Au courant de ce mois de juin, trois défenseurs du territoire et de l’environnement ont été brutalement assassinés dans les départements de Petén, Alta Verapaz et Chiquimula au Guatemala.
Dans le contexte actuel marqué par la pandémie de COVID-19, le Guatemala est touché par une vague de violence envers ceux et celles qui défendent l’environnement, leurs territoires et leurs modes de vie ancestraux face aux menaces de l’extractivisme.
Le 6 juin à San Luis, Petén, le chef spirituel maya Q’eqchi Domingo Choc Che a été torturé et brûlé vif. Il a été victime de racisme et de stigmatisation de la médecine traditionnelle maya, considérée par certains comme étant de la sorcellerie.
Deux jours plus tard, ce fut au tour d’Alberto Cucul Cho, un défenseur du territoire d’Alta Verapaz. Il a été assassiné alors qu’il se rendait au parc national de Laguna Lachuá où il travaillait comme garde forestier.
Et, plus récemment, le 15 juin, a été retrouvé le corps du leader indigène maya Ch’orti’ Medardo Alonzo, de la communauté de La Cumbre, municipalité d’Olopa, Chiquimula. Son meurtre semble être lié à la résistance de la communauté contre la compagnie minière Cantera Los Manantiales, alors que cette dernière c’est installée sur le territoire malgré le refus explicite du projet de mine par la communauté. En novembre 2019, la Cour suprême de justice guatémaltèque avait décidé de suspendre temporairement les activités de l’entreprise, ce qui avait déclenché un processus de criminalisation de la résistance autochtone.
La communauté craint aujourd’hui que la prochaine victime soit le frère de Medardo, Ovidio Alonzo. Il nous a partagé que, même dans le contexte actuel de la pandémie, les défenseur.e.s de la Terre Mère continuent à recevoir des menaces.
« Pendant les deux premiers jours qui ont suivi le début de cette pandémie, j’avais déjà reçu des menaces, dirigeaient à l’ensemble de notre réseau de résistance. Ils ont commencé à me poser des questions sur le montant que nous recevons pour mener nos actions, sur notre organisation, sur les conseils et les communautés qui nous soutiennent.“
« Pendant les deux premiers jours qui ont suivi le début de cette pandémie, je recevais déjà des menaces. Elles étaient dirigées à l’ensemble de notre réseau de résistance. Ils commençaient à me poser des questions sur le montant que l’on perçoit pour mener nos actions, sur notre organisation, sur les conseillers et les communautés qui nous soutiennent.“
Francisco Rodríguez Zacarías, autre autorité du Conseil indigène du peuple maya Ch’orti, nous a, pour sa part, parlé de l’inaction des autorités – principalement du ministère Publique – pour protéger les communautés contre ceux qui menacent constamment leurs territoires.
« C’est scandaleux, n’est-ce pas ? Que les autorités ne soient même pas capables de se rendre compte de ce que nous endurons. Nous allons aller voir le Ministère Publique pour qu’il se charge de mener toutes les enquêtes nécessaires pour éclairer ce crime ”
Merci à Norma Sancir, leader autochtone et communicatrice communautaire Maya Ch’orti’, d’avoir facilité les entretiens.
Écoutez la version audio de cette nouvelle.
Photo : @festivalesgt/Twitter (Cérémonie d’hommage à Domingo Choc Che sur la place centrale de la ville de Guatemala)