Aujourd’hui, six organisations étasuniennes et canadiennes de défense des droits humains et de l’environnement ont adressé une lettre à la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) pour soutenir une demande urgente de prolongation des mesures de précaution accordées aux militant.e.s qui s’opposent à la mine d’Escobal au Guatemala. Le site minier a fait l’objet d’une forte opposition locale depuis 2011. Cette opposition a fait l’objet d’une répression violente, de menaces et de campagnes de dénigrement de la part des secteurs favorables au projet d’extraction. Tahoe Resources a vendu la mine d’Escobal à Pan American Silver en 2019, depuis les risques pour les défenseur.euse.s persistent et augmentent.
La lettre soutient la pétition soumise par Robert F. Kennedy Human Rights et par le Bureau du médiateur des droits humains du Guatemala à la Commission interaméricaine des droits de l’homme sur la situation d’insécurité à laquelle sont confrontés les communautés et les militant.e.s s’opposant à la mine d’Escobal. Il est donc demandé à la CIDH, qui surveille la situation sécuritaire des communautés et des dirigeants Xinka qui participent au processus de consultation, de prolonger les mesures de précaution. La prolongation des mesures de précaution doit être étendue pour les dirigeants Julio David González Arango, Juan Eduardo Donis, Pablo Adolfo Valenzuela Lima, Edwin Alexander Reynoso Bran et Luis Fernando García Monroy. Il est aussi demandé à la Cour qu’elle sollicite au gouvernement guatémaltèque des informations sur les risques encourus par les défenseur.euse.s et les mesures prises pour les protéger.
Depuis 2011, les communautés Xinka et paysannes se sont organisées pour s’opposer pacifiquement à la mine dans le sud-est du Guatemala. Près de 100 personnes ont été inculpées au pénal pour leur rôle dans l’opposition, toutes étant finalement acquittées faute de preuves. Aujourd’hui, la mine est fermée, dans l’attente d’une consultation avec le peuple Xinka, comme l’a ordonné la plus haute juridiction du pays en septembre 2018.
Pendant deux ans, le peuple autochtone Xinka a été exclu de toute participation à la consultation. Ce même peuple a dénoncé les illégalités et les discriminations liées au processus. En octobre 2020, les Xinka ont conclu un accord avec le gouvernement sur la participation de leurs représentant.e.s élus et le début de la phase de pré-consultation. Depuis, la situation n’a cessé de se détériorer. En janvier, des hommes armés ont tiré et grièvement blessé le chef de la communauté Julio Gonzalez. L’avocat du Parlement Xinka et d’autres représentant.e.s Xinka impliqués dans le processus de consultation reçoivent régulièrement des menaces de mort. Les récentes protestations à travers le pays contre la corruption du gouvernement et contre la subornation des tribunaux soulignent le manque de protections institutionnelles pour les défenseur.euse.s des Xinka; ainsi que le manque de soutien indépendant contre les illégalités dans le processus de consultation (la lettre contient un résumé historique détaillé).
Bien que Pan American Silver soit une société minière plus grande et plus diversifiée que Tahoe Resources, la mine Escobal reste un actif important pour la société. Sur les quatorze projets miniers dont les réserves minérales sont établies, Escobal représente quarante pour cent des réserves d’argent de Pan American Silver, ce que la société décrit comme «un catalyseur» de croissance pour l’entreprise.
Pan American Silver a exprimé son intention de rouvrir la mine à l’issue du processus de consultation: un manque de respect pour l’autodétermination du peuple Xinka et son droit au consentement libre, préalable et éclairé, consacré par le droit international.
La lettre peut être consultée ici.
Source : https://miningwatch.ca/
Photo source : https://www.fueraminaescobal.com/