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Buenos Aires — Des organisations environnementales et des dirigeants politiques cherchent à obtenir de la Cour suprême argentine l’arrêt d’un gigantesque projet de mine d’or du groupe canadien Barrick Gold dans les Andes, près de glaciers, à 5000 mètres d’altitude.
Le géant minier vient d’enclencher le processus de construction du site de Pascua Lama, une des principales mines d’or pas encore développées au monde, qui exigera 3 milliards d’investissements pour 25 ans d’exploitation, après le feu vert donné en avril par les gouvernements argentin et chilien.
Le gisement, à cheval sur les régions de San Juan en Argentine (30 %) et d’Atacama au Chili (70 %), doit commencer à produire début 2013. Il détient des réserves d’environ 17,8 millions d’onces, selon Barrick.
Le veto opposé par la présidente argentine Cristina Kirchner à une loi de protection des glaciers, adoptée par le Congrès et limitant l’exploitation minière et pétrolière dans les zones protégées, a été crucial pour le lancement de ce méga-projet.
«Nous allons présenter un recours devant la Cour suprême pour obtenir l’arrêt des travaux de Pascua Lama, car ce projet menace de causer des dommages irréversibles aux glaciers de la Cordillère des Andes et de contaminer les ressources hydriques», a déclaré à l’AFP le député Miguel Bonasso, l’un des auteurs de la loi de protection des glaciers.
M. Bonasso, un ancien allié de Kirchner, accuse la présidente d’avoir opposé son veto «pour ne pas bloquer le projet de Barrick Gold, avec le prétexte de la défense de l’emploi».
La loi prévoyait de faire un inventaire des glaciers, qui représentent 75 % des réserves hydriques de l’Argentine. Barrick a assuré qu’il ne toucherait pas aux glaciers situés près de la zone exploitée et prendrait en charge un système de gestion d’eau afin d’empêcher tout problème pour les usagers en aval.
Le gouvernement a expliqué son veto en avançant que la loi pouvait porter atteinte à l’économie de la région.
Pour Fernando «Pino» Solanas, metteur en scène et candidat à un siège de député aux élections du 28 juin, le veto «s’explique par l’alliance politique entre Mme Kirchner et le gouverneur de San Juan, José Luis Gioja».
«Il s’agit d’un pillage sauvage des ressources non renouvelables qui aura pour seul résultat de tout polluer», assure M. Solanas.
Mme Kirchner ne fait que poursuivre, selon lui, la politique de l’ancien président néo-libéral Carlos Menem (au pouvoir entre 1989 et 1999), qui avait ouvert l’exploitation de ces ressources aux compagnies étrangères sans contrôles dignes de ce nom.
Barrick fait valoir que Pascua Lama va générer 5000 emplois pendant les travaux de construction, d’une durée de quatre ans, et 1600 emplois pendant les 25 ans d’activité de la mine.
Le Devoir: Édition du vendredi 29 mai 2009
AFP