Publié par Red TDT, le 30 octobre 2023
- Le passage de l’ouragan Otis a aggravé les conditions de marginalisation et de pauvreté auxquelles la population du Guerrero est historiquement confrontée.
- L’aide humanitaire et la solidarité avec les communautés affectées dans les zones urbaines et rurales sont nécessaires de toute urgence, le gouvernement fédéral doit garantir le libre transit et l’accès aux droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux (DESCA).
Déclaration
Le 25 octobre, l’ouragan Otis a frappé la côte de Guerrero. Le nombre de victimes est croissant et incertain. Au 29 octobre, on dénombrait au moins 43 morts. La population reste sans électricité, sans accès à l’eau potable, avec peu ou pas de moyens de communication. Des personnes sont portées disparues et d’autres risquent de perdre leur maison. Nous soulignons la négligence dans l’application des protocoles de prévention dans le cadre du Système Intégral de Protection Civile face aux phénomènes naturels, ce qui démontre l’incapacité du gouvernement de l’état de Guerrero et du gouvernement fédéral à fournir un avertissement adéquat.
Les habitants des communautés et des quartiers des municipalités de Coyuca de Benítez, Acapulco et des localités proches de la zone touristique hôtelière ont dénoncé l’absence des autorités dans les zones rurales dévastées.
Plan de soutien à la reconstruction centré sur les personnes et les habitants:
Pour répondre à l’urgence de manière globale, les autorités doivent mettre en œuvre un processus de reconstruction qui comporte au moins trois étapes : à court terme, garantir la sécurité de toutes les victimes et la fourniture de biens ménagers; à moyen terme, mettre en œuvre un plan d’action visant à reconstruire les habitations; et à long terme, un plan d’investissement visant à réactiver l’économie locale.
Acapulco est un port où convergent des réalités contradictoires, entre le tourisme qui représente un revenu économique important pour la région, mais plus encore, entre les familles, les ejidatari@s, les comuner@s et les gens ordinaires dont il faut s’occuper en priorité, car leur réalité se déroule parallèlement au flux de touristes qui visitent le port pendant les périodes de vacances. Les réalités racialisées, précaires et périphériques contrastent avec le discours officiel de promotion du port en tant que point de vente touristique.
Le plan de redressement doit être complet et ne pas se concentrer uniquement sur le soutien aux groupes d’entreprises, mais aussi sur la réparation du tissu social qui a été gravement touché par ce phénomène. En ce sens, nous demandons également que la tragédie ne soit pas politisée, en particulier que les candidats ne profitent pas de la douleur et du besoin à des fins personnelles au cours de ce processus politico-électoral, car ces pratiques exacerbent la détérioration visible et augmentent les niveaux de conflit et de désinformation.
Guerrero est le deuxième État le plus pauvre du pays, avec un taux de pauvreté de 60,4 %, selon les chiffres du Conseil national d’évaluation de la politique de développement social (CONEVAL). Il abrite un grand nombre de municipalités présentant un degré élevé de marginalisation et de pauvreté, comme Cochoapa el Grande, qui est classée deuxième municipalité la plus pauvre du pays. C’est pourquoi nous insistons sur l’importance de rechercher et de privilégier une attention sensible à la vie et aux besoins des personnes.
Ce phénomène naturel est la conséquence d’un modèle économique vorace au Mexique et dans le monde, qui détruit la nature et nous maintient dans un contexte d’urgence climatique et environnementale.
La Red TDT demande instamment à l’État mexicain d’intégrer dans ses mesures immédiates les éléments suivants:
- Il est essentiel de donner la priorité au rétablissement des services de base: communication, mobilité, accès à la santé, à la nourriture et à l’eau; il s’agit là de domaines prioritaires pour reprendre le contrôle et l’autonomie de la vie quotidienne le plus rapidement possible.
- Sauvetage des corps et recherche des personnes disparues suite au passage de l’ouragan Otis.
- Garantir le droit à la santé: les hôpitaux doivent disposer de toutes les infrastructures, de tous les équipements et de toutes les ressources en personnel, et être accessibles gratuitement à la population.
- Accélérer le processus de nettoyage des rues et des routes rurales afin d’éviter les épidémies ou les foyers de maladies endémiques (Dengue, Zika, Chikungunya) et renforcer les programmes de vaccination pour les secteurs les plus vulnérables de la population (personnes âgées, femmes enceintes et allaitantes, enfants).
- Une approche transversale et globale qui accorde une attention immédiate aux groupes les plus vulnérables (précaires, racisés, divers, femmes, enfants, personnes handicapées, populations autochtones).
- Des informations claires et précises sur la coordination des tâches assignées aux forces armées et des ressources publiques qui leur sont allouées.
- Garantir la libre circulation de la société civile, des secteurs mobilisés, des défenseurs et des journalistes en solidarité avec les populations affectées.
En ce qui concerne le droit à l’information, à la transparence et à la responsabilité, nous exigeons que les différents niveaux de gouvernement publient le plus rapidement possible les informations sur les victimes et les progrès dans le rétablissement des services, qu’ils rendent compte de leurs actions avant, pendant et après l’impact de l’ouragan Otis sur la côte de Guerrero et qu’ils utilisent les ressources publiques de manière responsable, avec une véritable gestion publique, en expliquant pleinement les moyens mis en œuvre: humains, économiques et matériels.
Le gouvernement fédéral doit respecter le droit de la société civile à s’organiser en solidarité avec la population touchée, ce qui renforce le tissu social. Face à l’ampleur démesurée de la tragédie, la solidarité cherche à générer des voies et des canaux de soutien. Il est important d’établir des points de contact et de collaboration pour éviter l’effondrement des services publics et permettre à ce soutien d’être canalisé correctement, en remplissant l’objectif pour lequel il a été créé: soutenir la population face à l’urgence humanitaire.
Nous appelons la société civile à s’organiser pour aider nos sœurs et frères du sud du pays. Face à l’indifférence du gouvernement, il est vital de marcher en tant que population organisée.
Réseau national des organisations civiles de défense des droits humains
« Tous les droits pour tous, tous et toutes » (Red TDT)
(composé de 87 organisations dans 23 États de la République mexicaine).