Nouvelle publiée par TeleSur – DRL le 24 mars 2023
En Amérique centrale, le Salvador est le pays où la détérioration des ressources en eau est la plus importante : il possède la plus petite réserve d’eau douce et 90% de ses rivières sont polluées.
Dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau, des organisations salvadoriennes ont exigé cette semaine la libération des dirigeants de la communauté de Santa Marta et de l’association ADES, qu’elles considèrent comme des « défenseurs de l’eau » parce qu’ils s’opposent à l’exploitation des mines de métaux, qui constitue l’une des plus graves menaces pour les ressources en eau du pays d’Amérique centrale.
Les militants écologistes anti-mines ont été arrêtés le 11 janvier, accusés d’avoir commis un meurtre en 1989 pendant la guerre civile salvadorienne (1980-1992).
Cependant, les signes d’une éventuelle réactivation des projets miniers par le gouvernement de Nayib Bukele amènent les organisations à penser que les arrestations et la procédure judiciaire à leur encontre visent à affaiblir la résistance communautaire dans le département de Cabañas, épicentre de la ceinture minière qui traverse le nord de ce petit pays.
Les organisations salvadoriennes soutiennent que « Santa Marta et ADES ont joué un rôle important dans la lutte environnementale qui a abouti à l’approbation de la loi pour l’interdiction de l’exploitation minière métallique en mars 2017, et représentent actuellement un obstacle à l’intention du gouvernement de reprendre les projets d’extraction ». Ils affirment que c’est la raison de leur criminalisation et de leurs poursuites.
Parmi les personnes arrêtées figure Antonio Pacheco, l’un des militants sociaux salvadoriens les plus reconnus au niveau national et international. Lorsqu’il était directeur exécutif de l’ADES, des centaines de projets d’éducation, de santé, d’eau potable, d’agriculture durable, d’infrastructures de base, de microcrédits, d’ateliers professionnels et d’assainissement de l’environnement ont été mis en œuvre à Santa Marta et dans d’autres communautés rurales du Salvador.
Les proches des leaders communautaires ont également dénoncé cette semaine devant le bureau du médiateur des droits humains (PDDH) les conditions inhumaines de leur détention : ils sont isolés, ne peuvent pas voir leurs avocats et deux d’entre eux ont dû être transférés dans un centre de santé pénitentiaire en raison de la complication des maladies chroniques dont ils souffrent. Ils insistent donc sur la demande d’octroi de mesures alternatives à la détention préventive.
Crise de l’eau
En Amérique centrale, le Salvador est le pays où la détérioration des ressources en eau est la plus importante : il possède la plus petite réserve d’eau douce et – selon les données du ministère de l’environnement et des ressources naturelles (MARN) – 90% de ses rivières sont polluées, y compris la rivière Lempa, le principal affluent national.
La rivière Lempa fournit la moitié de l’eau potable de la région métropolitaine de San Salvador, la plus grande agglomération du pays. Ses centrales hydroélectriques couvrent 33% de la demande nationale en énergie ; son débit est d’une importance vitale pour l’agriculture, la pêche, le tourisme et d’autres activités économiques dans 162 municipalités.
Et cette situation pourrait s’aggraver si des projets miniers sont menés dans ses bassins hydrographiques, avertissent les organisations de défense de l’environnement.