24 mars 2021
Au Honduras, l’offensive contre celles et ceux qui défendent la terre et les biens communs se poursuit sans relâche. La dernière victime en date est Juan Carlos Cerros Escalante, leader autochtone Lenca et défenseur de l’environnement.
M. Cerros a été abattu de plusieurs balles par des inconnus dimanche soir dernier dans la localité de Nueva Granada, située entre les municipalités de Chinda (Santa Barbara) et de San Antonio (Cortés), alors qu’il rentrait chez lui avec ses enfants.
Selon la Coalition nationale des réseaux et organisations environnementaux du Honduras (CONROA), au moment de son assassinat, Juan Carlos Cerros était le coordinateur de l’organisation Comunidades Unidas.
Avec d’autres groupes, il luttait contre l’installation du projet hydroélectrique « El Tornillito » sur le fleuve Ulua, un projet qui menace de faire disparaître une grande partie du territoire municipal de Chinda et de déplacer un grand nombre de familles.
La société hondurienne Hidroeléctrica El Volcán S.A. de C.V. (Hidrovolcán) est responsable de la construction de « El Tornillito » (Hidrovolcán), qui fait partie du groupe Inversiones y Representaciones Electromecánicas S.A. de C.V. (Iresa).
« Évoquer Juan Carlos, c’est parler d’une personne qui s’est toujours engagée envers sa communauté, qui est impliquée dans la question de la défense de l’environnement en raison de l’octroi de la concession du projet hydroélectrique« , a déclaré à La Rel Betty Vásquez, coordinatrice du Mouvement environnemental de Santabarbarense (MAS).
Pour Vasquez, le modèle extractif de dépossession et de déplacement forcé mis en œuvre au Honduras après le coup d’État de 2009 représente une menace très forte pour les territoires, en particulier pour la partie occidentale du pays et le peuple Lenca.
La criminalisation, la persécution, les conflits et la division des communautés ne sont que quelques-uns des effets néfastes générés par ces entreprises.
Juan Carlos Cerros a bénéficié de mesures de protection, après avoir subi une attaque en 2019 qui l’a obligé à quitter temporairement la communauté.
« Il était menacé par ce système d’exploitation et sa vie était en danger. Nous condamnons et dénonçons qu’il s’agit d’un assassinat politique, perpétré pour semer la peur et abaisser la résistance authentique et légitime de la population de Chinda.
Nous continuerons à lutter pour défendre notre territoire, nos rivières, notre eau, parce qu’ils nous appartiennent, parce qu’ils sont une partie inséparable de notre culture et de notre conception autochtone », a déclaré la coordinatrice du MAS.
A ce jour, une personne a été arrêtée.
« Nous demandons que les faits soient clarifiés, qu’il y ait une procédure régulière et une justice rapide. La persécution et la répression à l’encontre des défenseur.e.s doivent cesser. L’impunité doit cesser. »
Les chiffres de la honte
Selon le dernier rapport de Global Witness « Défendre demain », le Honduras s’est classé en 2019 au cinquième rang des pays les plus meurtriers au monde pour celles et ceux qui défendent la terre et les biens communs.
Au total, 26 défenseur.e.s ont été tué.e.s au cours des deux dernières années. On compte au moins 39 personnes qui ont perdu la vie de manière violente après le meurtre de la leader indigène et militante sociale Berta Cáceres (2016), et plus de 150 au cours de la dernière décennie.
L’impunité est presque absolue.
Source: Rel UITA