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12 avril 2016
(Ottawa/Montréal) Aujourd’hui, une délégation Canada-Honduras pour la justice, la terre et la vie se rend à Tegucigalpa pour participer à la rencontre internationale des peuples « Berta Cáceres est vivante ». Des femmes leaders des Premières Nations, une avocate, une réalisatrice et des militant-e-s d’organisations de solidarité font partie de la délégation qui a été organisée suite au meurtre de Berta Cáceres le 3 mars dernier, suivi de près par l’assassinat de son collègue Nelson Garcia le 14 mars.
Berta Cáceres était une militante autochtone, féministe et écologiste. Elle a été récipiendaire du prix environnemental Goldman en 2015. Son assassinat a suscité dans le monde entier de fortes réactions sans précédent pour la justice au Honduras. Berta et l’organisation à laquelle elle appartenait, le Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH), ont lutté contre les puissants intérêts économiques et politiques pour empêcher le développement de barrages hydroélectrique et de concessions minières sur le territoire autochtone lenca.
« Dès le départ, il y a eu des irrégularités dans l’enquête sur l’assassinat de Berta et la tentative de meurtre du militant mexicain Gustavo Castro, qui était avec elle à ce moment. Jusqu’ici, la réponse du gouvernement canadien a été insuffisante, ne remettant pas en question ce processus. Nous documenterons ce que nous entendrons pour le rapporter à Ottawa la semaine prochaine », a affirmé Catherine Morris de Lawyers Rights Watch Canada.
La famille de Berta et le COPINH ont dénoncé les autorités honduriennes, comme étant incapables de mettre en place une enquête complète et impartiale, soulignant qu’une des autorités soit trop proche des intérêts de l’entreprise hydroélectrique contre laquelle s’opposait Berta et avait reçu précédemment des accusations légales sans fondement. Ils insistent pour que le gouvernement hondurien fasse un accord avec la Commission interaméricaine des droits humains afin d’impliquer un groupe d’experts internationaux indépendants dans l’enquête en cours.
« Nous savons que le meurtre de Berta n’est que la pointe du iceberg. Nous allons au Honduras pour entendre des témoignages de première source sur le contexte d’assassinats auquel font face les militant-e-s communautaires et sur la façon dont le gouvernement canadien et ses entreprises ont profité du contexte répressif pour faciliter des intérêts économiques. Cela doit changer », a affirmé Mary Hannaburg, directrice de la Nation Mohawk à Femmes autochtones du Québec.
Depuis le coup d’État militaire de 2009, des centaines de militants autochtones, des syndicalistes, des écologistes, des juges, des membres de l’opposition politique, des défenseur-e-s de droits humains, et plusieurs autres ont été tués avec impunité au Honduras. En dépit du climat de peur et de violence auquel font face plusieurs communautés paysannes, autochtones et Garífuna, le gouvernement canadien a mis en place un accord de libre-échange avec le Honduras et a offert une assistance technique pour la nouvelle loi minière qui offre peu de protection pour les personnes et l’environnement et favorise les compagnies.
Pendant leur visite, la délégation canadienne participera à des rencontres internationales et rencontrera des avocats, des militant-e-s et des communautés. La délégation sera de retour à Ottawa le 20 avril pour rencontrer des membres du parlement. Elle fera une conférence de presse le 21 avril à la colline parlementaire.
La délégation est appuyé par une vingtaine d’organisations et de réseaux au Canada et au Québec, incluant des syndicats, des organisations de droits humains, des groupes de recherche et de solidarité. Ces organisations, et bien d’autres, ont signé une déclaration adressée au gouvernement canadien concernant le meurtre de Berta en mars dernier.
Contacts :
- Délégation au Honduras: Grahame Russell, Rights Action, 011 (504) 9848-4633
- Coordination à Ottawa: Jen Moore, Coordonnatrice du programme Amérique latine, MiningWatch Canada, (613) 722-0412
- Coordination à Montréal: Marie Eve Marleau, Coordonnatrice, Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), (514) 358-2227
Délégation
Mary Jane Hannaburg est la directrice de la Nation Mohawk à Femmes autochtones du Québec (http://www.faq-qnw.org/), dont elle est membre depuis 1984. Elle vient de Kanesatake, Oka, Québec et elle est mère de six enfants et et grand-mère d’un enfant. Elle a étudié en sciences humaines à l’Université de Concordia et a suivi une formation en droits humains au collège John Abbot. Depuis 18 ans, elle travaille en santé mentale comme intervenante sociale en situation de crise. Elle vit et travaille dans sa communauté.
Bev Sellars est conseillère et ancienne présidente de la communauté Xat’sull (Soda Creek) des Premières Nations de Williams Lake, Colombie-Britannique. Sellars détient des études en histoire à l’University of Victoria et des études en droit à l’University of British Columbia, et a été experte dans la Commission sur le Traité de Colombie-Britannique. Elle est l’auteure de “They Called Me Number One”, un mémoire de trois générations de femmes de sa famille et de leurs expériences dans les pensionnaires religieux à Williams Lake, Colombie-Britannique. Elle est aussi directrice de First Nations Women Advocating for Responsible Mining (http://fnwarm.com/).
Catherine Morris est professeure adjointe à la Faculté de droit de l’University of Victoria et directrice de recherche pour Lawyers Rights Watch Canada (LWRC, http://www.lrwc.org/). LRWC est un comité d’avocats canadiens et autres qui promeut les droits humains et les normes du droit international, incluant des campagnes en faveur de défenseur.e.s des droits humains menacés à cause de leur engagement. LWRC a un statut consultatif particulier auprès du Conseil économique et social des Nations Unies. Catherine a contribué à des publications et des présentations sur la résolution de conflits, l’éducation légale, la religion et la paix, le processus de reconstruction de paix suite à des abus massifs de violations de droits humains. Elle est membre de l’association de droit de Colombie-Britannique et du barreau canadien.
Grahame Russell est un avocat canadien mais ne pratique pas, professeur adjoint de l’University of Northern British Colombia, auteur et militant. Depuis 1995, Grahame est le directeur de Rights Action (www.rightsaction.org) qui amasse des fonds pour les communautés aux prises avec des projets de développement, pour des projets environnementaux et de droits humains au Guatemala et au Honduras; et il réalise un travail d’éducation et d’activisme aux États-Unis et au Canada sur la façon dont nos gouvernements et les compagnies (et l’armée des États-Unis) contribuent souvent directement et bénéficient des violations des droits humains (en particulier la répression), des dommages environnementaux, de l’exploitation, de la corruption et de l’impunité dans ces pays.
Catherine Martin est membre de la Nation Millbrook à Truro, Nouvelle-Écosse et titulaire de la Chaire sur les études des femmes Rowell Jackman (Chaire Nancy) à Mount Saint Vincent University. Elle est cinéaste indépendante, directrice, écrivain, intervenante, consultante en communications, militante communautaire, professeure, drummeuse et la première femme Mi’kmaw cinéaste de la région Atlantique.
Maggie Padlewska est une vidéaste et réalisatrice de la série de vidéos en ligne, One Year One World (http://oneyearoneworld.com/), qui consiste en des reportages alternatifs de communautés à travers le monde. Elle est aussi pigiste productrice et journaliste indépendante, entre autres pour CTV et CBC.
Amelia Orellana est traductrice et responsable des actions urgentes au Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL, http://www.cdhal.org/). Le CDHAL est une organisation de solidarité basée à Montréal qui travaille à la défense et à la promotion des droits humains en réciprocité avec les mouvements sociaux et les communautés d’Amérique latine, dont les paysans, les travailleurs-euses, les peuples autochtones, les femmes et les défenseur-e-s des droits humains.