Communiqué de la Plateforme des Guatémaltèques exilé.e.s au Canada (Plataforma Guatemaltecas y Guatemaltecos exiliados en Canadá)
Les vies des mayas ont aussi de la valeur!
Depuis l’exil imposé par l’État contre-insurrectionnel dans les années 1980, et face à cette situation qui nous oblige à nous isoler, nous, les membres de la Plateforme des Guatémaltèques exilé.e.s au Canada (Plataforma Guatemaltecas y Guatemaltecos exiliados en Canadá) – composée de victimes du terrorisme d’État – souhaitons nous adresser aux peuples mayas et à la communauté internationale afin que nos voix soient entendues face à l’acte raciste inhumain et le meurtre terrible de l’Aj Ilonel et guide spirituel maya Q’eqchi’ Domingo Choc Che.
Nous sommes répugné.e.s et indigné.e.s par l’assassinat abjecte, raciste et lâche de Domingo Choc Che, qui a eu lieu à l’aube du samedi 6 juin. Il a été capturé et torturé pendant plusieurs heures par un groupe de personnes le diffamant et l’accusant d’être un « sorcier » et lui reprochant la mort d’un parent qui a eu lieu quelques jours auparavant. Ces actes mettent en évidence la persistance des pratiques anti-insurrectionnelles qui, par le biais des églises fondamentalistes, visent à criminaliser les coutumes ancestrales des peuples mayas.
Bien que l’apport des connaissances ancestrales des peuples mayas soit reconnu dans le monde entier, il existe encore des pratiques de discréditation et de criminalisation qui exacerbent les comportements racistes et discriminatoires. Ces pratiques se matérialisent par des actes de violence et d’intolérance, tels que ceux perpétrés le 6 juin dans le village de Chimay, San Luis, Petén.
Nous reconnaissons l’importance de personnes comme Domingo Choc Che dans la pratique de la médecine maya, où son rôle était de protéger la santé des personnes et des familles d’une communauté. La médecine maya est une pratique alternative qui repose sur la création d’un lien avec la terre et sur l’usage ancestral de celle-ci, un savoir qui a été préservé à travers plusieurs générations.
Par son assassinat indigne, c’est de plus tout son savoir ancestral sur les plantes, leurs traitements et leurs élaborations pour la guérison qui se perd. Il s’agit d’une perte irréparable, car par la mort de Domingo Choc Che s’est éteint la vie d’une personne qui a contribué à préserver les connaissances ancestrales, le bien-être physique, spirituel et mental de la communauté, à travers son travail.
En vertu de cela, nous exigeons :
- Que le ministère Public présente des accusations formelles – aux organes judiciaires correspondants – contre les personnes capturées le mardi 9 juin dans le village de Chimay, San Luis, Petén. De plus, nous demandons qu’il approfondisse leurs investigations quant aux causes ayant provoqué cette tragédie, lesquelles démontrent que le racisme structurel est toujours présent et persiste depuis l’époque du Conflit armé interne.
- Que le président Alejandro Giammattei revoit ses pratiques et repense le rôle qu’il entend donner aux chefs religieux interrogés pour leurs liens avec les membres des gouvernements précédents, qui furent accusés de corruption et de trafic de drogue.
Qu’il se souvienne que le Guatemala est un État “laïque” et qu’il garantisse la sécurité de la famille de Domingo Choc Che.
Nous exigeons également qu’il priorise la prise d’actions pour promouvoir le respect envers les guides spirituels, qu’il garantisse leur accès aux sites sacrés et qu’il protège la pratique de la médecine maya, comme ce fut établi dans les Accords de paix.
- Qu’en tant que population, nous revoyons nos pratiques et éradiquons nos comportements racistes, patriarcales et homophobes qui nous privent d’un monde inclusif pour toutes et tous.
Nous exprimons notre solidarité et nos sincères condoléances à la famille de l’Aj Ilonel et guide spirituel maya Q’eqchi’ Domingo Choc Che, en espérant qu’ils et elles maintiendront l’héritage de son savoir et la défense des connaissances ancestrales.
#JusticiaDomingoChoc
Photo : Prensa comunitaria.org
