PROTECTION ET JUSTICE POUR LES PROCUREUR.E.S, LES PLAIGNANT.E.S ET LES PROCHES DU « Diario Militar »
Après des décennies de recherche par les proches des personnes disparues et assassinées au Guatemala, une lumière s’est faite avec la capture de 11 anciens membres de l’armée, dont des officiers et des spécialistes qui ont participé à des disparitions forcées, des actes de torture, des viols et des crimes contre l’humanité, qui ont été documentés dans le « Diario Militar » (DM) ou Dossier de la mort. Ce document se compose de six sections : les cinq premières contiennent des informations sur l’organisation des dossiers de renseignement, avec des listes de perquisitions effectuées dans différentes maisons et organisations de défense des droits de l’homme ; la sixième est un registre détaillé de 183 personnes soumises à divers actes de torture, à des traitements cruels, inhumains et dégradants, et dans certains cas à des exécutions extrajudiciaires.
Depuis la condamnation de l’État guatémaltèque par la Cour interaméricaine des droits de l’homme en 2012 pour les crimes de disparition forcée, d’exécution extrajudiciaire et de torture d’une mineure, nous avons aujourd’hui le plaisir d’apprendre la capture de plusieurs personnes impliquées dans l’enlèvement et la disparition forcée de 183 personnes entre septembre 1983 et mars 1985 par les forces de l’État.
Compte tenu des avancées importantes réalisées au Guatemala depuis 2010 en termes de formation professionnelle des procureur.e.s et des assistant.e.s, des initiatives pour le bien-être des travailleurs.euses du Ministère public (MP), nous manifestons notre inquiétude envers toutes les tentatives visant à annuler les progrès vers la justice transitionnelle que le système de justice connaît actuellement. Ces tentatives impliquent la dissolution des institutions pour la paix, les initiatives visant à légaliser l’amnistie pour les crimes contre l’humanité et les récentes attaques contre les procureur.e.s, les assistant.e.s et les défenseur.e.s des droits humains. Nous restons convaincu.e.s que l’impunité au Guatemala ne peut que conduire à une plus grande impunité.
Nous, les organisations de solidarité avec le Guatemala au Canada, faisons connaître à la communauté nationale et internationale :
Que nous soutenons le travail réalisé par la procureure Hilda Pineda et le procureur Erick de Leon et leurs équipes de travail dans l’Unité des Cas Spéciaux du Conflit Armé Interne du MP, les membres de la famille qui sont des plaignant.e.s dans le processus et que leur intégrité physique soit garantie.
Nous demandons que toutes les mesures soient prises pour protéger la vie et le travail des procureur.e.s susmentionné.e.s et de leurs équipes, des autres procureur.e.s et assistant.e.s travaillant dans les unités chargées des affaires à fort impact au Guatemala, ainsi que des familles des victimes qui demandent justice.
Nous condamnons tout type d’intimidation et les menaces qui ont été proférées après les arrestations, ainsi que l’utilisation de véhicules officiels sans plaques d’immatriculation comme nouvel instrument des arrestations illégales, et l’application de campagnes médiatiques contre les personnes qui luttent pour la paix et la justice au Guatemala.
Exerçant notre droit à la vérité, nous continuons à vouloir savoir où se trouvent les disparu.e.s du Diario Militar et les personnes responsables, ainsi que l’application de la justice.
En même temps, nous exprimons notre solidarité avec les grands-mères et les grands-pères qui sont parti.e.s avant leur heure et qui sont morts avec l’angoisse de ne jamais savoir où se trouvaient leurs fils et leurs filles, sans avoir la possibilité de regarder les responsables dans les yeux et leur demander : « Où sont les disparus ? »
#HastaEncontrarles #DiarioMilitar
Canada, le 28 mai 2021
Photo : Plataforma Canadá de Guatemaltecxs Exiliadxs por el Terrorismo de Estado