes du Chiapas dénoncent l’extractivisme lors d’une assemblée

Source: Centre des droits de la Femme de Chiapas. 8 mars 2016.

Texte original ici

SECONDE ASSEMBLÉE DU MOUVEMENT EN DÉFENSE DE LA TERRE ET DU TERRITOIRE ET POUR LA PARTICIPATION DES FEMMES DANS LA PRISE DE DÉCISION

AU GOUVERNEMENT DU MEXIQUE
AUX GOUVERNEURS DE CHIAPAS ET D’OAXACA
AUX PEUPLES ORGANISÉS
À LA SOCIÉTÉ CIVILE
AUX MÉDIAS ALTERNATIFS DE COMMUNICATION

San Cristóbal de Las Casas, Chiapas; 8 mars 2016.

Dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes, nous, faisant partie du Mouvement en Défense de la Terre et du Territoire et pour la participation et la reconnaissance des femmes dans la prise de décision, réunies les 6 et 7 mars à l’Université de la Terre, en notre seconde Assemblée, avons vu comment l’extractivisme aux niveaux national et international dépossède cruellement les peuples de leurs terres et territoires et exclut les femmes de la prise de décision sur ces problèmes, et pour cela, nous CONVENONS:

De condamner le lâche assassinat de la compagne Berta Cáceres (Défenseure des Droits Humains et accompagnatrice de la lutte des peuples autochtones) survenu le 3 mars à La Esperanza, Intibucá, Honduras; nous responsabilisons le gouvernement de ce pays pour ces faits et exigeons qu’il châtie les assassins et octroie des garanties à ceux et celles qui, dans leurs justes droits, rejettent les méga-projets;

D’exiger le respect des droits des Peuples à la vie dans leurs terres et territoires, à l’autonomie et à l’autodétermination;

D’exiger de l’État qu’il reconnaisse que les femmes sont co-titulaires de la terre et des sujets de droit dans la prise de décision concernant la terre et le territoire;

De construire et modifier les Règlements des ejidos et des Statuts communaux pour qu’ils reconnaissent le droit des femmes à être co-titulaires de la terre, à participer dans les Assemblées et à décider sur les territoires en égalité avec les hommes;

De réaliser des accords qui déclarent nos territoires libres de méga-projets et d’activités extractives et de les présenter devant les instances correspondantes.

Parce que le système capitaliste, néolibéral, patriarcal et extractiviste a comme objectif l’appropriation de tous les biens naturels et la prise de contrôle de la vie des personnes, affectant ainsi directement les femmes:

Nous déclarons qu’il y a eu assez de mensonges et de divisions de nos communautés à travers des programmes et des projets gouvernementaux de logique assistancialiste. Nous exigeons le respect de notre temps, de nos corps, de notre économie et notre famille;

Nous exigeons la sortie des forces armées de nos territoires (armée, marine, polices et groupes paramilitaires) parce que nous sommes les principales victimes de la violence qu’elles génèrent;
Halte à l’imposition de programmes, projets et politiques gouvernementales qui violent le droit à l’information et à la consultation en plus de ne pas considérer nos réalités, nécessités et intérêts. De plus, ces programmes nous conditionnent et obligent nos communautés à approuver les projets d’infrastructure.

Nous exigeons que l’État remplisse son obligation de garantir et de rendre effectif le droit humain à la santé puisque les hôpitaux, cliniques et maisons de santé ne comptent pas de personnel qui réponde aux nécessités propres aux femmes, ou ait les médicaments ou matériel médical. De plus, à travers le programme PRÓSPERA, il nous a obligé à réaliser différents essais médicaux sans jamais nous donner les résultats, ce qui nous mène à la conclusion que ce programme n’a servi que pour l’État puisse se justifier comme ayant rempli ses obligations, alors qu’en réalité il n’a pas rendu effectif le droit à la santé sexuelle et reproductive pour les femmes.

Nous exigeons la fermeture et le départ des entreprises extractives parce qu’elles contaminent nos sources, rivières, ruisseaux, puits, notre air et nos cultures, provoquant chez les êtres humains des maladies de peau, des fausses couches et la stérilité chez les femmes. Tous ces problèmes se font sous l’égide de l’État, puisqu’il octroie des concessions et des permis sans considérer l’impact que ces activités auront sur l’environnement et la vie des êtres humains.

Nous rejetons la privatisation de la propriété sociale, que nous savons être le point culminant des réformes structurelles menées pour des soucis énergétiques puisque de cette façon l’État peut s’approprier les biens naturels, déposséder en toute légalité les peuples et communautés et imposer des déplacements. Sans terres, nous ne pouvons pas cultiver nos aliments ou semer nos plantes médicinales.
Nous exigeons la reconnaissance de notre participation dans la lutte pour la défense de la terre et du territoire, et que notre parole soit prise en compte dans les Assemblées et dans tous les espaces de décision.

Nous rejetons le pouvoir machiste des hommes qui avalise la violence contre les femmes, également résultat de l’infiltration du monstre du capitalisme dans nos coeurs et nos communautés.
Nous nous opposons ouvertement à la marchandisation de la vie et du territoire, et nous exigeons la fin de la répression et des assassinats des Défenseures des droits humains et activistes. Nous exigeons que soit garantie la sécurité de notre compagnon Gustavo Castro et son retour immédiat à México.

Nous exigeons des gouvernements fédéraux et du Chiapas la cancellation des projets extractivistes et d’infrastructure, comme l’autoroute San Cristóbal-Palenque et San Cristóbal-Frontera Comalapa, qui portent atteinte à la Terre Mère et à la vie d’hommes et de femmes.

Nous exigeons que le gouvernement de Chiapas respecte l’autonomie des Chimapalas et de l’ejido Tilal; de même, nous exigeons la cancellation des mandats d’arrêt issus dans le cas criminel 326/2015 contre les habitants de l’ejido Tila.

Nous exigeons du Tribunal Unitaire Agraire (Tribunal Unitario Agrario), District cinquante et un, qu’il apporte une solution au cas de l’Ejido Cuauhtémoc Cárdenas, Palenque, Chiapas.

Nous exigeons du Gouvernement Fédéral l’implémentation immédiate de la Déclaration d’Alerte de Violence de Genre pour le Chiapas (Declaratoria de Alerta de Violencia de Género para Chiapas) parce que la violence à l’égard des femmes ne cesse pas et les féminicides ne font qu’augmenter.

“PAS UNE ASSASSINÉE DE PLUS”
BERTA CÁCERES VIT! LA LUTTE CONTINUE ENCORE ET ENCORE!
FIN À LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES!
FIN À L’EXPLOITATION MINIÈRE À CHICOMUSELO!
FIN À L’INVASION dans la région des Chimalapas !
FIN AUX PROJETS D’INFRASTRUCTURE QUI AFFECTENT LES TERRITOIRES AUTOCHTONES!
RESPECT DE L’AUTONOMIE DE L’EJIDO DE TILA!
RESPECT DE L’AUTONOMIE DES CHIMALAPAS!
¡RESPETO A LA AUTONOMIA EJIDAL DE TILA!
¡RESPETO A LA AUTONOMÍA EN LOS CHIMALAPAS!
LA TERRE NE SE VEND PAS, LES FEMMES LA DÉFENDENT!

Mouvement en Défense de la Terre et du Territoire et pour la participation et la reconnaissance des femmes dans la prise de décision.