Daniel Quintero, le maire de Medellín, et le président de la Colombie lui-même, Iván Duque, se sont chargés d’engager des entreprises qui établissent le profil et qui surveillent les personnes, les journalistes et les mouvements sociaux qui critiquent leur gouvernement sur les réseaux sociaux. Cela a été prouvé par une série de documents et de rapports qui ont été remis par Telemedellín à l’Observatoire du contrôle de la gestion publique.
Dans les rapports, des termes tels que « cyber-militants » ou « agresseurs » sont utilisés pour rejeter et stigmatiser tout type d’opposition.
Le Mouvement Rios Vivos Colombia, reconnu pour sa lutte en faveur de la défense des droits humains, environnementaux et culturels des communautés affectées par le méga-projet hydroélectrique Hidroituango, est mentionné dans plusieurs des documents rendus publics.
Des rapports montrent que le mouvement Rios Vivos a été qualifié “d’agresseur” en raison de ses dénonciations systématiques, ce qui le met encore plus en danger face aux groupes armés, tels que les paramilitaires. Ce schéma de profilage et de surveillance a le caractère d’une persécution politique des opposant.e.s à des régimes tels que celui d’Iván Duque, caractérisé par une violence généralisée contre les communautés.
Pour Isabel Zuleta, l’une des leaders du mouvement, la situation est très grave car elle génère un discours de haine contre Ríos Vivos.
Le maire Daniel Quintero préfère payer des entreprises spécialisées dans la surveillance des réseaux plutôt que d’écouter les communautés touchées par Hidroituango articulées dans le mouvement Rios Vivos. Dans cette surveillance des réseaux, non seulement l’information publique dont dispose le mouvement est mise en évidence, notamment sur nos plaintes, sur la situation que nous vivons sur le territoire de la construction d’Hidroituango, mais aussi dans les rapports de ces entreprises spécialisées, nous sommes montré.e.s du doigt comme des « agresseurs » et le travail de l’organisation et de la lutte que nous menons depuis plus de huit ans sont déformés. Nous sommes préoccupé.e.s par cette stigmatisation et cette accusation, car elle génère un discours de haine contre nous, elle génère la construction de cet autre négatif comme une étape préalable aux attaques, comme une étape préalable aux situations de violence que nous avons vécues sur le territoire.
Le régime de surveillance des personnes ou des groupes concerne celles et ceux qui sont engagé.e.s dans la défense des droits humains et des territoires. La violence en Colombie ne s’arrête pas, même pendant la période de la pandémie. Jusqu’au début du mois d’août de cette année, 349 dirigeant.e.s ont été passassiné.e.s en Colombie.
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Photo : Joaquin Sarmiento/AFP/getty